JPS1827 a écrit : ↑mardi 31 août 2021 09:30
Parallèlement, entre 10 ans et 45 ans j'ai trouvé Mozart d'une mièvrerie insupportable, je n'accédais pas du tout au sublime que contient son œuvre. J'ai rejoint le grand public en allant voir Amadeus (ça paraît bête, non ?), film qui ne m'a pas intéressé en dehors de la bande son dont j'ai trouvé qu'elle avait vraiment été composée pour montrer que cette musique était géniale, et je suis tombé dedans, j'ai réécouté beaucoup de Mozart de façon très systématique entre 2005 et 2010 (la parution du coffret Brilliant Classic a bien aidé) en trouvant cette musique de plus en plus passionnante.
C'est très intéressant ton expérience avec Mozart JPS... là, c'est au delà même d'être indifférent ou un peu hermétique, Mozart te donnait carrément des boutons... passer d'un sentiment de "mièvrerie insupportable" à celui d'une "musique géniale" et "passionnante", c'est quand même pas rien....
JPS1827 a écrit : ↑mardi 31 août 2021 09:30
se laisser cueillir de temps en temps sans forcément s'y attendre.
Oui c'est tout à fait ça. On peut progressivement s'ouvrir à une musique qu'on ne comprenait pas ou qui même nous repoussait, au fil du temps, à force de l'écouter. Mais ce que je trouve le plus beau, c'est ce que tu décris là. Quand ça nous "cueille" comme tu dis joliment, quand tout à coup quelque chose nous attrape, par surprise.
(tu vois Lee, peut être qu'un jour tu voueras une dévotion sans borne à Bach, tu l'écouteras du soir au matin, cueillie un beau jour de printemps, ou une sombre soirée d'hiver, par les Variations Goldberg !
)
Laure a écrit : ↑mardi 31 août 2021 19:44
Je crois que ma première épiphanie musicale, c'est Mozart justement. "Petite musique de nuit" qui était joué en ouverture d'un conte sur un disque que je mettais sur mon "mange-disque" ; j'en pleurais des "larmes esthétiques" mais on me disait que Mozart était
mièvre... bref
Trop mignon... comme quoi l'émotion suscitée par la musique peut naître très tôt... j'aimais aussi beaucoup cette "Petite musique de nuit" quand j'étais petite, sans même connaître le nom de Mozart....
Laure a écrit : ↑mardi 31 août 2021 19:44
(j'aurais tellement à dire sur la littérature parce que c'est la même chose)...
Alors oui, tout à fait, j'en ai fait souvent l'expérience, même si ça ne touche pas les mêmes "canaux" pour moi que la musique, mais être tout à coup profondément touchée par des mots, une l'écriture, le rythme de phrases qui me laissaient jusque là parfaitement froide, ça m'est arrivé à plusieurs reprises. Je pense par exemple à M. Duras, qui m'ennuyait profondément. Et puis un jour, la révélation en lisant Lol V. Stein. J'ai à partir de là dévoré l'oeuvre de M. Duras. D'un coup, j'avais accès à quelque chose qui m'avait toujours été fermé.
Laure a écrit : ↑mardi 31 août 2021 19:44
Une chose toute bête que je me disais en lisant ton fil, Mona, c'est qu'un répertoire ne s'offre finalement définitivement à nous (enfin, quand je dis "définitivement", c'est avec toutes les réserves attendues, n'est-ce pas
) que quand on le joue. J'ai maintes fois fait l'expérience de me dire :
1/ Avant de travailler : "Bah ça j'aime pas" (parfois c'est même sur une partie de morceau ou sur une ligne que je ne comprends pas à l'écoute)
2/ Après travail : "Si en fait c'est super joli bien écrit tout ça" (désolée, je n'ai pas les outils pour le formuler mieux !)
Oui, je pense aussi que jouer une pièce permet de l'entendre tout à fait autrement.
Ca m'est cependant arrivé parfois de ressentir l'inverse. Adorer un morceau, et me sentir très déçue en le jouant, car je ne parvenais pas à retrouver l'émotion que je ressentais à l'écoute. Je ne sais pas à quoi c'est lié, peut-être que mon niveau ne permettait tout simplement pas de le jouer correctement. Il y a aussi ce que j'évoquais dans un autre fil, de certains morceaux que j'aime écouter mais où je ne ressens pas de plaisir digital à le jouer, j'ai du mal à décrire la chose, mais "physiquement", pour ma main, il y a quelque chose qui ne passe pas. Le côté "sensuel" au clavier est très important pour moi, et avec certains morceaux cette sensation n'est pas là, pour une raison que j'ignore.