L'interprétation de Schubert

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Claudia
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Re: L'interprétation de Schubert

Message par Claudia »

(Tiens, pourquoi ce fil est-il dans Divers et pas dans Piano? Est-ce ton choix, Marie-France?)

En écoutant un peu de Schubert depuis l'autre jour et en réfléchissant à la question de Marie-France, j'ai réalisé que Schubert est le seul à me procurer une émotion musicale assez particulière, celle de "encore, encore, encore", une sorte de chose qui s'approfondit sans se resserrer ni prendre de la puissance (comme chez Beethoven). Ça dure, ça s'approfondit, certes, mais comment exactement? Que faut-il arriver à rendre pour donner cette sensation de quelque chose de plus en plus sensible (et souvent douloureux) et qui ne s'exprime ni par le resserrement ni par la puissance?
C'est une émotion proche des larmes, mais ce n'est pas de la suffocation car il y a toujours l'amplitude intacte, il n'y a pas de perte, c'est toujours très assertif.
En tout cas, quelle beauté!

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coignet
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Re: L'interprétation de Schubert

Message par coignet »

Claudia a écrit : mercredi 7 août 2019 16:13 Tiens, pourquoi ce fil est-il dans Divers et pas dans Piano ?
En effet, je le déplace !

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Marie-France
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Re: L'interprétation de Schubert

Message par Marie-France »

@ Catherine. Pour être plus claire mes difficultés se jouent sur des détails.
En voici un exemple :
Perahia: mg, basses détachées (tel que c'est écrit sur ma partition) :

Zimerman: mg, basses dans la pédale :


Autre pièce avec accords répétés à gauche :
Version Neikrug :

Ce que j'avais tendance à faire.
Mais...
Version Radu Lupu :

Donc voilà. Interrogation :?:

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Marie-France
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Re: L'interprétation de Schubert

Message par Marie-France »

Claudia a écrit : mercredi 7 août 2019 16:13 (Tiens, pourquoi ce fil est-il dans Divers et pas dans Piano? Est-ce ton choix, Marie-France?)

En écoutant un peu de Schubert depuis l'autre jour et en réfléchissant à la question de Marie-France, j'ai réalisé que Schubert est le seul à me procurer une émotion musicale assez particulière, celle de "encore, encore, encore", une sorte de chose qui s'approfondit sans se resserrer ni prendre de la puissance (comme chez Beethoven). Ça dure, ça s'approfondit, certes, mais comment exactement? Que faut-il arriver à rendre pour donner cette sensation de quelque chose de plus en plus sensible (et souvent douloureux) et qui ne s'exprime ni par le resserrement ni par la puissance?
C'est une émotion proche des larmes, mais ce n'est pas de la suffocation car il y a toujours l'amplitude intacte, il n'y a pas de perte, c'est toujours très assertif.
En tout cas, quelle beauté!
J'aime beaucoup ce que tu écris-là. Schubert module sans cesse et a du mal à finir... un état d'âme, une idée. Je suis d'accord bien sûr.
@ Mylène j'attends ton retour de ton merveilleux stage et tu me donneras les références de ces livres.
@JPS Cet impromptu est effectivement étrange, avec une partie très dansante et puis ces gammes qu'il faut faire vivre...; il module, il s'énerve???
Je crois que ces passages très "scolaires" me déplairaient à travailler. :???: :???:
Merci d'expliquer comment tu travailles. Je m'y prends à peu près de la même façon. J'ai tout de même assez rapidement besoin de me faire une idée de l’œuvre en écoutant diverses versions (puis plus du tout), pour ajuster le geste technique nécessaire à ce que je veux obtenir.

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Mylène
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Re: L'interprétation de Schubert

Message par Mylène »

Les références de ces deux incontournables de Xavier Hascher:
Le style instrumental de Schubert, sources, analyse, évolution. (Publications de la Sorbonne).
Schubert, la forme sonate et son évolution. (Ed. Peter Lang, Publications universitaires Européennes).
Si tu ne les trouves pas et que tu veux les lire, je te les enverrai.

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Marie-France
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Re: L'interprétation de Schubert

Message par Marie-France »

Merci beaucoup Mylène pour ces références.
J'ai trouvé le premier sur le net. Cela me suffira pour l'instant.
On m'a parlé aujourd'hui de Schubert par Brigitte Massin (Editions Fayard), tu connais?

josiane
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Re: L'interprétation de Schubert

Message par josiane »

Je crois que ce bouquin est resté longtemps une référence.
L’enregistrement de perahia pour l’impromptu est magnifique merci Marie-france de m’avoir permis de le réécouter des 2 versions que tu proposes c’est celle que je préfère et de loin! Ça m’a donné envie de le retravailler.

JPS1827
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Re: L'interprétation de Schubert

Message par JPS1827 »

Ben moi je préfère plutôt Zimerman que je trouve plus naturel. Je trouve que ces basses détachées de Perahia finissent par donner un côté un peu "guindé".

Il me semble que ces détails d'interprétation ne doivent pas occuper trop de place dans l'idée qu'on se fait de ce genre d'œuvre. Je pense, Marie-France, que ton premier souci est d'en avoir une vision métaphorique personnelle : est-ce que ce thème de l'impromptu varié t'évoque une personne se promenant dans un paysage enchanteur avec un bouquet de fleurs à la main (ce que m'évoque Zimerman) , ou bien une invitation à la méditation et au voyage intérieur (plus proche de Perahia), ou autre chose, et puis de travailler pour obtenir ce rendu imaginaire et pour favoriser ce type d'association chez ceux qui t'écoutent.

Nous avons tous tendance à travailler ce genre de morceau ou nous demandant "est-ce bien cela qu'il faut faire", mais je crois que c'est une erreur, que je fais fréquemment. Tu as toutes les capacités musicales, et bien plus encore, pour t'exprimer. C'est un peu ce que je voulais dire plus haut : on cherche, ça ne va pas très vite, on modifie de petites choses au hasard des "rencontres musicales" que l'on fait avec le texte (on s'aperçoit sans cesse de petites choses auxquelles on n'avait pas prêté suffisamment attention), et puis tout d'un coup on sent que ce qu'on joue s'accorde avec ce qu'on est face à l'œuvre. Je trouve qu'à ce moment-là le plus difficile est de conserver ce moment et de pouvoir le répéter en restant soi-même, sans se caricaturer.

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Claudia
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Re: L'interprétation de Schubert

Message par Claudia »

JPS1827 a écrit : lundi 12 août 2019 10:22 et puis tout d'un coup on sent que ce qu'on joue s'accorde avec ce qu'on est face à l'œuvre. Je trouve qu'à ce moment-là le plus difficile est de conserver ce moment et de pouvoir le répéter en restant soi-même, sans se caricaturer.
ah oui, très juste! comment faire d'ailleurs? Laisser reposer le morceau, le jouer moins souvent? (c'est ce que je fais avec mon morceau de Haydn en ce moment, mais je me fais violence parce que j'aurais envie de le rejouer tous les jours, mais je m'aperçois que je fais un peu le singe pour retrouver les émotions du mois de juillet!)

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Marie-France
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Re: L'interprétation de Schubert

Message par Marie-France »

josiane a écrit : dimanche 11 août 2019 21:55 Je crois que ce bouquin est resté longtemps une référence.
L’enregistrement de perahia pour l’impromptu est magnifique merci Marie-france de m’avoir permis de le réécouter des 2 versions que tu proposes c’est celle que je préfère et de loin! Ça m’a donné envie de le retravailler.
Super! :D: Très bonne idée!
Par contre je préfère moi aussi Zimerman.
Ce que tu dis Jean-Pierre me soulage. Car j'aime m'exprimer dans Schubert, mais je me demande toujours si je joue bien du Schubert ou si c'est du moi. Certaines personnes me disent que c'est très bien, d'autres que ce n'est pas tout à fait comme ça qu'ils entendent. J'en perds mon latin d'autant plus que je manque d'éléments pour étayer ma façon de jouer si ce n'est qu'elle est fidèle à ce que j'entends en moi-même (enfin quand j'y parviens). Mais ce que tu dis est clair et je te remercie.
JPS1827 a écrit : lundi 12 août 2019 10:22

... on cherche, ça ne va pas très vite, on modifie de petites choses au hasard des "rencontres musicales" que l'on fait avec le texte (on s'aperçoit sans cesse de petites choses auxquelles on n'avait pas prêté suffisamment attention), et puis tout d'un coup on sent que ce qu'on joue s'accorde avec ce qu'on est face à l'œuvre. Je trouve qu'à ce moment-là le plus difficile est de conserver ce moment et de pouvoir le répéter en restant soi-même, sans se caricaturer.
Oui, c'est tout à fait ça pour moi aussi.
Je me suis toujours demandé comment faisaient les professionnels pour jouer cent fois la même pièce en concert, de façon très rapprochée souvent, avec la même "perfection" et sans se vider de leur âme.
Et pour répondre à Claudia, je ne sais pas s'il y a une solution. Ou tu joues la même pièce jusqu'à satiété, voire jusqu'au ras le bol, ou tu maitrises tes ardeurs, et tu la retrouves à chaque fois avec plaisir...

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