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Fauré, Nocturne #4

Posté : samedi 12 déc. 2020 15:03
par pascalg
Bonjour,

Fauré, un univers que je viens de découvrir (son œuvre pour piano seul), et ce Nocturne, une pièce parmi les "abordables" (avec le #3, je crois) que j'ai décidé de travailler

je n'ose pas solliciter mon futur professeur : certain qu'il trépigne encore davantage que moi dans l'attente de la fin du xième confinement... passons !
nous devrions nous rencontrer, à ce moment-là, du futur nébuleux qui se profilera bien un jour ou l'autre; mais pour le moment, je suis sans professeur.

j'ai décidé de travailler ce nocturne sans pédale, pour lier au maximum les accords de la main gauche (la pédale viendra, en son temps, lier le déplacement) cela me permet en outre de "savourer" chaque accord dans les harmonies chaudes, raffinées et subtiles de cet univers.
pour le passage "tranquillamente" et surtout pour le passage "sempre tranquillo" (à l'octave), j'ai choisi de travailler de la même façon, en tenant au maximum la note (blanche)
[je ne suis pas allé plus loin, dans le déchiffrement du Nocturne]

à cet égard, je voudrais poser deux questions :
1. est-ce une "bonne" technique de travail ?
2. pour tenir les blanches dans le passage "sempre tranquillo", je suis obligé de changer les doigtés de Mme Thyssens-Valentin que j'admire beaucoup (c'est pour cette raison que je me suis procuré l'édition Leduc...) : est-ce que je ne risque pas de "trahir" l'esprit du Nocturne ?

une musique aussi mystérieuse et subtile est à la fois captivante et impressionnante : on craint de n'être pas dans le "ton", si je puis dire..

merci à celles et ceux qui voudront bien donner un peu d'attention à ce message

Re: Fauré, Nocturne #4

Posté : samedi 12 déc. 2020 17:36
par Line-Marie
Magnifique prélude de Fauré, que du plaisir en perspective.
C'est difficile pour moi de répondre à ta question " est-ce que c'est bien de travailler sans pédale au départ".
Je ne te connais pas du tout et encore moins musicalement....
J'ai travaillé ce Nocturne en 2015. Je n'ai jamais travaillé sans pédale, surtout dans cette musique où justement la pédale est si importante qu'il faut du temps pour trouver le bon dosage.
Sans doute ais je travaillé certains passages qui me posaient techniquement un problème, sans pédale .
J'ai également l'édition dirigée par Germaine Thyssens-Valentin et j'ai lu son commentaire sur " on joue avec les doigts et non avec les pieds "
La prof de mon enfance Simone Boucly, élève de Cortot me disait : " ce sont tes oreilles qui guident tes pieds. Ecoutes ce que tu fais , réfléchi à ce que tu veux entendre et tes pieds se mettront au diapason" .
Je travaille quand même beaucoup les pédales dans les morceaux que je travaille ( Kabalewski et Grovlez) et je suis bien contente quand ma prof ( je prends quelques cours par an) m'indique une façon de mettre la pédale, et m'oblige à réfléchir sur ce que le compositeur voulait faire entendre....
Donc pour revenir à ta question :
Je me souviens avoir travaillé la main gauche seule sans pédale ( effectivement pour bien enchaîner, de façon fluide tous les accords) puis avec pédale, puis mains ensemble toujours avec pédale.
Il n'y a aucun doigtés main gauche et je n'ai surtout pas changé les doigtés MD proposer par G.Thyssen et sont excellents pour conduire les phrases. Cela semble un peu tordu parfois, mais une fois le morceau mémorisé et qu'on entre dans la phase de travail d'interprétation approfondie, ces doigtés sont excellents pour lier et conduire les contrechants.
J'espère que tu partageras un jour ton travail à l'aide d'un enregistrement.

Re: Fauré, Nocturne #4

Posté : samedi 12 déc. 2020 19:19
par Marie-France
Bonsoir pascalg.
Je n'ai jamais travaillé ce Nocturne. Il est en effet très beau.
Je trouve que c'est une très bonne idée de travailler sans pédale. Par contre les accords ne sont pas liés. On les pose et les enlève avec délicatesse pour aller au suivant. C'est ce toucher-là qu'il faut acquérir en même temps que la bonne synchronisation des doigts.
Et puis tenir les blanches partout où c'est possible (personnellement il y a quelques endroits qui me sont impossible) c'est effectivement comme cela que je ferais aussi d'autant plus que vous pourrez ainsi moduler la pédale tout au long de chaque mesure sans les perdre. Cela permet aussi de faire entendre le balancement des blanches et de garder les mains stables, au plus près des touches.
Par contre je n'ai pas la même édition (la mienne c'est Hamelle revue par Roger Ducasse) et donc je ne sais pas de quels doigtés vous voulez parler. Sur la mienne absolument aucun doigté...

Re: Fauré, Nocturne #4

Posté : dimanche 13 déc. 2020 00:12
par Quazart
Bonsoir Pascal,

Je me trouve dans le même cas que toi avec un temps d'avance, j'ai travaillé récemment le 1er Nocturne op33/1 qui m'a procuré un plaisir immense, et plus de travail que je ne l'imaginais...

Travailler sans pédale me semble toujours utile au moins pour s'assurer de la qualité du legato.
Par contre je ne comprends pas bien en quoi changer les doigtés pourrait trahir l'esprit du Nocturne ? La tenue des blanches est impossible ou quasiment lorsqu'elles se présentent en octaves : à l'impossible..........

Je te souhaite beaucoup de plaisir dans ton travail !

Re: Fauré, Nocturne #4

Posté : dimanche 13 déc. 2020 13:40
par pascalg
Bonjour et merci pour vos précieuses réponses

@Line-Marie : quel beau conseil, de la part du professeur "les oreilles [...] guident les pieds" : j'en tiendrai compte, effectivement!
@Marie-France : le travail de legato va dans le sens du toucher que vous me conseillez : plus je pourrai lier, mieux je pourrai déposer délicatement les accords
@Quazart : on peut tenir les blanches, ainsi que les blanches en octave, sauf la première, au début, le sib en octave : on doit lâcher pour un temps -très court, au tempo- de deux doubles-croches

pour synthétiser; les doigtés de Mme Thyssens-Valentin induisent de tenir les blanches grâce à la pédale, j'aimerais tenter de les tenir sans, ou avec un dosage a minima, pour ne pas "noyer" les doubles-croches ornementales ("climatiques", pourrait-on dire), et je souscris entièrement aux propos de Marie-France :
Marie-France a écrit : samedi 12 déc. 2020 19:19 Cela permet aussi de faire entendre le balancement des blanches et de garder les mains stables, au plus près des touches.
,
doublés de ceux de Mme Thyssens-Valentin, rapportés par Line-Marie :
Line-Marie a écrit : samedi 12 déc. 2020 17:36 " on joue avec les doigts et non avec les pieds "
(en plus, c'est un alexandrin :content: )

faire entendre le résultat... le travail va me prendre un temps certain, d'autant plus que mon but n'est pas de "passer" le morceau coûte que coûte, mais de travailler le son! (@Qazart, entièrement d'accord sur la difficulté peu apparente, et pourtant inhérente à cette musique) et la qualité et le niveau des intervenants de ce forum, dont nombre de professeurs, m'impressionne; même si je n'ai lu que des "critiques" d'où émanait uniquement la bienveillance et l'amour fou de la musique...

Re: Fauré, Nocturne #4

Posté : dimanche 13 déc. 2020 18:12
par Marie-France
Je ne sais pas si ça vous intéresse mais sur l'édition Hamelle il y a les commentaires de Roger Ducasse quant à l'interprétation de ce Nocturne.

Re: Fauré, Nocturne #4

Posté : dimanche 13 déc. 2020 20:01
par pascalg
Marie-France a écrit : dimanche 13 déc. 2020 18:12 Je ne sais pas si ça vous intéresse mais sur l'édition Hamelle il y a les commentaires de Roger Ducasse quant à l'interprétation de ce Nocturne.
oui, bien sûr, toujours intéressant...!
merci beaucoup

Re: Fauré, Nocturne #4

Posté : dimanche 13 déc. 2020 20:18
par Marie-France
Noturne 4 fauré par Ducasse.jpeg
Noturne 4 fauré par Ducasse.jpeg (1.89 Mio) Vu 1434 fois

Re: Fauré, Nocturne #4

Posté : dimanche 13 déc. 2020 21:37
par pascalg
Merci beaucoup
Je relirai tout cela à tête reposée - bonne soirée à vous :content:

Re: Fauré, Nocturne #4

Posté : lundi 14 déc. 2020 09:55
par catherine
hohoho (comme dirait le Père Noel), ça donne envie tout ça ! peut-être une prochaine piste d'exploration alors...