Le Lieu
Bien que donné dans le cadre du festival de piano de La Roque d’Anthéron, le concert à eu lieu au Grand Théâtre de Provence, à Aix en Provence et non dans le bel auditorium de La Roque. Il paraît que le Maître n’aime pas jouer en plein air

Le programme
Chopin : Deux Polonaises op 26
Chopin : Polonaise en fa dièse mineur op 44
Chopin : Polonaise en la bémol majeur op 53 "Héroïque"
Rachmaninov : Intégrale des dix préludes opus 23
Le pianiste
Alors là… Si on a pu qualifier Sviatoslav Richter de « titan du piano », moi, je qualifierais Grigory Sokolov de « magicien du piano »
Il arrive sur scène sans sourire, très concentré, passe derrière le piano, s’incline, s’assoie, et pose immédiatement les mains sur le clavier… et c’est l’extase !
Pas de virtuosité gratuite (ses tempi sont plutôt lents), jamais d’esbrouffe, un toucher miraculeux, des phrasés qui paraissent évidents, des rubatos de rêve, jamais trop appuyés. Capable des pianississimo le plus tendres comme des fortississimos les plus rageurs, au cours desquels vous entendez toutes les notes (tiens ces deux notes-là, Chopin les a écrites ? je ne les ai jamais entendues. Pas besoin d’aller vérifier sur la partition, elles y sont bien…). Il donne l’impression de re-créer ce qu’il joue. Même les pièces que vous connaissez par cœur, il vous semble les découvrir pour la première fois…
Très court entracte (nous n’avions pas le droit de quitter nos sièges, Covid oblige) entre les polonaises de Chopin et les préludes de Rachmaninov, au cours duquel un technicien est venu régler les aigüs du piano (Sokolov est paraît-il très pointilleux pour les instruments — hier, c’était un Steinway — sur lesquels il joue).
Les bis
Nous avons eu droit à… 6 bis (c'est habituel chez Sokolov) ! Dans le désordre :
Chopin : Mazurka op 68 n° 2 (ah, les trilles ! Le seul mot qui me vient à l’esprit pour les qualifier c’est : légèreté…)
Chopin : Prélude op 28 n° 20
Brahms : 2 intermezzi (op 117 ?)
Scriabine : Prélude op 11 n° 4
Bach : Prélude de la Partita n° 1
Bref, vous l’aurez compris, que du bonheur !!!!
J’ai découvert Grigory Sokolov il y a peu de temps, un peu par hasard, au cours de mes (trop nombreuses) pérégrinations sur YouTube. J’étais tombée sous le charme de cette merveilleuse interprétation du secons mouvement de l’avant-dernière sonate (la D 959) de Schubert : https://youtu.be/xkXYbVDVyB0
Et puis j’ai tant aimé les deux Brahms donnés en bis que ce matin, j’ai recherché sur la Toile, et j’y ai trouvé un enregistrement de l’intermezzo op 117 n° 2. Le voici en cadeau, rien que pour vous :