La playlist du Pianautilus

[Chantal]

Merci Minette pour ce bel extrait des Maîtres Chanteurs (et pour le lien vers la partition de Liszt). J’avoue que c’est l’opéra de Wagner que je connais le moins.

On va abondonner Wagner, mais pas la voix. Je voudrais vous faire écouter aujourd’hui trois mélodies françaises, et j’ai choisi comme fil conducteur Jean Lahor, de son vrai nom Henri Cazalis (1840 - 1909), poète symboliste et médecin (il eut pour patients célèbres Guy de Maupassant et Paul Verlaine) français. Un peu oublié de nos jours, ses poèmes ont inspiré des musiciens comme Camille Saint-Saëns, Henri Duparc, Ernest Chausson ou Renaldo Hahn.

Voici donc trois poèmes de Jean Lahor extraits du recueil « L'Illusion, Chants de l'Amour et de la Mort » : « Chanson triste », mis en musique par Henri Duparc, « Sérénade mélancolique », mis en musique par Ernest Chausson et « Nocturne », mis en musique par Renaldo Hahn.

Chanson triste

          Dans ton cœur dort un clair de lune,
          Un doux clair de lune d'été,
          Et pour fuir la vie importune,
          Je me noierai dans ta clarté.

          J'oublierai les douleurs passées,
          Mon amour, quand tu berceras
          Mon triste cœur et mes pensées
          Dans le calme aimant de tes bras.

          Tu prendras ma tête malade,
          Oh! quelquefois, sur tes genoux,
          Et lui diras une ballade
          Qui semblera parler de nous ;

          Et dans tes yeux pleins de tristesse,
          Dans tes yeux alors je boirai
          Tant de baisers et de tendresse
          Que peut-être je guérirai.

Henri Duparc : Chanson triste, interprétée par le ténor Jonas Kaufmann, ténor accompagné au piano par Helmut Deutsch




Sérénade mélancolique

          Tes grands yeux doux semblent des îles
          Qui nagent dans un lac d'azur :
          Aux fraîcheurs de tes yeux tranquilles,
          Fais-moi tranquille et fais-moi pur.

          Ton corps a l'adorable enfance
          Des clairs paradis de jadis :
          Enveloppe-moi de silence,
          Du silence argenté des lys.

          Alangui par les yeux tranquilles
          Des étoiles caressant l'air,
          J'ai tant rêvé la paix des îles,
          Sous un soir frissonnant et clair !

Chausson : Quatre mélodies op 13 — 2. Sérénade, par la soprano allemande Christine Schäfer accompagnée au piano par Irwin Gage




Nocturne

          Sur ton sein pâle mon coeur dort
          D'un sommeil doux comme la mort
          Mort exquise, mort parfumée
          Au souffle de la bien aimée ...
          Sur ton sein pâle mon coeur dort
          D'un sommeil doux comme la mort


Hahn : Nocturne par la mezzo-soprano américaine Susan Graham accompagnée au piano par Roger Vignoles




Et pour celles et ceux d’entre vous qui seraient allergiques à la voix (chantée), voici, interprétées par Mischa Maisky, violoncelle & Daria Hovora, piano
• Chanson triste de Duparc
• Sérénade op 13 n° 2 de Chausson

Bonne écoute

[Agnès]

Merci Chantal pour ces découvertes. J’ai été particulièrement touchée par le nocturne de Reynaldo Hahn, qui fut, je l’apprends sur Wikipedia, le principal compagnon de Proust. Je rêve pouvoir un jour accompagner une chanteuse de cette tessiture, mais je n’ai nulle chanteuse dans mon entourage…

[Hémiole]

Et pour celles et ceux d’entre vous qui seraient allergiques à la voix (chantée), voici, interprétées par Mischa Maisky, violoncelle & Daria Hovora, piano
• Chanson triste de Duparc
• Sérénade op 13 n° 2 de Chausson

Bonne écoute

Ça c'est adorable Chantal ! Merci
Et ces morceaux sont très beau.

[Chantal]

Et ces morceaux sont très beau.

C'est vrai. Je crois que je préfère moi aussi la version pour violoncelle et piano. Et puis, le violoncelle de Mischa Maisky est magique…

[Chantal]

Phase « Baroques italiens » en ce moment. Je réécoute avec délices Monteverdi, Frescobaldi, Pergolèse (ah, son Stabat Mater ! je vous recommande l’enregistrement des Talents Lyriques de Christophe Rousset avec Andreas Scholl et Barbara Bonney paru chez DECCA, une merveille…), Vivaldi et autre Corelli (oui, celui qui a composé la célèbre sonate pour violon La Folia, qui a inspiré à Rachmaninov ses non moins célèbres Variations sur un Thème de Corelli). Je viens de m’offrir l’intégrale de l’œuvre de Corelli en 10 CD parue chez Brilliant Classics, un vrai régal !
C’est donc une œuvre d'Arcangelo Corelli que je voudrais vous faire écouter, et une œuvre de circonstance puisqu’il s’agit de son Concerto Grosso op 6 n° 8 « pour la nuit de Noël » (le titre original est Concerto grosso No.8 'Fatto per la Notte di Natale').

Voici donc ce concerto grosso op 6 n° 8 « pour la nuit de Noël » dans la très belle interprétation de l’ensemble The English Concert dirigé de l’orgue par son chef habituel, Trevor Pinnock :




Et observez le joueur de théorbe (théorbiste ???) — il est au second rang à la droite du chef — la longueur du manche de son instrument est impressionnante…

Bonne écoute

[Chantal]

En ce matin de Noël, je vous propose une des dernières œuvres composées par Claude Debussy, et sa dernière mélodie pour voix et piano, le « Noël des enfants qui n’ont plus de maison ». Œuvre patriotique composée en décembre 1915, Debussy en a écrit également le poème (il est utile de préciser ici que Debussy, mort le 25 mars 1918, n’a pas connu l’issue de la Grande Guerre).

Nous n’avons plus de maisons !
Les ennemis ont tout pris, tout pris, tout pris,
Jusqu’à notre petit lits!
Ils ont brûlé l’école et notre maître aussi,
Ils ont brûlé l’église et monsieur Jésus-Christ,
Et le vieux pauvre qui n’a pas pu s’en aller!
Nous n’avons plus de maisons!
Les ennemis ont tout pris, tout pris, tout pris,
Jusqu’à notre petit lit!
Bien sûr! Papa est à la guerre,
Pauvre maman est morte!
Avant d’avoir vu tout ça.
Qu’est-ce que l’on va faire ?
Noël, petit Noël, n’allez pas chez eux, n’allez plus jamais chez eux, punissez-les !
Vengez les enfants de France !
Les petits Belges, les petits Serbes, et les petits Polonais aussi !
Si nous en oublions, pardonnez-nous.
Noël ! Noël ! surtout, pas de joujoux,
Tâchez de nous redonner le pain quotidien.
Nous n’avons plus de maisons!
Les ennemis ont tout pris, tout pris, tout pris.
Jusqu’à notre petit lit!
Ils ont brûlé l’école et notre maître aussi,
Ils ont brûlé l’église et monsieur Jésus-Christ,
Et le vieux pauvre qui n’a pas pu s’en aller !
Noël ! Écoutez-nous, nous n’avons plus de petits sabots!
Mais donnez la victoire aux enfants de France.


Voici cette mélodie interprétée par la soprano Véronique Gens accompagnée au piano par Roger Vignoles :



Et désolée d’attrister cette belle journée de Noël 2022

[Claudia]

Il est vrai que si nos foyers sont pleins de lumière et chaleureux, impossible d'oublier le malheur qui frappe tant de régions du monde....
Merci Chantal pour cette belle proposition musicale.

[Vincent]

J'ajoute mes remerciements à ceux de Claudia.
En revanche, est-ce à dessein que tu a mis en ligne une vidéo qui certes sied d'une certaine façon à l'esprit de Noël ("Nuit d'étoiles") mais qui ne correspond pas au poème que tu as proposé ?

Peu importe au fond car les deux mélodies sont tout aussi plaisantes l'une que l'autre.

Mais je mets quand même ci-dessous le lien pour le "Noël des enfants qui n'ont plus de maison". C'est le même disque et les mêmes interprètes quoi qu'il en soit.

[Chantal]

…est-ce à dessein que tu a mis en ligne une vidéo qui certes sied d'une certaine façon à l'esprit de Noël ("Nuit d'étoiles") mais qui ne correspond pas au poème que tu as proposé ?

Ben non ! Mais hier matin (après le réveillon), j'avais l'esprit un peu embrumé et je me suis trompée C'est bien le "Noël des enfants qui n'ont plus de maison" que je voulais vous faire écouter… Mes plus plates excuses ! Et merci à Vincent pour le bon lien… Je vais me couvrir la tête de cendres…

[Vincent]

Je vais me couvrir la tête de cendres…[/size][/i]

Pour cela, tu vas devoir attendre le mercredi 22 février...
Mais ne t'en fais pas, la Nuit étoilée était fort jolie aussi, et de circonstance également.