Fanny Hensel-Mendelssohn "Andante con moto" op2 n2 (ou Septembre de "Das Jahr") - suite et fin
Re: Fanny Hensel-Mendelssohn "Andante con moto" op2 n2 (ou Septembre de "Das Jahr") - 5 semaines + tard
Un point d'étape après 5 semaines de plus (dont 1 de stage) sur ce morceau qui, comme tous les autres, me donne du fil à retordre !
Désolée pour le cadrage pourri, mais j'ai gardé l'appareil trop près pour le déclencher sans avoir à me lever , l'image est quand même intéressante pour voir l'organisation des mains. La répartition varie d'ailleurs pas mal entre différents interprètes (je devrais mettre au féminin : curieusement les hommes ne semblent pas beaucoup jouer les composition des femmes )
Ca "coule" mieux je crois et je sais mieux le texte. Mais :
- j'ai du mal à le démarrer, j'ai donc gardé cet enregistrement après avoir stoppé x fois après un démarrage encore plus insatisfaisante
- la conduite de la mélodie pourrait encore être améliorée, pas facile de doser quand elle est répartie entre les 2 mains et des déplacements importants
- la régularité est difficile à maintenir et même si les variations de tempo sont en parties voulues, le contrôle n'est pas idéal
- les plans sonores ne sont pas toujours bien cohérents
- il reste quelques loupés, notes qui ne sortent pas, hésitations...
- pour les nuances on peut toujours faire mieux, et l'enregistreur aussi
J'aime beaucoup ce morceau donc je vais continuer de le travailler encore un peu bien que j'y ai déjà passé un nombre d'heures conséquent, et ensuite je verrai si j'arrive à le maintenir plus ou moins en "répertoire". Et techniquement il est vraiment intéressant avec de nombreux challenges pour moi : les "3 mains" à assurer avec 2, la régularité de l'accompagnement, les plans sonores, la conduite des phrases, et la sollicitation permanente et périlleuse des doigts 3/4/5 en main droite. D'une certaine manière ce n'est pas loin d'une étude, ne croyez-vous pas ?
Mais je suis encore dans une phase où j'ai du mal à trouver la motivation pour continuer d'apprendre de nouveaux morceaux. Après bientôt 20 années de cours réguliers (8 dans ma jeunesse, et 10 depuis ma reprise), je trouve les progrès fort décevants, j'ai l'impression de mettre de plus en plus de temps à apprendre les morceaux alors que je travaille de plus en plus sérieusement (ça ne compense apparemment pas le veillissement des neurones). Et une fois appris j'arrive à les jouer de manière approximative pendant 2 ou 3 semaines avant de les oublier plus ou moins malgré des séances de révisions. On fait ça parce qu'on aime travailler, mais je commence à m'essouffler...
Désolée pour le cadrage pourri, mais j'ai gardé l'appareil trop près pour le déclencher sans avoir à me lever , l'image est quand même intéressante pour voir l'organisation des mains. La répartition varie d'ailleurs pas mal entre différents interprètes (je devrais mettre au féminin : curieusement les hommes ne semblent pas beaucoup jouer les composition des femmes )
Ca "coule" mieux je crois et je sais mieux le texte. Mais :
- j'ai du mal à le démarrer, j'ai donc gardé cet enregistrement après avoir stoppé x fois après un démarrage encore plus insatisfaisante
- la conduite de la mélodie pourrait encore être améliorée, pas facile de doser quand elle est répartie entre les 2 mains et des déplacements importants
- la régularité est difficile à maintenir et même si les variations de tempo sont en parties voulues, le contrôle n'est pas idéal
- les plans sonores ne sont pas toujours bien cohérents
- il reste quelques loupés, notes qui ne sortent pas, hésitations...
- pour les nuances on peut toujours faire mieux, et l'enregistreur aussi
J'aime beaucoup ce morceau donc je vais continuer de le travailler encore un peu bien que j'y ai déjà passé un nombre d'heures conséquent, et ensuite je verrai si j'arrive à le maintenir plus ou moins en "répertoire". Et techniquement il est vraiment intéressant avec de nombreux challenges pour moi : les "3 mains" à assurer avec 2, la régularité de l'accompagnement, les plans sonores, la conduite des phrases, et la sollicitation permanente et périlleuse des doigts 3/4/5 en main droite. D'une certaine manière ce n'est pas loin d'une étude, ne croyez-vous pas ?
Mais je suis encore dans une phase où j'ai du mal à trouver la motivation pour continuer d'apprendre de nouveaux morceaux. Après bientôt 20 années de cours réguliers (8 dans ma jeunesse, et 10 depuis ma reprise), je trouve les progrès fort décevants, j'ai l'impression de mettre de plus en plus de temps à apprendre les morceaux alors que je travaille de plus en plus sérieusement (ça ne compense apparemment pas le veillissement des neurones). Et une fois appris j'arrive à les jouer de manière approximative pendant 2 ou 3 semaines avant de les oublier plus ou moins malgré des séances de révisions. On fait ça parce qu'on aime travailler, mais je commence à m'essouffler...
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Re: Fanny Hensel-Mendelssohn "Andante con moto" op2 n2 (ou Septembre de "Das Jahr") - 5 semaines + tard
Bonjour Hemiole,
Bravo, tu as bien avancé depuis le stage. Il n’est pas facile ce morceau avec cette main droite, je ne vais pas te donner de conseils, tu as déjà pointé ce qu’il te semble nécessaire d’améliorer et comme dirait Marie France, je pense que tu as une idée très précise de « ce que tu voudrais entendre ».
C’est toi qui m’a fait découvrir ce morceau et je comprends pourquoi tu l’aimes, je le trouve aussi très beau.
Tu sembles un peu désabusée, tu dis mettre plus de temps pour apprendre, mais peux-être est-ce normal, puisque tu t’attaques à des œuvres de plus en plus difficiles.
Je pense qu’on connaît tous à certains moments ces baisse de moral, c’est souvent le signe qu’on est sur un palier … et puis après on reprend confiance et on reprend du plaisir.
Bon courage, et merci pour ce partage.
Amitiés.
Bravo, tu as bien avancé depuis le stage. Il n’est pas facile ce morceau avec cette main droite, je ne vais pas te donner de conseils, tu as déjà pointé ce qu’il te semble nécessaire d’améliorer et comme dirait Marie France, je pense que tu as une idée très précise de « ce que tu voudrais entendre ».
C’est toi qui m’a fait découvrir ce morceau et je comprends pourquoi tu l’aimes, je le trouve aussi très beau.
Tu sembles un peu désabusée, tu dis mettre plus de temps pour apprendre, mais peux-être est-ce normal, puisque tu t’attaques à des œuvres de plus en plus difficiles.
Je pense qu’on connaît tous à certains moments ces baisse de moral, c’est souvent le signe qu’on est sur un palier … et puis après on reprend confiance et on reprend du plaisir.
Bon courage, et merci pour ce partage.
Amitiés.
Modifié en dernier par Martine le vendredi 23 août 2024 09:16, modifié 1 fois.
- Claudia
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Re: Fanny Hensel-Mendelssohn "Andante con moto" op2 n2 (ou Septembre de "Das Jahr") - 5 semaines + tard
Bonsoir Hemiole,
J'ai écouté avec un grand plaisir.
Ce morceau ne me parlait pas beaucoup, mais là je trouve que tu en fais quelque chose d'émouvant et de beau.
J'aime beaucoup , vraiment beaucoup cette voix grave, ce chant assez meditatif et douloureux et passionné.
Je trouve que tu conduis tout ça très bien. Il y a quelque chose de pur et de simple dans cette musique, malgré les complications techniques. Il faut arriver à se désencombrer la tête pour que ce chant ne s'occupe que de chanter.
En fait, à un certain moment, ce qui était difficile ne l'est plus. Tu joues ce morceau très bien, ce n'est plus "difficile", aujourd'hui. C'est notre esprit qui nous enferme dans cette idée, comme si un morceau devait être éternellement difficile. Enfin, je crois. Et c'est ce que je ressens en t'ecoutant: tout est là, il y a de quoi vivre la musique, sans critiquer, sans juger, et les choses que tu désires viendront, si tu leur laisses de la place.
J'ai écouté avec un grand plaisir.
Ce morceau ne me parlait pas beaucoup, mais là je trouve que tu en fais quelque chose d'émouvant et de beau.
J'aime beaucoup , vraiment beaucoup cette voix grave, ce chant assez meditatif et douloureux et passionné.
Je trouve que tu conduis tout ça très bien. Il y a quelque chose de pur et de simple dans cette musique, malgré les complications techniques. Il faut arriver à se désencombrer la tête pour que ce chant ne s'occupe que de chanter.
En fait, à un certain moment, ce qui était difficile ne l'est plus. Tu joues ce morceau très bien, ce n'est plus "difficile", aujourd'hui. C'est notre esprit qui nous enferme dans cette idée, comme si un morceau devait être éternellement difficile. Enfin, je crois. Et c'est ce que je ressens en t'ecoutant: tout est là, il y a de quoi vivre la musique, sans critiquer, sans juger, et les choses que tu désires viendront, si tu leur laisses de la place.
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Re: Fanny Hensel-Mendelssohn "Andante con moto" op2 n2 (ou Septembre de "Das Jahr") - 5 semaines + tard
Bravo Hémiole pour tout le travail de cette étude, oui, je suis bien d'accord que c'est une étude ! (Tu as mis le doigt sur pourquoi aucun des mois de Fanny finalement m'a suffisamment ensorcelé pour vraiment me mettre au travail.)
Ne te décourage pas, je pense que les choses vont s'arranger avec le temps. Et si tu augmentes le tempo, j'ai l'impression que maintenir le phrasé sera plus facile que à un tempo plus lent. D'ailleurs pour le phrasé de la mélodie, quelque fois tu joues deux notes une après l'autre presque d'une façon piqué alors qu'ils sont une à côté de l'autre sur le clavier, je crois que tu l'as fait comme ça pour ressortir la mélodie, mais peut-être en les jouant plus legato avec moins d'intensité sur la première note, ça améliorait et avec moins d'effort ? Juste une idée.
Ne te décourage pas, je pense que les choses vont s'arranger avec le temps. Et si tu augmentes le tempo, j'ai l'impression que maintenir le phrasé sera plus facile que à un tempo plus lent. D'ailleurs pour le phrasé de la mélodie, quelque fois tu joues deux notes une après l'autre presque d'une façon piqué alors qu'ils sont une à côté de l'autre sur le clavier, je crois que tu l'as fait comme ça pour ressortir la mélodie, mais peut-être en les jouant plus legato avec moins d'intensité sur la première note, ça améliorait et avec moins d'effort ? Juste une idée.
Re: Fanny Hensel-Mendelssohn "Andante con moto" op2 n2 (ou Septembre de "Das Jahr") - 5 semaines + tard
Merci beaucoup Martine, Claudia et Lee pour votre écoute et vos commentaires.
Martine je navigue depuis presque 10 ans dans le niveau 6 de Henle sans en décoller et sans avoir l'impression que c'est plus facile aujourd'hui qu'il y a 8 ans . La compréhension et le rendu en sont peut-être un peu meilleurs, mais l'évolution est pour le moins frustrante. Enfin je suis heureuse de t'avoir fait découvrir ce morceau touchant !
Claudia c'est bien réconfortant pour moi de voir que ta perception de ce morceau évolue dans le bon sens au fil de mes enregistrements . Mais pour le "éternellement difficile" c'est malheureusement ce que je constate puisque je continue de jouer un certain nombre de morceaux appris il y a des années : les difficultés restent les mêmes . Je peux tenter l'hypnose pour me persuader que ce n'est pas difficile ?
Merci Lee de compatir devant les difficultés techniques de cette composition. Je vais retravailler la mélodie seule pour en améliorer le rendu.
Mais pour le découragement il ne concerne pas seulement ce travail, mais tout un ensemble sur la durée. Globalement depuis 1 an j'ai plus de déceptions que de satisfactions. D'où la lassitude. On me dit toujours "c'est normal c'est difficile" oui mais tout est difficile .
Quant au constat depuis 10 ans il est décevant aussi, je ne répète pas ce que j'ai écrit au tout début de ce post...
Mais bon, va falloir que j'arrête de chouiner car là c'est vous qui allez vous lasser. Je me rends bien compte que c'est récurrent.
Martine je navigue depuis presque 10 ans dans le niveau 6 de Henle sans en décoller et sans avoir l'impression que c'est plus facile aujourd'hui qu'il y a 8 ans . La compréhension et le rendu en sont peut-être un peu meilleurs, mais l'évolution est pour le moins frustrante. Enfin je suis heureuse de t'avoir fait découvrir ce morceau touchant !
Claudia c'est bien réconfortant pour moi de voir que ta perception de ce morceau évolue dans le bon sens au fil de mes enregistrements . Mais pour le "éternellement difficile" c'est malheureusement ce que je constate puisque je continue de jouer un certain nombre de morceaux appris il y a des années : les difficultés restent les mêmes . Je peux tenter l'hypnose pour me persuader que ce n'est pas difficile ?
Merci Lee de compatir devant les difficultés techniques de cette composition. Je vais retravailler la mélodie seule pour en améliorer le rendu.
Mais pour le découragement il ne concerne pas seulement ce travail, mais tout un ensemble sur la durée. Globalement depuis 1 an j'ai plus de déceptions que de satisfactions. D'où la lassitude. On me dit toujours "c'est normal c'est difficile" oui mais tout est difficile .
Quant au constat depuis 10 ans il est décevant aussi, je ne répète pas ce que j'ai écrit au tout début de ce post...
Mais bon, va falloir que j'arrête de chouiner car là c'est vous qui allez vous lasser. Je me rends bien compte que c'est récurrent.
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Re: Fanny Hensel-Mendelssohn "Andante con moto" op2 n2 (ou Septembre de "Das Jahr") - 5 semaines + tard
Je pense que seul un professeur pourrait te répondre. Je n'ai pas ton niveau, donc ce qui pour toi est "déception" est perçu par moi, quand je t'écoute, comme "étape magnifique, expression plus riche, gain d'assurance et de maîtrise, compétence de jeu en public, belle musicalité", mais on s'en fiche de ces comparaisons car ce n'est pas de cela qu'il s'agit.
Il y a un premier aspect dans ce que tu dis que j'appellerais l'ambition. Ça ne va pas sans un temps de travail à la hauteur de l'ambition!
J'ai une amie, pianiste amateur de bon niveau, qui fait un stage pas très loin de chez moi. Elle est retraitée, elle a toute sa vie fait du piano et pris des cours, et maintenant elle continue à jouer trois à quatre heures par jour quasiment tous les jours. Je la connais depuis des années, je t'assure qu'elle progresse et qu'un bon professeur la fait encore évoluer et gagner en tout, expression, imagination, passion du détail etc.. Les autres stagiaires, apprentis musiciens, jeunes adultes, travaillent pendant le stage de six à huit heures plus les cours, et en temps normal cinq heures au minimum. Évidemment ça leur fait travailler une quantité incroyable de répertoire dans l'année, dans tous les sens, de toutes les époques, c'est une dévoration de musique avec une tension dans l'apprentissage qui est quasiment "sans repos", sans parler des apprentissages théoriques qui font que pour eux la musique est devenue un langage plus naturel. Mais aussi je vois qu'ils travaillent à fond, et passent très vite à autre chose, je veux dire ils ne considèrent pas (hors examen) que c'est une arrivée définitive. Ils sont tout le temps en mouvement. Mais je suppose qu'après quelques années à ce rythme ils arrivent plus vite au stade où ils peuvent travailler sur les derniers 5% qui font qu'une interprétation est sublime. Ça c'est ce que je peux dire concernant la montée en niveau (encore une fois je crois que c'est un prof qui devrait te donner des réponses claires et tangibles sur cette question et donc sur la conquête d'un répertoire qui soit motivant pour toi).
L'autre aspect c'est ce qui tournicote dans notre esprit concernant la difficulté.
Bien sûr que tout est difficile en musique, mais en même temps tout est musique, et donc, sur un morceau que tu joues déjà bien comme celui-ci, la difficulté c'est une perception mais ce n'est que cela.
Je voudrais expliquer ce qui me pousse à te dire cela – ça concerne d'ailleurs un morceau que nous avons travaillé cette année, un intermezzo de Brahms, (enfin toi tu as travaillé tout l'opus ). Je bloquais un peu, j'avais intériorisé tous les commentaires des uns et des autres sur la difficulté du morceau, difficile à apprendre, difficile à rendre, j'étais complètement inhibée et je me sentais petite souris débile. Bref. A mon dernier cours mon prof, un peu découragé, m'a dit "ce morceau n'est pas trop difficile pour toi" "je n'ai rien vu dans ce que tu as fait qui me fasse dire que c'est difficile pour toi". Ça a fait tilt. Je suis rentrée à la maison, j'ai repris les arpèges, les différents passages, les sauts, bref chaque formule du morceau, sans me prendre la tête, et ça venait, naturellement, car en effet je l'avais beaucoup travaillé ce morceau. Et là il restait beaucoup de choses à améliorer mais sur une base qui n'était pas torturée, c'était celle de ce temps T dans sa solidité et sa réceptivité à l'amélioration. Je pense que les jugements "c'est difficile" peuvent avoir un effet complètement performatif. On ferme des portes juste derrière le travail, alors que le travail devrait ouvrir ces portes. Il reste à tenter de comprendre pourquoi. (j'imagine que c'est personnel à chacun, mais on pourrait essayer d'y réfléchir).
Voilà je voulais partager ceci avec toi (et vous), je ne sais pas si ça vous évoque quelque chose, ni si ça peut aider.
Il y a un premier aspect dans ce que tu dis que j'appellerais l'ambition. Ça ne va pas sans un temps de travail à la hauteur de l'ambition!
J'ai une amie, pianiste amateur de bon niveau, qui fait un stage pas très loin de chez moi. Elle est retraitée, elle a toute sa vie fait du piano et pris des cours, et maintenant elle continue à jouer trois à quatre heures par jour quasiment tous les jours. Je la connais depuis des années, je t'assure qu'elle progresse et qu'un bon professeur la fait encore évoluer et gagner en tout, expression, imagination, passion du détail etc.. Les autres stagiaires, apprentis musiciens, jeunes adultes, travaillent pendant le stage de six à huit heures plus les cours, et en temps normal cinq heures au minimum. Évidemment ça leur fait travailler une quantité incroyable de répertoire dans l'année, dans tous les sens, de toutes les époques, c'est une dévoration de musique avec une tension dans l'apprentissage qui est quasiment "sans repos", sans parler des apprentissages théoriques qui font que pour eux la musique est devenue un langage plus naturel. Mais aussi je vois qu'ils travaillent à fond, et passent très vite à autre chose, je veux dire ils ne considèrent pas (hors examen) que c'est une arrivée définitive. Ils sont tout le temps en mouvement. Mais je suppose qu'après quelques années à ce rythme ils arrivent plus vite au stade où ils peuvent travailler sur les derniers 5% qui font qu'une interprétation est sublime. Ça c'est ce que je peux dire concernant la montée en niveau (encore une fois je crois que c'est un prof qui devrait te donner des réponses claires et tangibles sur cette question et donc sur la conquête d'un répertoire qui soit motivant pour toi).
L'autre aspect c'est ce qui tournicote dans notre esprit concernant la difficulté.
Bien sûr que tout est difficile en musique, mais en même temps tout est musique, et donc, sur un morceau que tu joues déjà bien comme celui-ci, la difficulté c'est une perception mais ce n'est que cela.
Je voudrais expliquer ce qui me pousse à te dire cela – ça concerne d'ailleurs un morceau que nous avons travaillé cette année, un intermezzo de Brahms, (enfin toi tu as travaillé tout l'opus ). Je bloquais un peu, j'avais intériorisé tous les commentaires des uns et des autres sur la difficulté du morceau, difficile à apprendre, difficile à rendre, j'étais complètement inhibée et je me sentais petite souris débile. Bref. A mon dernier cours mon prof, un peu découragé, m'a dit "ce morceau n'est pas trop difficile pour toi" "je n'ai rien vu dans ce que tu as fait qui me fasse dire que c'est difficile pour toi". Ça a fait tilt. Je suis rentrée à la maison, j'ai repris les arpèges, les différents passages, les sauts, bref chaque formule du morceau, sans me prendre la tête, et ça venait, naturellement, car en effet je l'avais beaucoup travaillé ce morceau. Et là il restait beaucoup de choses à améliorer mais sur une base qui n'était pas torturée, c'était celle de ce temps T dans sa solidité et sa réceptivité à l'amélioration. Je pense que les jugements "c'est difficile" peuvent avoir un effet complètement performatif. On ferme des portes juste derrière le travail, alors que le travail devrait ouvrir ces portes. Il reste à tenter de comprendre pourquoi. (j'imagine que c'est personnel à chacun, mais on pourrait essayer d'y réfléchir).
Voilà je voulais partager ceci avec toi (et vous), je ne sais pas si ça vous évoque quelque chose, ni si ça peut aider.
Re: Fanny Hensel-Mendelssohn "Andante con moto" op2 n2 (ou Septembre de "Das Jahr") - 5 semaines + tard
Tes deux enregistrements sont très différents, le deuxième est de façon évidente bien plus abouti en particulier dans la conduite du chant, les progrès sont audibles et visibles
Bon alors pourquoi cette lassitude ? Claudia je te rejoins de très près sur la notion de difficulté qui lorsqu'elle est dite au mauvais moment ou avec un sens trop élitiste, devient ressentie et freinante, et l'autre aspect sur le fait que ce n'est jamais abouti (sur le temps de travail je suis à la fois d'accord et pas d'accord mais c'est parce que je ne peux pas moi-même travailler plusieurs heures par jour). Je ne regarde jamais l'échelle de difficulté de Henné, ça ne m'intéresse pas, je ne veux pas de cette mesure. Pour moi les progrès se jaugent sur autre chose, je ne cherche pas à les quantifier, je sais juste qu'ils sont là sur une longue échelle de temps, et que ça marche par escalier avec des paliers, qui parfois peut même redescendre de quelques marches, et alors ? Est-ce une lassitude car l'ambition n'est pas récompensée ? Car tu as un "plafond de verre" ? Car tu veux entendre encore mieux ?
Lorsque j'ai le sentiment de ne plus progresser je change de répertoire et j'explore, l'idée serait de travailler autrement , pourquoi pas même de diminuer franchement le temps passé au piano, voire de ne pas "travailler" tant que l'envie n'est pas là (et de remplacer par un peu de déchiffrage, ou travailler des pièces vraiment plus faciles et courtes, historie d'entendre assez rapidement des choses intéressantes, de supprimer l'ambition et de la remplacer par petites touches par le plaisir. Je me méfie des anciens morceaux car pour que les difficultés évoluent il faudrait changer l'apprentissage et les re-travailler comme des nouveaux morceaux, je ne suis donc pas tellement étonnée de ton ressenti sur ce point: le cerveau a bien appris et il lui est difficile de revenir sur un autre geste si on ne lui enseigne pas comment faire.
Je précise que comme Claudia j'entends plutôt ici une belle étape atteinte et non une déception (au cas où il y ait un malentendu !)
Bon alors pourquoi cette lassitude ? Claudia je te rejoins de très près sur la notion de difficulté qui lorsqu'elle est dite au mauvais moment ou avec un sens trop élitiste, devient ressentie et freinante, et l'autre aspect sur le fait que ce n'est jamais abouti (sur le temps de travail je suis à la fois d'accord et pas d'accord mais c'est parce que je ne peux pas moi-même travailler plusieurs heures par jour). Je ne regarde jamais l'échelle de difficulté de Henné, ça ne m'intéresse pas, je ne veux pas de cette mesure. Pour moi les progrès se jaugent sur autre chose, je ne cherche pas à les quantifier, je sais juste qu'ils sont là sur une longue échelle de temps, et que ça marche par escalier avec des paliers, qui parfois peut même redescendre de quelques marches, et alors ? Est-ce une lassitude car l'ambition n'est pas récompensée ? Car tu as un "plafond de verre" ? Car tu veux entendre encore mieux ?
Lorsque j'ai le sentiment de ne plus progresser je change de répertoire et j'explore, l'idée serait de travailler autrement , pourquoi pas même de diminuer franchement le temps passé au piano, voire de ne pas "travailler" tant que l'envie n'est pas là (et de remplacer par un peu de déchiffrage, ou travailler des pièces vraiment plus faciles et courtes, historie d'entendre assez rapidement des choses intéressantes, de supprimer l'ambition et de la remplacer par petites touches par le plaisir. Je me méfie des anciens morceaux car pour que les difficultés évoluent il faudrait changer l'apprentissage et les re-travailler comme des nouveaux morceaux, je ne suis donc pas tellement étonnée de ton ressenti sur ce point: le cerveau a bien appris et il lui est difficile de revenir sur un autre geste si on ne lui enseigne pas comment faire.
Je précise que comme Claudia j'entends plutôt ici une belle étape atteinte et non une déception (au cas où il y ait un malentendu !)
Re: Fanny Hensel-Mendelssohn "Andante con moto" op2 n2 (ou Septembre de "Das Jahr") - 5 semaines + tard
Merci beaucoup Claudia et Catherine pour vos réflexions et d'essayer de m'accompagner dans ce creux de la vague !
Évidemment le spectre des pistes est large : de 5h par jour de piano minimum, à la pause salutaire il va falloir choisir...
Merci déjà de souligner ce que vous entendez de progrès sur ce morceau en particulier ou sur la période récente de ce que vous m'avez entendue jouer
Claudia utilise le mot "ambition", je ne dirais pas ambition, mais attente évidemment. Et je réalise que cette attente s'est basée sur l'observation sans doute naïve de la pente de progression dont j'ai bénéficié entre 9 et 17 ans, même si je n'étais pas en conservatoire. Lorsque j'ai repris plus de 30 ans après, j'avais bien conscience qu'il fallait "remonter la pente", mais je pensais que l'ascension continuerait au même rythme. Or ce n'est pas le cas.
Plafond de verre peut-être ? J'ai l'impression d'avoir des limites techniques, n'en ayant pas suffisamment établi les bases dans ma jeunesse et que mon prof pourra peut-être m'aider à dépasser, ce qui m'aiderait je crois à me libérer de cette notion de "difficulté" si tant est que ce soit possible après 60 ans. Limites de mémoire aussi, mais depuis toujours et c'est un handicap avec lequel je dois compter (et qui risque de ne pas s'arranger en vieillissant ). Limites de sens de l'effort enfin ! Je peux paraître sérieuse et régulière dans mon travail mais je suis quand même fondamentalement feignante. En tous cas mon compagnon confirme que j'ai un goût pour l'effort en dessous de la moyenne (et il est très loin lui-même de l'effort masochiste ). Quelle idée de vouloir jouer du piano dans ces conditions ?
En tous cas je ne suis pas du genre à me forcer à jouer si je n'en ai pas envie (sauf engagement pris pour un évènement public à 4 mains), et je sais changer de registre, je peux me mettre au jazz (ou même au saxophone ) si besoin.
Je note la remarque sur le "ré - apprentissage" d'un morceau pour lever les difficultés mémorisées. C'est sans doute juste.
Je vais essayer donc de continuer mon petit bonhomme de chemin, en navigant entre des pistes d'amélioration atteignables et une acceptation de ce que je peux faire en reconnaissant qu'il y a déjà normalement de quoi me faire plaisir. En vous priant de bien vouloir excuser l'expression recurrente de mes états d'âmes de pianiste amateur...
Évidemment le spectre des pistes est large : de 5h par jour de piano minimum, à la pause salutaire il va falloir choisir...
Merci déjà de souligner ce que vous entendez de progrès sur ce morceau en particulier ou sur la période récente de ce que vous m'avez entendue jouer
Claudia utilise le mot "ambition", je ne dirais pas ambition, mais attente évidemment. Et je réalise que cette attente s'est basée sur l'observation sans doute naïve de la pente de progression dont j'ai bénéficié entre 9 et 17 ans, même si je n'étais pas en conservatoire. Lorsque j'ai repris plus de 30 ans après, j'avais bien conscience qu'il fallait "remonter la pente", mais je pensais que l'ascension continuerait au même rythme. Or ce n'est pas le cas.
Plafond de verre peut-être ? J'ai l'impression d'avoir des limites techniques, n'en ayant pas suffisamment établi les bases dans ma jeunesse et que mon prof pourra peut-être m'aider à dépasser, ce qui m'aiderait je crois à me libérer de cette notion de "difficulté" si tant est que ce soit possible après 60 ans. Limites de mémoire aussi, mais depuis toujours et c'est un handicap avec lequel je dois compter (et qui risque de ne pas s'arranger en vieillissant ). Limites de sens de l'effort enfin ! Je peux paraître sérieuse et régulière dans mon travail mais je suis quand même fondamentalement feignante. En tous cas mon compagnon confirme que j'ai un goût pour l'effort en dessous de la moyenne (et il est très loin lui-même de l'effort masochiste ). Quelle idée de vouloir jouer du piano dans ces conditions ?
En tous cas je ne suis pas du genre à me forcer à jouer si je n'en ai pas envie (sauf engagement pris pour un évènement public à 4 mains), et je sais changer de registre, je peux me mettre au jazz (ou même au saxophone ) si besoin.
Je note la remarque sur le "ré - apprentissage" d'un morceau pour lever les difficultés mémorisées. C'est sans doute juste.
Je vais essayer donc de continuer mon petit bonhomme de chemin, en navigant entre des pistes d'amélioration atteignables et une acceptation de ce que je peux faire en reconnaissant qu'il y a déjà normalement de quoi me faire plaisir. En vous priant de bien vouloir excuser l'expression recurrente de mes états d'âmes de pianiste amateur...
- Claudia
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Re: Fanny Hensel-Mendelssohn "Andante con moto" op2 n2 (ou Septembre de "Das Jahr") - 5 semaines + tard
Ça tombe bien, tu es sur Pianautes!expression recurrente de mes états d'âmes de pianiste amateur...
C'est un peu le lieu idéal pour ça
Et comme tu nous régales de très beaux enregistrements, tu es tout excusée
-
- Pianaute
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Re: Fanny Hensel-Mendelssohn "Andante con moto" op2 n2 (ou Septembre de "Das Jahr") - 5 semaines + tard
Je me retrouve un peu dans ce que tu écris Marie-hélène.
Sauf que moi je l’analyse comme suit:
Je mets plus de temps à travailler une pièce. Oui mais je m’attarde bien plus sur les détails qu’il y a quelques années. Je m’enregistre bien plus souvent et donc je trouve de plus en plus de choses qui ne vont pas.
Le résultat ne me satisfait jamais oui mais je suis bien plus exigeante.
Je suis très rarement satisfaite de mes prestations je devrais plutôt dire jamais parce qu’il y a toujours quelque chose qui n’est pas passé parce que je me suis bêtement mis la pression toute seule.
Moi je ne suis pas feignante mais paresseuse! Donc j’évite les galères des pièces trop difficiles et surtout où il y a un passage avec des trucs que je n’arriverais jamais à passer parce que je vais me stresser pour rien et que, comme je serais bloquée sur ces passages je vais les rater c’est sûr…
Si je devais te donner un conseil je te dirais de te réécouter sur un enregistrement d’il y a plusieurs années pour comparer je t’assure que ça n’a rien à voir ou à écouter…
Je me souviens d’une série de pièces que tu avais partagées ta souplesse de jeu actuelle n’est pas comparable, la maîtrise du son non plus d’ailleurs.
Et si ça peut t’aider je patauge dans les Davidsbundlertanze depuis plusieurs mois je ne sais pas si j’en viendrai à bout de la sixième sans doute pas d’ailleurs je crois que je vais tout simplement et magnifiquement l’ignorer il y en a 18 ça fera plus que 17 sauf s’il y en a une autre qui m’embête trop.
Sauf que moi je l’analyse comme suit:
Je mets plus de temps à travailler une pièce. Oui mais je m’attarde bien plus sur les détails qu’il y a quelques années. Je m’enregistre bien plus souvent et donc je trouve de plus en plus de choses qui ne vont pas.
Le résultat ne me satisfait jamais oui mais je suis bien plus exigeante.
Je suis très rarement satisfaite de mes prestations je devrais plutôt dire jamais parce qu’il y a toujours quelque chose qui n’est pas passé parce que je me suis bêtement mis la pression toute seule.
Moi je ne suis pas feignante mais paresseuse! Donc j’évite les galères des pièces trop difficiles et surtout où il y a un passage avec des trucs que je n’arriverais jamais à passer parce que je vais me stresser pour rien et que, comme je serais bloquée sur ces passages je vais les rater c’est sûr…
Si je devais te donner un conseil je te dirais de te réécouter sur un enregistrement d’il y a plusieurs années pour comparer je t’assure que ça n’a rien à voir ou à écouter…
Je me souviens d’une série de pièces que tu avais partagées ta souplesse de jeu actuelle n’est pas comparable, la maîtrise du son non plus d’ailleurs.
Et si ça peut t’aider je patauge dans les Davidsbundlertanze depuis plusieurs mois je ne sais pas si j’en viendrai à bout de la sixième sans doute pas d’ailleurs je crois que je vais tout simplement et magnifiquement l’ignorer il y en a 18 ça fera plus que 17 sauf s’il y en a une autre qui m’embête trop.