@ Vincent. Tu me mets la pression, là! Je ne suis pas spécialiste de Debussy.
(Je souhaitais faire cette petite mise au point). D'autres le sont bien mieux que moi.
Je me sers de mes oreilles et de ce qui m'a été enseigné en cours d'analyse et d'harmonie.
C'est vraiment utile pour comprendre l'idée générale, discerner les paragraphes, les respirations, les répétitions... et au milieu de ce fatras de notes (Debussy ne s'en prive pas) celles qui doivent avoir plus de relief que les autres: les appoggiatures, les retards..
De même ne pas oublier qu'il y a le rythme, les carrures, les appuis qui sont différents selon les temps.
Parce que quoiqu'en dise Debussy, il a tout de même utilisé les bases de l'écriture... même s'il n'y est pas allé avec le dos de la cuiller
@ Laure. Bravo, pour ce très beau travail. C'est une pièce difficile et tu vas y arriver. Mais je comprends ta frustration. Tout est en place et ça ne sonne pas comme tu voudrais. Tu en es à la plus belle phase! Celle où on peaufine les détails. Il suffit de bien peu de choses parfois pour que ça prenne une autre tournure.
Je suis d'accord avec Lee. Cela manque de respirations (ce n'est pas grand chose de respirer!). Que fais-tu des petits "
rit.... a tempo" disséminés de droite et de gauche. Comment peux-tu enchainer les phrases sans prendre au moins une micro-respiration? Que dis-tu donc à tes élèves quand ils te lisent un texte? Je suis sûre que tu peux faire ce travail de recherche des phrases. Où elles commencent et où elles s'arrêtent. Les jouer seules, les chanter et entendre leurs inflexions.
Je trouve que Catherine a très bien exprimé ce qu'il te faut viser. Et je rajouterais qu'on entend presque le métronome que tu as dû suivre avec beaucoup de soin
. Mais il y a une chose qu'on oublie trop souvent. Les temps ne sont pas tous aussi forts (n'en déplaise à Monsieur Maelzel). Ils sont indispensables mais font partie d'un tout qu'est la mesure, comme les secondes font partie des minutes. Et les mesures font partie d'un ensemble, de phrases, très souvent des carrures, et qui ont elles-mêmes leur rythme.
Dans un premier temps, réécoute les enregistrements de Nelson Freire ou d'autres, et frappe à la mesure, c'est à dire à la ronde. Ton rythme intérieur va déjà s'en ressentir. Puis joue en pensant de la même façon. Cela va déjà atténuer le "fracas du monde" (j'aime bien cette expression
) . Tu vas tendre vers plus d'horizontalité (ce qu'est une phrase mélodique), et te sentir moins stressée.
Et puis il y a la pédale forte. Il te faut la vérifier. Tu la coupes bien souvent alors qu'il ne faudrait pas. Les basses doivent résonner sinon à quoi sert-il à Debussy d'écrire des rondes liées à des rondes, voire plus à certains endroits. Il ne faut pas chercher la netteté.
Par exemple, mesures 3 à 6, les accords jouent dans les harmoniques des basses, inutile de les marteler, ils ont juste un rôle rythmique. Ils permettent à la mélodie du gamelan de sortir et briller au-dessus.
Une petite question: dans les mêmes mesures combien y a-t-il de voix (ou de plans comme le dit Catherine)?
Il serait bien que tu fasses ce travail de dissociation des voix un peu partout.
Et puis n'oublie pas les nuances. Ce que ton enregistreur gomme peut-être un peu. Même celles qui ne sont pas écrites mais induites: par des fins de phrases, des répétitions, des relances... chante ce que tu entends intérieurement..
Bon ben voilà, si on me demande mon avis, je n'en finis plus