miroir et travail

les pianautes au clavier
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catherine
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miroir et travail

Message par catherine »

Des réflexions croisées: Bruno a rouvert le fil des enregistrements de Beuvray 2024, Vincent veut disparaitre, j'entends des échos de vieilles conversations et de récents échanges autour de nos performances musicales, de notre image, de nos capacités d'apprentissages mais aussi de notre énergie à apprendre et à continuer qui parfois faiblit (là je parle du piano, ... évidemment ça me fait des clins d'yeux car ça peut être élargi...), ce que nous ressentons lorsque nous sommes confrontés à ce que nous pouvons faire au piano, de la différence entre ce que nous voulons entendre et ce que nous entendons et de la profonde déception qui s'ensuit parfois.

Je vois que d'avoir évoqué Beuvray m'a directement remis au travail. Mais j'entends aussi résonner des découragements abordés par d'autres il y a quelques mois. Je pense à de nombreuses discussions autour du trac.
Le psychologue québequois Gaston Brosseau aborde ce que nous osons (ou non) sous l' angle de l'affirmation de soi et du dépassement de certaines contraintes (dépasser l'angoisse de performance, de séduction, de solitude et de rejet).

J'écoute Lola Lafon ce matin sur F Inter qui aborde, de façon simple et juste, en quelques phrases, cette question du modèle parfait, et de ce que nous pouvons en faire, à propos d'écriture et de danse, au début de l'émission. (le reste de l'émission est très intéressant aussi !)
https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/totemic
(nous savons ce que doit être le geste parfait, nous en avons des références, et nous savons aussi qu'il reste souvent hors de portée, et comment faire avec cela)

Il me semble que ces notions profondes ne peuvent s'intégrer que lorsqu'elles nous arrivent "au bon moment" comme un tilt, sous la bonne forme, celle qui nous convient et qui s'intègre à nous. Et qu'elles sont répétées et jaillissent de sources variées.

Je vous propose ici les "tilts" sur le miroir et nous...
Modifié en dernier par catherine le vendredi 10 janv. 2025 18:55, modifié 1 fois.

Bruno
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Re: le miroir et nous

Message par Bruno »

Très bonne chose de se remettre au travail :bravo:
Sujet très intéressant…
Il est important lorsque l’on joue en public de ne pas négliger la préparation.
De celle-ci résulte notre réussite, sans parler que le capital confiance est augmenté.
Le paramètre geste juste est assez complexe surtout en concert car il sous-tend un relâchement parfait.
On cherche constamment cette perfection du geste, un travail de vigilance pendant nos répétitions.

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Claudia
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Re: le miroir et nous

Message par Claudia »

Je pense qu'il y a une grande différence entre le miroir "de travail" et le miroir disons psychique correspondant à une image de soi.
Le miroir de travail, celui où l'on ne voit que ses défauts, c'est celui qui nous sert de support pour corriger, pour avancer, et pour moi il est fait de choses très concrètes; plus c'est concret, plus ça m'aide. C'est là où l'enseignement métaphorique qui va évoquer les premières lueurs de l'aube par exemple pour m'expliquer comment jouer un arpège pianissimo qui émerge du silence ne m'est pas très utile. Par contre une explication sur le sens musical du silence, sur la première rencontre du doigt avec la première touche de l'arpège, va peut-être m'aider. Il ne s'agit pas d'une image idéale. Ce qui m'aide c'est l'espace où je peux intervenir.
Un danseur va regarder l'angle formé par telle partie du corps dans une posture, la courbe dessinée dans l'espace par tel mouvement, de manière très concrète. C'est parce que c'est concret que ça peut être amélioré, c'est une matière.
Il n'y a pas vraiment d'image de soi là dedans, je pense. Il y a l'amour du travail, l'amour de la musique. Le "soi" s'efface devant autre chose qui le nourrit.
Au stade où j'en suis, je peux dire aussi, très sincèrement, que la différence entre ce que je "veux" ou "crois" entendre et ce que je joue effectivement vient tout simplement d'un manque d'entraînement à l'écoute vraiment active, vraiment critique, concrète, sur des choses parfois très simples qui peuvent aller de la composition d'un accord (arriver à entendre toutes les notes) à l'exactitude d'un motif rythmique. La modestie évoquée dans le podcast (Lola Lafon parle d'humiliation, terme sans doute à entendre dans son sens mystique!) c'est de ne pas lâcher cet effort, d'en faire une passion.
Je ne peux rien dire sur le trac car j'ai décidé de ne plus m'en occuper; j'ai peu de temps pour la musique et je me suis proposé de travailler mes morceaux et de ne pas penser au reste. Je ne joue pratiquement devant personne sauf de temps en temps mon professeur ou les profs et camarades de stage, Beuvray et parfois des rencontres avec des amis pianistes, cela me convient et me suffit. La musique est mon refuge, je ne veux plus me tourmenter dans cet univers que j'aime. (les tourments arrivent quand même tous seuls de temps en temps, comme chez tout amateur!)

Vincent
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Re: le miroir et nous

Message par Vincent »

catherine a écrit : vendredi 10 janv. 2025 10:49 Vincent veut disparaitre
:mask:
Tu exagères, tu me prêtes des idées quasi suicidaires, que je n'ai pas !
Disons juste que je souhaite marquer une pause.
Modifié en dernier par Vincent le dimanche 12 janv. 2025 09:06, modifié 1 fois.

catherine
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miroir et travail

Message par catherine »

Bon je ne voulais pas relancer une discussion sur le trac. Il ne m'apparaissait que comme l'un des échos qui croisaient le reste. Et je suis d'accord pour ne pas lui laisser une place qui ne ferait que nous encombrer, et mieux vaut nous tourner vers autre chose.

Je voulais plutôt nourrir cet espace ou miroir de travail (une meilleure appellation que ce que j'avais trouvé, merci Claudia) avec des échos venus d'autres mondes, d'autres domaines. Des ricochets pour poser une idée, une image, et peut-être faire écho avec des pensées ou des actes que nous avons chacun de remps en temps. C'est précisément le rôle qu'a joué pour moi l'émission de ce matin.
Modifié en dernier par catherine le vendredi 10 janv. 2025 18:56, modifié 1 fois.

catherine
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miroir et travail

Message par catherine »

Je n'ai pas non plus dans l'idée de "remotiver " les autres. Vincent ta pause est là comme un fait et il n'est pas question pour moi de la discuter, ce serait complètement présomptueux. Mais alimenter nos réflexions par des sources extérieures et indirectes me tentait bien...
Je renomme le fil alors

Vincent
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Re: miroir et travail

Message par Vincent »

(J'ai effacé mes messages. Rétrospectivement, ils me sont apparus trop auto-centrés et donc sans grand intérêt. Et surtout complètement hors-sujet par rapport au thème proposé et reformulé par Catherine. Désolé.)
Modifié en dernier par Vincent le dimanche 12 janv. 2025 09:06, modifié 1 fois.

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Claudia
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Re: miroir et travail

Message par Claudia »

catherine a écrit : vendredi 10 janv. 2025 10:49

Il me semble que ces notions profondes ne peuvent s'intégrer que lorsqu'elles nous arrivent "au bon moment" comme un tilt, sous la bonne forme, celle qui nous convient et qui s'intègre à nous. Et qu'elles sont répétées et jaillissent de sources variées.

Je vous propose ici les "tilts" sur le miroir et nous...
Je te relis et je comprends mieux ce que tu évoques.
J'ai le souvenir d'expériences de cette sorte. C'est un peu de la sorcellerie, en tout cas ça emprunte des chemins irrationnels et ça c'est merveilleux et inspirant parce que ça nous rappelle à notre vie profonde comme tu dis, qui est tissée de songes, de mystères, et ça fait partie de la "matière" que nous mettons au service de la musique.
Parfois une même phrase dite à deux moments de la vie différents créent des ondes de choc différentes, ou reste muette à un moment tandis que son sens devient patent à un autre.

J'ai un peu tenté de recouper dans ma tête les "tilts" qui ont compté; il y en a de trois sortes. Les premiers et peut-être les plus forts viennent de la nature, l'observation ignorante de la nature. Je dis ignorante parce que j'ai très peu de mots pour désigner ce que je vois quand je marche dans la nature. J'ignore le nom de quantités d'arbres, d'oiseaux, de plantes; je ne sais pas définir la nature d'un sol. J'ai oublié les noms des nuages. Donc tout ce que la nature dans son rythme et ses formes déploie devant mes yeux et à mes oreilles est "sans nom", comme la musique d'une certaine manière. (je m'en suis rendu compte en lisant un roman qui parle de la nature avec une érudition gourmande que j'ai beaucoup enviée; j'ai réalisé l'étendue de mon ignorance). Ces émotions font "tilt" en créant des blocs de sensations dans ma mémoire qui ne s'effacent pas et restent des sources vivantes qui me reviennent devant le "miroir de travail" car je les reprends comme une matière purement sonore. Ce ne sont pas des images.
La deuxième sorte ce sont les livres et l'observation des pratiques artistiques. Des phrases qui font tilt, comme une impulsion, un courage, un bond; souvent des idées qui balayent plein de peurs et de craintes pour revenir à un très fort élan de vie. Dans les pratiques, l'observation de la calligraphie, des arts graphiques en général, et en musique tout ce qui se rapporte à l'improvisation. Ça fait tilt parce que c'est le naturel du geste, c'est la démonstration qu'il y a quelque chose "à l'intérieur" de la personne qui s'extériorise de manière naturelle comme s'il n'y avait pas de "travail" justement. Donc ça fait "tilt" parce que c'est le contraire du miroir de travail, peut-être son aboutissement.
La troisième sorte ce sont ce que disent les amis et les camarades pianistes, et aussi (très important) ce que disent les professeurs, en tout cas lorsqu'il y a réellement rencontre musicale. S'agissant des amis, c'est suivre des personnes que je connais un peu, être témoin de ces chemins toujours uniques et toujours intéressants dont finalement on a peu idée quand on ne pratique pas un instrument ou une activité artistique. Ce n'est pas tant les enregistrements que ce qu'ils disent, ce que vous dites, le regard sur soi, la manière d'exprimer ce qui vous anime; cela a souvent fait "tilt" dans le sens d'une communauté, très souple et indéfinie et bien sûr sans promesses ni lien, mais je trouve ça capital car le tilt est comme une confirmation d'existence, je ne saurais le dire autrement.

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