Lacunes inattendues / repertoire

[floyer]

Le message initial de Lee évoquait les « staccato piano » (et joli)... chose nouvelle pour elle. Il s’agit plus d’une « lacune », une capacité technique manquante que d’une mauvaise habitude, qui concerne plutôt une capacité plus usuelle mal acquise.

[josiane]

C’est vrai que de combler des lacunes est peut-être un peu plus facile que de gommer de vieilles mauvaises habitudes.
Les lacunes c’est quand même un peu à cause des profs...
J’ai eu une prof au conservatoire qui alternait une pièce de Debussy et un mouvement de sonate de Beethoven pour ses élèves de 3e cycle.... Le reste ce n’était même pas la peine d’y penser.
Forcément on sort de là avec pire que des lacunes!

[Lee]

Oui, j'ai beaucoup de mauvaises habitudes et/ou d'autres lacunes que je connais bien, par exemple les rythmes (plus compliqués que croche-croche-croche-croche et je suis un peu ou bien perdue ) ou l'accélération. Mais là c'était quelque chose que j'ai appris qui me manquait qui m'a fait songer qu'un repertoire plus varié ou plus orienté ou dirigé me ferait peut-être du bien. La question n'est jamais été de gommer tout défaut ! Mais s'il y a plein de choses que je n'ai pas vu depuis longtemps ou je n'ai jamais vu, il y aura forcément des gaps.

Lee veut dire sans doute "comment éviter qu'une lacune ne s'installe".
Parce que, si j'ai bien compris, elle pense que le fait d'avoir un répertoire de prédilection l'a éloignée durablement d'autres styles qui demandent d'autres types de toucher, de jeu.

Oui, c'est exactement ça, merci Claudia !

Je n'attendais pas que ma prof donne un morceau pour travailler une lacune, même si elle m'a donné une étude de Chopin pour la technique d'articuler.

mais qu'entends-tu par "technique d'articuler", s'il s'agit de lever haut les doigts et de les articuler avec énergie c'est plutôt contre-productif. L'articulation c'est un effet qu'on cherche pour l'oreille qui s'obtient avec des mouvements réduits en fait.

C'est moi qui ai ajouté "articuler" comme je ne sais que je ne fais(ais) pas bien, elle se souciait de comment je joue avec les doigts très plats qui n'aident pas de tout quand il faut jouer beaucoup de notes rapidement, je ne sais pas comment décrire cela. Je me souviens très bien, c'était notre premier cour, elle voulait voir un autre morceau que Rachmaninoff, j'ai joué mon Mozart que j'ai préparé pour entrer dans le conservatoire, et après une page, elle a demandé si ça me gênait de jouer une belle étude pour améliorer "la technique" elle n'a pas parlé d'articulation et puis elle a proposé que je commence à travailler op 25 no 2 de Chopin.

[Marie-France]

Varier les styles, oui, c'est essentiel pour le toucher, les oreilles, et les difficultés inhérentes à chaque compositeur.
Lee, c'est déjà bien que tu en prennes conscience. Tu vas essayer de varier davantage?
Pour ma part je n'ai jamais travaillé de pièces que je n'aimais pas au conservatoire (et après encore moins). Même si j'ai été parfois surprise par des harmonies ou des rythmes. Quand on met les doigts dans un morceau (avec un prof c'est mieux), on finit par en apprécier les subtilités et se l'approprier. Ce qu'on n'aime pas c'est souvent ce qu'on ne connait pas.
Je ne parle pas de Bach évidemment que tu connais sur le bout des doigts

[jean-séb]

Je partage avec vous une lacune découverte récemment avec la danse slave op 72 no 2 (4 mains que je dois jouer avec Hémiole): et bien, je ne sais pas faire staccato joliment et piano.
Donc ma prof a essayé de m'expliquer le geste, le main etc., mais ça marchait pas jusqu'à qu'elle me dise "comme une balle de ping-pong".

Rassure-toi, tu n'es pas la seule, et depuis longtemps comme le déplore cet article de 1896 :


https://digitalcommons.gardner-webb.edu ... text=etude

[JPS1827]

Pour le staccato, surtout piano, c'est un peu comme le reste, il faut s'entraîner à jouer du doigt en étant près de touches ; moins on sent un choc entre le doigt et la touche au moment de l'attaque, mieux c'est ; ce n'st pas la façon d'attaquer la touche qui fait le staccato, c'est la façon de quitter la touche. Un exercice en collant d'abord le doigt sur la touche non enfoncée puis en l'enfonçant avec juste un petit geste de la dernière phalange avant de la lâcher rapidement, peut être utile.

[Lee]

Ah oui, merci pour ces astuces JPS, j'étais tellement déconcerté pendant ma leçon, c'est possible que ma prof a essayé de m'expliquer cela, mais j'avais pas suivi ou compris. Là c'est très clair, je vais essayer.

Tu vas essayer de varier davantage?
Pour ma part je n'ai jamais travaillé de pièces que je n'aimais pas au conservatoire (et après encore moins). Même si j'ai été parfois surprise par des harmonies ou des rythmes. Quand on met les doigts dans un morceau (avec un prof c'est mieux), on finit par en apprécier les subtilités et se l'approprier. Ce qu'on n'aime pas c'est souvent ce qu'on ne connait pas.
Je ne parle pas de Bach évidemment que tu connais sur le bout des doigts

Oui, peut-être de moi-même ou par des suggestions de ma prof, mais je n'aime pas décevoir en disant "non, je n'aime pas cette suggestion ou l'autre, tu me donnes des autres suggestions encore ?" J'imagine que la prof ne prendrait pas bien
Je ne peux pas dire que je connais tout Bach, par exemple je n'ai jamais joué une fugue, mais j'ai joué des préludes, des inventions, des menuets et autres dances, etc. je ne sais plus comment ils s'appellent. J'ai quasiment tout donné de mes livres de Bach, il me reste un à filer à Hémiole. Merci.

Merci beaucoup Jean-Séb pour l'extrait très intéressant qui donne des titres à essayer !

[Line-Marie]

Je rebondis sur ce sujet avec une idée qui m'est venue ce matin.
Avec mes deux amis violoniste et violoncelliste, nous travaillons des trios de Frank Bridge et un de Selim Palmgren. Pour celui de Palmgren, il n'y a aucun enregistrement. C'est une Valse (finlandaise) donc nous connaissons bien la rythmique mais nous decortiquons les informations données sur la partition pour trouver les bonnes nuances, le bon Tempo et cela induit pour chacun de nous de trouver le bon geste qui conduit au bon son. C'est un travail que j'aime bien faire mais quand je suis seule au piano à travailler une pièce, parfois je passe outre et donc je prends de mauvaises d 'habitudes qu'il faut que je déconstruise puis reconstruise correctement...
Donc Lori peut être que tu n'as pas tant que ça de mauvaises habitudes, mais plutôt une lecture superficielle de la partition ?

[Lee]

Oui, Hémiole et moi allons le jouer bientôt ensemble, ça va m'aider et ça serait plus sympa de jouer et travailler comme ça. Merci

[catherine]

Par "lacunes" vous entendez beaucoup de choses différentes : ne pas connaitre certains styles (et en effet à un compositeur et à une pièce en particulier va correspondre un son qu'il faut donc faire naitre), prendre de mauvaises habitudes, ou avoir des lacunes techniques qu'on connait déjà ou bien qu'on découvre.
Je partage tout ça en me disant qu'à chaque fois qu'on découvre quelque chose on peut gagner quelque chose.... que ça va se construire peu à peu... mais il y a aussi "comment déconstruire l'idée qu'on a des lacunes définitives et irrécupérables" comme par exemple je pense en avoir dans le grand chapitre "vélocité et doigts". Je me rends bien compte que plus on le croit, plus ça se réalise malheureusement. JPS est là pour déconstruire ce qu'il y a autour de l'idée d'articuler, et je trouve que c'est très précieux parce que envisager un souci technique différemment c'est à dire avec une solution différente (en l'occurrence, penser l'articulation comme un mouvement rapproché et non lever les doigts, voire peut-être penser l'articulation davantage comme une énergie que comme un mouvement ?), fait qu'on sort des obstacles qu'on a rencontrés.
Donc l'apparition surprise d'une lacune pourrait bien signifier une découverte, et la confirmation d'une lacune qu'on connait déjà signifierait qu'il faut chercher une autre façon de la résoudre que tout ce qu'on a essayé avant...