Voici le lien vers l'article complet :
https://eplus.uni-salzburg.at/obvusboa/ ... f/12726617 ,
et un résumé (aidée par chatGPT parce que je suis feignante)
L’étude porte sur une trentaine de pianistes expérimentés (de 19 à 60 ans, étudiants ou «experts» ayant joué en concert dans les 3 mois précédents un morceau par coeur). Pour l’expérience ils ont joué la même œuvre une fois seuls sans pression, et une fois en public sans enjeu d'examen ou concours. Les performances ont été évaluées à l’aveugle par des jurés professionnels.
Premier résultat : en moyenne, ces pianistes jouent mieux en concert qu’en répétition, malgré une anxiété plus élevée. L’amélioration concerne surtout l’expression musicale. Autrement dit, la pression du public n’est pas automatiquement néfaste, elle peut même être stimulante.
L’aspect le plus intéressant concerne la notion de conscience de soi lors de l’expérience : une conscience de soi «intérieure» correspond au fait de se focaliser sur ses pensées, ses sensations corporelles, ses gestes, son ressenti interne et une conscience de soi «extérieure» correspond au fait d’être conscient d’être vu, entendu, évalué, et de s’adresser à un public.
Ces deux formes d’attention ont des effets opposés. Une forte conscience de soi intérieure est associée à une baisse de la qualité de jeu en public, surtout sur le plan de la précision technique. L’interprétation proposée est assez classique : sous pression, le pianiste trop tourné vers l’intérieur cherche à contrôler consciemment des gestes qui devraient rester automatisés, ce qui rigidifie le jeu et favorise les erreurs.
À l’inverse, une forte conscience de soi extérieure est associée à de meilleures performances, en particulier sur le plan de l’expression musicale. Evidemment les pianistes habitués à jouer en public semblent moins déstabilisés par la situation et orientent plus facilement leur attention vers la communication, le son, le phrasé, l’intention musicale. Se sentir regardé ne les pousse pas vers le besoin de plus de contrôle, cela les pousse au contraire à s'ouvrir et "donner" davantage.
Un autre point intéressant concerne l’anxiété. L’étude distingue l’anxiété cognitive (ruminations, peur de rater, inquiétude du jugement) et l’anxiété somatique (réactions corporelles). Ce sont surtout les pensées anxieuses qui nuisent à la performance. Les sensations physiques, elles, ne sont pas forcément négatives et peuvent parfois même être mobilisatrices. Ce n’est donc pas tant le trac en lui-même qui pose problème, que la direction que prend notre attention au moment de jouer.
Au final, la conclusion est que pour réussir à (bien) jouer en public la solution ne consiste pas à supprimer le trac ni à se surveiller/contrôler davantage, mais à accepter la situation et à déplacer le centre de gravité de l’attention hors de soi : moins se regarder jouer, moins penser à ses doigts ou à son corps, et davantage écouter le son, porter l’intention musicale et s’adresser réellement à ceux qui écoutent.
(Noter que la plupart des observations de cette étude sont confirmées par de précédentes expériences.)
Facile à dire je sais
Est-ce que ça "résonne" pour vous ?