Petit concert pour jour de confinement

[Claudia]

Comme Vincent.
J'écoute dans le désordre, souvent en travaillant. J'ai très peu de temps pour commenter ou participer, mais ce fil me fait plaisir et m'accompagne pendant cette période difficile! Merci Chantal. Je ne propose pas de concert pour ma part, car j'explore peu en ce moment, pour la même raison, beaucoup de travail, pas de temps... Les confinements se suivent mais ne se ressemblent pas

[Chantal]

Merci Claudia et Vincent, vous me rassurez un peu .

Pour vous remercier de votre écoute amicale, je vous propose de méditer sur l'Aria des Variations Goldberg interprétée… par Lang Lang (2020). J'ai eu l'occasion de visionner hier la vidéo de sa prestation "live" en l'église St Thomas de Leipzig (où Bach à officié et où il est enterré) et j'avoue que j'ai été bluffée !

Bach — Variations Goldberg BWV 988 - Aria :



Bonne écoute !

[Laure]

Oui Chantal, surtout continue, merci
Je fais partie des auditrices de l’ombre, quand je travaille à la maison, c’est-à-dire… beaucoup, même si j’ai la chance de n’être pas confinée.
Ce fil est précieux avec ses coups de cœur, ses choix, j’aime bien quand les propositions sont mises en contexte ; c’est comme un petit privilège qui nous est réservé ! Mille fois mieux que France musique qui m’inflige souvent des choses bizarres ou que je n’ai pas envie d’entendre quand je l’écoute la volée (j’espère d’ailleurs qu’ils ne vont pas repérer ton talent de programmatrice et te débaucher de Pianautes)

[leLama]

Aujourd’hui, je vous propose d’écouter du violoncelle.

Une mélodie poignante, la Prière, n° 1 de le suite pour violoncelle et piano « From Jewish life » d’Ernest Bloch, interprétée par Camille Thomas au violoncelle et Béatrice Berrut au piano

Ouah, vraiment tres beau Merci Chantal. Et c'est aussi très bien filmé. Il y a qq chose qui se passe dans ces concerts intimistes, c'est interessant, moins démonstratif que les vrais concerts. Je sens une musique plus habitée.

Pour la version de Purcell des Birds on a Wire, je peux te dire ce qui me touche, c'est evidemment personnel, mais peut etre ca te donnera une clé pour écouter differemment. Il y a d'abord un doux balancier dans la voix et le violoncelle qui suivent le tempo, sans doute une empreinte des musiques actuelles folk et latines qu'elles jouent par ailleurs, on se sent comme bercé par les vagues, il y a beaucoup d'elasiticité et de douceur dans la conduite des phrases. J'aime le fait que Rosemary Standley explore beaucoup de sensations differentes, c'est tres interprété au bon sens du terme, sans manierisme ou posture. Une premiere partie pp, sans résonnance qui évoque la fragilité. Une partie ensuite ou le volume et la résonnance montent doucement, comme une personne qui prend de l'assurance en devenant adulte. Une partie mystique ensuite, forte, puissante, pure, avant de redescendre lentement vers l'extinction comme une vieille personne allant calmement vers la mort apres une vie bien remplie.

Je comprends que si on écoute ce morceau avec une oreille classique, en cherchant presque toujours la resonnance maximale, si on ne s'autorise pas ce jeu de résonnances qui va du parler au mystique, on peut rester sur sa faim. Pour moi, c'est comme un ecrivain classique et un ecrivain moderne. Un moderne s'autorise des niveaux de langues differents, des néologismes, des phrases sans verbe pour convoquer des sensations differentes. Je ne dirais que le style classique est d'une autre envergure, je ressens plutot des choix esthétiques différents, moins de pureté formelle pour davantage de liberté. Ce sont mes sensations, qui ne prétendent pas à la vérité bien sûr.

[Hémiole]

Merci Claudia et Vincent, vous me rassurez un peu .

Pour vous remercier de votre écoute amicale, je vous propose de méditer sur l'Aria des Variations Goldberg interprétée… par Lang Lang (2020). J'ai eu l'occasion de visionner hier la vidéo de sa prestation "live" en l'église St Thomas de Leipzig (où Bach à officié et où il est enterré) et j'avoue que j'ai été bluffée !

Bach — Variations Goldberg BWV 988 - Aria :

Bonne écoute !

Merci Chantal pour l'alimentation de ce fils dont je n'ai pas le loisir de suffisamment profiter malheureusement.
J'ai écouté par curiosité les variations goldberg par Lang Lang que d'habitude je ne supporte guère. Et j'avoue avoir été agréablement surprise. J'ai trouvé qu'il y avait une liberté, une authenticité remarquables. Le résultat est inégal mais ça vaut la peine.

[Lee]

Merci Chantal pour tout ce que tu fais pour ce fil. Plusieurs fois j'ai écouté et apprécié des œuvres que tu as proposées, mais j'aurais dû laisser un petit mot quand même ! Bon, tu ne m'en veux pas pour ne pas avoir écouté Bach, j'espère.

Pour la version de Purcell des Birds on a Wire, je peux te dire ce qui me touche, c'est evidemment personnel, mais peut etre ca te donnera une clé pour écouter differemment. Il y a d'abord un doux balancier dans la voix et le violoncelle qui suivent le tempo, sans doute une empreinte des musiques actuelles folk et latines qu'elles jouent par ailleurs, on se sent comme bercé par les vagues, il y a beaucoup d'elasiticité et de douceur dans la conduite des phrases. J'aime le fait que Rosemary Standley explore beaucoup de sensations differentes, c'est tres interprété au bon sens du terme, sans manierisme ou posture. Une premiere partie pp, sans résonnance qui évoque la fragilité. Une partie ensuite ou le volume et la résonnance montent doucement, comme une personne qui prend de l'assurance en devenant adulte. Une partie mystique ensuite, forte, puissante, pure, avant de redescendre lentement vers l'extinction comme une vieille personne allant calmement vers la mort apres une vie bien remplie.

Je comprends que si on écoute ce morceau avec une oreille classique, en cherchant presque toujours la resonnance maximale, si on ne s'autorise pas ce jeu de résonnances qui va du parler au mystique, on peut rester sur sa faim. Pour moi, c'est comme un ecrivain classique et un ecrivain moderne. Un moderne s'autorise des niveaux de langues differents, des néologismes, des phrases sans verbe pour convoquer des sensations differentes. Je ne dirais que le style classique est d'une autre envergure, je ressens plutot des choix esthétiques différents, moins de pureté formelle pour davantage de liberté. Ce sont mes sensations, qui ne prétendent pas à la vérité bien sûr.

C'est une discussion très intéressante, ça me fait poser des questions sur mon propre goût et comment je suis arrivée là. J'ai beaucoup aimé cette interprétation de Rosemary Standley, je la trouvais fraîche et pure avec une naïveté et une simplicité qu'on sent en écoutant folk. Le fait que c'est en anglais, je trouvais "normal" d'entendre chanter comme ça. Je ne connaissais pas cette œuvre en version traditionnelle, et je constate que la version proposée par Chantal ne me touche pas autant. Peut-être que j'ai l'oreille plutôt formée pour écouter la musique actuelle surtout avec des textes en anglais. J'ai déjà constaté qu'à part les arias d'opéra que j'adore, j'ai souvent du mal avec le chant très classique et formelle accompagné simplement, comme les lieder en allemand. J'ai du mal à expliquer mes réticences et où ça vient, mais ça s'applique même aux lieder de Schubert, du coup souvent j'avoue préférer écouter les transcriptions en piano par Liszt. Mi scusi.

[Hémiole]

Oui discussion intéressante sur cette interprétation de Rosemary Standley.
Personne n'est objectif, nous avons chacun(e) notre histoire, des oreilles différentes, donc des ressentis et appréciations variés.
Comme Lee, même peut-être pire, j'ai beaucoup de mal avec le chant baroque et classique, et un truc que je ne supporte vraiment pas ce sont les voix de haute contre. Par contre j'adore les voix dans le blues, la country, le folk. Ce n'est pas faute d'avoir entendu du chant baroque et classique, ma mère en écoutait beaucoup quand j'étais jeune.
Je comprends très bien les arguments de le lama et les partage : j'ai aimé cette interprétation.
Mais je comprends aussi que quand on a les version classique en mémoire, l'adaptation soit perturbante et sans doute décevante. Je mesure évidemment la différence de maîtrise et qualité du chant.
Après il y aussi tout le débat sur les transcriptions, je préfère comme Lee les lieders de Schubert transcrits par Liszt...

[Chantal]

@ Laure : ne t'inquiète pas, le Pianautilus m'a gentiment accueillie, je m'y sens très bien et je n'ai aucune envie de le quitter

@ leLama : je comprends très bien que si tu as proposé cette version de "Ô solitude", c'est qu'elle te touche, et je respecte ton choix. Pardonne à l'intégriste (en musique seulement) que je suis…

@ Lee : non, je ne t'en veux pas de ne pas avoir écouté Bach, je sais que tu lui en veux beaucoup . Et ne t'excuse surtout pas, chacun est libre d'aimer ou de ne pas aimer une œuvre. Tu n'aimes pas les lieder, moi, je ne supporte pas Malher, je m'y ennuie à mourir. C'est comme ça, la Terre ne cessera pas de tourner pour autant. Je ne pense pas que l'Art soit objectif…

J'ai écouté par curiosité les variations goldberg par Lang Lang que d'habitude je ne supporte guère. Et j'avoue avoir été agréablement surprise.

Oui, moi aussi j'ai été surprise, notamment par le tempo plutôt lent adopté par Lang Lang, mais que finalement j'aime bien. J'avais horreur du tempo de Gould, très (trop ?) rapide, dans son premier enregistrement des Variations Goldberg, en 1955.

Aujourd'hui, une seule œuvre au programme, et plusieurs versions. L'oeuvre : Pavane pour une Infante défunte de Maurice Ravel.

• Version piano,

    — l'interprétation de Ravel lui-même, puisqu'on à la chance d'avoir un enregistrement (c'est toujours émouvant d'entendre un compositeur interpréter une de ses œuvres) :



    — l'interprétation, très sobre, de Vladimir Ashkenazy :




• Version orchestrale, la superbe version de l’Orchestre de Cleveland dirigé par Pierre Boulez :




Enjoy

[Hémiole]

Sympa l'idée de plusieurs versions de la même oeuvre (que j'aime bien en plus). C'est vrai que les enregistrements disponibles par le compositeur lui-même, c'est toujours intéressant et émouvant. Askhenazy est servi par un meilleur son, et c'est vrai que son interprétation est belle, sobre, et intériorisée. Étant une inconditionnelle du piano, je suis moins sensible à la version orchestrale. Pourtant mon prof me recommande souvent de les écouter quand c'est possible...

[Chantal]

Aujourd’hui, je vous emmène en Finlande, avec Sibélius. Qui ne connaît sa Valse Triste ou son Concerto pour violon ? Mais Sibelius a également composé des œuvres pour piano (vous avez pu écouter ses six impromptus op 5 dans ce fil), plusieurs humoresques pour violon et piano, et surtout de nombreuses œuvres symphoniques. Parmi celles-ci sept symphonies et de nombreux poèmes symphoniques. Parmi ces derniers, j’en ai choisi deux que je vous propose aujourd’hui.

— Le Cygne de Tuonela, le n° 2 d’une suite de quatre poèmes symphoniques op 22, « Les Légendes de Lemminkäinen ». Pour expliquer le titre : dans les légendes finlandaises, « Tuonela est le royaume des morts, entouré d'un fleuve noir sur lequel nage un cygne de la même couleur » (Wikipedia). L’Orchestre Symphonique de la Radio Finlandaise est dirigé par un chef finlandais, Esa-Pekka Salonen :




— Finlandia, poème symphonique en la bémol majeur op 26. L’Orchestre Philharmonique de Berlin est dirigé par Herbert von Karajan. La vidéo d’accompagnement est de toute beauté. Vous y verrez des paysages finlandais et de superbes aurores boréales. Vous y croiserez des oursons, des canetons quittant (avec beaucoup de peine) leur nid, un écureuil volant. Elle se termine sur le majestuenx plongeon d’un rapace. Bref, que du bonheur pour les pauvres confiné(e)s que nous sommes.




Bonne écoute