Des gammes ou autres "exercices" tirés de vos morceaux

[Lee]

Bonjour,

Dans le fil "quelles études ?" la vidéo de Cassard m'a fait pensé comment une gamme même jouée musicalement est ennuyeuse, que c'était dommage que je n'avais pas gardé dans les doigts et dans un dossier des morceaux appris avec des gammes, arpèges ou autres "exercices".

Mais finalement ce n'est pas trop tard, peut-être que vous pouvez m'aider en proposant d'autres ?

Ce qui me vient premièrement en tête est le 10ème prélude de Marie Szymanowska.

maria szymanowska extrait.png (90.26 Kio) Vu 2274 fois

Je suis ravie de découvrir que la partition complète de ses 20 exercices et préludes est maintenant sur IMSLP, peut-être grâce à Jean-Séb, de qui j'ai obtenu la partition il y a plus quelques années :
https://vmirror.imslp.org/files/imglnks ... 465343.pdf

[Lee]

Je suis contente de revenir sur ce fil pour expliquer une expérience que j'ai eu récemment qui m'a rappelé ce fil.

Mon prof venait de me montrer les exercices de bases qu'on pouvait faire. J'avais déjà fait des arpèges en majeur et en mineur dans le passé, mais cette fois là, en faisant devant lui, je lui ai dit, mais ça fait mal, ça ne tombe bien avec 1 - 2 - 3 - 1 (passage de pousse) - 2 - 3 etc. mais il m'a rassuré que c'était comment faire.

Après notre séance exercices, je me mettais à jouer un Schubert que je travaillais et je ne pouvais plus jouer les arpèges du morceau, parce que les doigtés étaient complètement différent. Mon prof a dit que c'était l'inconvénient des exercices avec des doigtés différentes de morceau travaillé. Il a vérifié les doigtés sur le Schubert et nous avons vite passé à autre sujet comme il y avait plein de choses à voir. Mais finalement après coup, je me dis que les doigtés qu'il a conseillé pour le Schubert sont tout courts meilleurs et plus confortables pour les arpèges, c'est peut-être mes mains qui ne sont pas assez grands pour que le passage de pouce se passe bien. Voilà le passage en question, ce sont les deux premières lignes du morceau :

Schubert.png (163.31 Kio) Vu 77 fois

J'ai appris les premières notes avec les doigtés 2 (do) - 1 (do) - 2 (mibémol) -1 (sol) - 3 (do) - 5 (mibémol).
Après notre leçon, je me constatais que pour les arpèges, 1 - 2 - 1 - 2 - 3 - 1 - 2 - 3 -1 - 2 est beaucoup plus confortable que 1 - 2 - 3, parce que le passage de pouce étant entre le mi et le sol au lieu d’être entre sol et do.

Je ne tire pas forcément des conclusions concernant la pratique des arpèges ou les exercices (ou pas), mais voilà, ça a joué dans un sens sans que je ne le cherche !

[Hémiole]

Je crois que j'ai eu le même problème que toi dans la 1ere ballade de Chopin où j'ai essayé les 2 doigtés. (Mais finalement aucun ne fonctionnait bien sans erreurs , les arpèges c'est pas mon truc)
Il me semble aussi que mettre les doigts 1/2 sur l'intervalle le plus grand paraît logique, en tous cas quand on n'a pas la main bien grande, mais en effet ce n'est pas comme ça qu'on nous l'apprend, sûrement pour que le pouce tombe sur la tonique dans les 2 cas arpège et gamme ? Quoique, ce n'est pas vrai dans toutes les tonalités alors ?

Un bon entraînement aux arpèges avec un geste suffisamment souple du poignet peut sans doute permettre de passer plus facilement le doigté "classique".
Est-ce important ?

J'aimerais d'autres avis...

[Marie-France]

Il faut bien un doigté de base ! Cela permet de mettre en place des automatismes dont on va souvent avoir besoin en déchiffrage ou en improvisation ; et même s’ils ne sont pas toujours adaptés, ils sont une proposition souvent pratique et utilisée. Pourquoi s’en priver si c’est possible.
Mais il est bien évident qu’à l’intérieur d’une pièce un doigté est fonction de plein de choses :
Déjà, de ce qui vient avant et après, mais aussi du son ou de l’articulation que l’on veut obtenir, de notre grandeur de main, de nos habitudes, de notre habileté. Donc il faut pouvoir diversifier des façons de faire avec des doigtés différents, et éduquer le cerveau à cette malléabilité. Les organistes ont même des doigtés qui nous paraissent totalement farfelus, mais qui sont primordiaux pour l’attaque et l’articulation. C’est donc principalement le phrasé et non le « confort » qui doit nous guider pour le meilleur doigté.
Après, quand ça ne veut pas, ça ne veut pas pour aller dans le sens d'Hémiole dans la Ballade Chopin! Il faut du temps, beaucoup de temps et parfois finir par faire des arrangements pas très orthodoxes (enfin quand on peut).
Personnellement je suis toujours en recherche d'une meilleure position du bras, du poignet, des doigts, de la détente, enfin tout ce qui participe à la réalisation d'un bel arpège bien réussi, surtout que mes doigts n'ont plus vingt ans...

[catherine]

Alors dans ce passage précis je n'aurais jamais pensé à mettre 1-2-1-2-3
le 1-2-3-1-3 me parait tellement plus naturel dans l'accompagnement du geste
comme quoi c'est intéressant de rester en recherche...

[Hémiole]

Merci Marie-France pour tes explications, et Catherine pour ton ressenti. Difficile donc de généraliser...

[Lee]

pour que le pouce tombe sur la tonique dans les 2 cas arpège et gamme

J'ai oublié de raconter que quand j'ai fait les arpèges étant exercices avec le prof, il m'a demandé de faire les accents ailleurs que la tonique (tous les 5 notes je crois) justement parce que en tombant sur la pouce, c'était toujours trop accentué.
Tout cela me force de prendre plus de conscience des doigtés, ce que je fais trop peu et surtout pas en pensant du phrasé, merci Marie-France pour le rappel !