Excusez-moi, je n'étais pas disponible ce week-end et j'ai perdu le fil du fil!
Merci pour vos réflexions qui font avancer les miennes.
catherine a écrit : ↑samedi 14 janv. 2023 12:18
Je me sens plutôt proche de ce qu'écrit Jean-Pierre, des images parfois, pas toujours, parfois pas du tout , elles peuvent m'aider si elles viennent spontanément ou bien si elles correspondent à une indication voulue par le compositeur (la compositrice), elles se superposent à d'autres, elles ne viennent pas toujours au même moment, en revanche il va y avoir quand même des impressions qui accompagnent les émotions mêmes floues.
Idem pour moi. Il y a tout de même des images qui s'installent parfois aux mêmes endroits, qu'il y ait un titre ou non. Parce qu'elles conviennent bien à un passage par exemple, mais aussi parce qu'elles sont reliées à des lieux, à des réflexions entendues, à des sensations éprouvées. Ces images ressurgissent, parfois violemment, et peuvent perturber le jeu. Mais dans ces cas, l'image n'est plus propre aux propos de la musique. Elle devient extérieure.
jean-séb a écrit : ↑vendredi 13 janv. 2023 16:48
Cela fait penser aux Préludes de Debussy :
Oui tout à fait. Il est clair que Debussy souhaitait laisser une certaine liberté d'interprétation de ses Préludes tout en évoquant son propre imaginaire.
Et s'il est difficile de s'émanciper du titre, l'image n'est pas figée car c'est une image sans image comme le dit si bien Catherine:
catherine a écrit : ↑samedi 14 janv. 2023 12:18
Je trouve intéressant de proposer des images pour faire connaitre une oeuvre à des gens habitués ou peu habitués (enfants ou adultes) à condition que ces images restent ouvertes. Je pense à Jean Cras et à ses Paysages (je viens de tomber dans le Paysage Champêtre qui est un vrai bonheur...on y entend des danses bretonnes, et j'y vois des clochers, des chênes et des costumes qui ne sont absolument pas mentionnés...).
Paysage Maritime: en soi le titre ouvre déjà des univers, mais pourquoi pas suggérer au public que dans ce paysage il peut y avoir des vagues, des gouffres, des profondeurs, des friselis d'écume, une grande immensité d'eau ... ce qui me gênerait c'est qu'on dise: là c'est une vague, là c'est un gouffre, là il faut entendre les oiseaux de mer ..... Mais c'est comme un accompagnement en hypnose: enrichir un peu l'image du titre avec d'autres images proposées et librement choisies ou triées par celui à qui on les propose, permet à l'auditeur (et à l'interprète) de trouver d'autres perceptions, d'autres univers, qu'un titre seul ne suffit pas toujours à provoquer (en formation ou en situation réelle en hypnose, c'est bien parfois un mot précis qui va résonner alors que le thème plus général même proposé par le patient ne suffit pas toujours, car reste trop abstrait, et non vécu, et il aurait été dommage que ce mot ne soit pas proposé.
Mon idée de départ était plutôt dans le sens où une personne (un cinéaste en l’occurrence) fige par l'image une œuvre musicale. L'image n'est plus imaginaire.
Au cinéma, il y a un phénomène d'identification aux personnages, à l'histoire, que l'on s'approprie en la superposant à notre expérience de vie. C'est là que l'image/musique prend son sens et peut nous marquer puis nous guider ou nous obséder quand on la joue.
Mais c'est vrai aussi (et heureusement) qu'elle peut finir par se dissoudre.
Claudia a écrit : ↑samedi 14 janv. 2023 13:03
J'ai lu ce matin dans
La musique éveille le temps, de Daniel Barenboim, que ""l'oreille prend forme dans le fœtus d'une femme enceinte au 45e jour de la grossesse, ce qui lui donne une avance de sept mois et demi sur l’œil". Il dit ensuite que nos sociétés privilégient, dès la naissance de l'enfant, le visuel sur l'auditif ce qui a pour conséquence d'appauvrir l'ouïe. Mais je trouve fascinant de me dire que les sensations auditives précèdent
absolument les visuelles dans notre existence. Est-ce que cela pourrait expliquer la difficulté ou la réticence pour certains à créer des images à partir de la musique (soit que l'audition ait été négligée, soit qu'elle soit reléguée à un niveau émotionnel trop intime et profond comparativement à tout ce qui est visuel)?
Je ne saurais pas répondre.
Par contre, il est clair que la musique n'a pas de sens. En elle-même, elle ne signifie rien. Elle ne peut qu'être reliée par la subjectivité de chacun à un monde non visuel propre à chacun.