Le Pianautilus

Merci Hémiole, Lee et Vincent pour vos réponses. Pour ma part, je partage entièrement l'avis de Vincent : c'est la version pour piano solo, plus "intimiste" que je préfère.

Vincent a écrit : samedi 4 nov. 2023 15:26 Peut-être est-ce pour cela que Chopin-le-mûr avait un peu rejeté cette œuvre de Chopin-le-jeune ? Peut-être la trouvait-il trop démonstrative, étincelante certes mais insuffisamment signifiante ? Sait-on d’ailleurs pourquoi il n’en avait pas souhaité la parution de son vivant ?

Lee a écrit : vendredi 3 nov. 2023 18:31 La question des oeuvres publiées posthumes est intéressant, je les connais mal mais je peux compter sur une main celles qui me parlent.

Les œuvres posthumes de Chopin posent problème. En effet, Chopin avait demandé que tous les manuscripts non publiés de son vivant (et il y en avait beaucoup !) soient brûlés après sa mort. Si cette volonté de Chopin avait été respectée, nous ne connaitrions que ses œuvres ayant des numéros d'opus compris entre entre 1 (Rondo pour piano en ut mineur) et 65 (Sonate pour piano et violoncelle en sol mineur). C'est Julian Fontana, son ami de toujours (ils s'étaient connus sur les bancs du conservatoire de Varsovie) qui décida (avec l'accord de la famille) de publier six ans après la mort de Chopin, en 1855, les ops 66 à 73, puis les "Chants polonnais" op 74 en 1856-59. Ironie du sort (ou réelle volonté de Fontana), la publication des œuves posthumes débute par l'op 66, la (trop) célèbre "Fantaisie-Impromptu" que Chopin jusqu'à sa mort a refusé catégoriquement de publier. Et il avait des raisons pour ça. Lorsqu'il composa cet "Impromptu" (c'est Fontana qui rajouta "Fantaisie" en 1855) en 1834, il s'était amplement inspiré de l'impromptu op 89 d'Ignaz Moscheles paru un an plus tôt, et il avait peur d'être accusé de plagiat.

La liste des œuvres non publiées du vivant de Chopin est importante, certaines ont été perdues, d'autres ont été découvertes tardivement, comme la Valse en la mineur, bien connue des pianistes débutants (découverte en 1955). Si vous êtes intéressés, voici un lien vers le catalogue très complet des œuvres de Chopin : https://www.musiqueorguequebec.ca/catal ... /chof.html

On fête cette année, (et jusqu'au 31 mars 2024) le 150ème anniversaire de la naissance de Sergei Rachmaninov (1ᵉʳ avril 1873 - 28 mars 1943). J'aimerais vous associer à cette fête en écoutant non pas une de ses œuvres pour piano (en tant que pianiste, vous devez en connaître beaucoup) mais une œuvre pour orchestre. Rachmaninov nous a laissé plusieurs poème symphoniques dont le Rocher et l'Ile des morts (qui fait déjà partie de notre playlist) et trois symphonies. C'est un extrait de sa seconde symphonie, composée en 1904, que j'aimerais vous faire écouter aujourd'hui.

Voici donc le troisième mouvement, Adagio, de cette seconde symphonie par le Royal Philharmonie Orchestra dirigé par le chef Russe Yuri Temirkanov, qui nous a quittés le 4 novembre dernier :



Moi, je suis toujours émue par le duo entre la clarinette et le basson, au début de cet adagio. Si vous le souhaitez, vous pouvez écouter l'intègrale de cette 2ème symphonie, qui dure un peu moins d'une heure. En voici le timing :

I. Largo - Allegro moderato (00:12)
II. Allegro molto (18:45)
III. Adagio (28:40)
IV. Allegro vivace (42:15)

Bonne écoute
 

Je vous propose aujourd'hui d'écouter la "Campanella", mais pas celle de Liszt, non, l'originale, celle de Niccolò Paganini. Il s'agit en fait du 3ème mouvement "Rondo à la clochette" du second concerto pour violon et orchestre en si mineur composé par Paganini en 1826.

Voici donc cette "Clochette" dans sa version pour piano et violon, interprétée par David Oistrakh en concert à Moscou en 1954 (la vidéo ne mentionne malheureusement pas le nom du —ou de la ¬— pianiste) :




Il faut écouter ce véritable petit bijou, on tutoie la perfection : le grand David Oistrakh nous ferait presque oublier la difficulté de la partition.

Merci Chantal, il est touché par la grâce, les mots sont pauvres....

Un moment de douceur pour terminer la semaine avec la Berceuse op 16 de Gabriel Fauré dans sa version originelle pour violon et piano. Elle est interprétée ici par Christian Ferras, accompagné au piano par Pierre Petit :



Bonne écoute !
 

On sait que Chopin recommandait à ses élèves la pratique du Clavier bien Tempéré de Bach. Lui même en jouait régulièrement (chaque jour ?) des extraits. Mais saviez vous qu'il avait écrit une fugue ? Composée vers 1840, elle ne fut publiée qu'en 1898, soit cinquante ans après la mort du compositeur.
Voici donc cette fugue en la mineur (B 144) de Frédéric Chopin sous les doigts du pianiste Vladimir Ashkenazy :




Bonne écoute !

Merci Chantal pour cette découverte surprenante !
Par contre je trouvais l'interprétation d'Ashkenazy trop raide ou scolaire, je ne sais pas pourquoi il l'a joué comme ça, qu'en penses-tu ? Je préfère largement cette interprétation :

Lee a écrit : lundi 18 déc. 2023 21:39 Je préfère largement cette interprétation :

Pas d'accord ! la version que tu proposes est trop romanticisée à mon goût, il y a trop de rubato. On ne perçoit plus la pulsation, comme on la ressent dans les fugues chez Bach, et même chez Shostakovich (il faut écouter ses préludes et fugues op 87 interprétés par Tatiana Nikolayeva)

Et puis Vladimir Ashkenazy est un de mes pianistes favoris. J'aime beaucoup son jeu. J'ai suivi sa carrière et ses enregistrements (j'en ai beaucoup dans ma discothèque) depuis mes 14 ans !

Je crois bien que c'est la première fois que j'entends cette pièce! Merci Chantal pour la découverte, et aussi Lee pour l'autre version, intéressant à comparer.
Je dirais que cette élégante fugue à deux voix appelle un jeu simple et sans emphase. Dans la version de Kimiko Ishizaka la construction d'ensemble se perd (à mon avis) parce qu'il y a trop de détails mis en valeur. C'est toujours une décision difficile, savoir jusqu'où faire entendre la beauté d'absolument chaque détail sert, ou au contraire dessert la perception de l'ensemble.

Claudia a écrit : mardi 19 déc. 2023 15:05 Je dirais que cette élégante fugue à deux voix appelle un jeu simple et sans emphase. Dans la version de Kimiko Ishizaka la construction d'ensemble se perd (à mon avis) parce qu'il y a trop de détails mis en valeur.

Entièrement d'accord avec toi, Claudia ! C'est ce que j'essaye d'obtenir, ce jeu simple et sans emphase, dans les fugues du CBT (je commence à avoir l'habitude : je viens d'attaquer ma 9ème fugue, celle en do mineur du Livre 2). Mais je pense que cette notion de "jeu simple et sans emphase" s'applique à toutes les fugues. Elles sont déjà suffisamment compliquées, inutile d'en rajouter . La fugue du "Prélude, choral et fugue" de César Franck jouée sans fioritures par Lugansky est somptueuse .