Le Pianautilus

Cher JPS, comment ça s'est passé? J'espère que bien, j'espère aussi que tu as goûté ce moment et que ton public fut réceptif et sympathique.

Merci Claudia !

C'était un beau festival dans l'ensemble. Comme le plan Vigipirate a été assoupli, les personnes ont pu acheter des places au dernier moment, contrairement aux années précédentes, ce qui fait que les concerts ont été bien remplis.

Le programme complet est là : http://musiqueaupalais.org/toulouse/?p=1877
Comme vous le voyez, les interprètes sont juste mentionnés sans dire qui joue quoi (sauf pour le récital de Jonas Vitaud), ce que j'ai trouvé plutôt bien, la démarche thématique étant ainsi privilégiée.
Lors de ce samedi j'ai assez bien joué, les moments où je me suis senti le plus en adéquation étant la première Romance sans parole, puis l'opus 19 n°5, et l'opus 67 n°2. Le seul pépin a été dans la belle op62 n°1, où je me suis senti tout à fait libre, j'ai voulu alors jeter un coup d'œil à ma tablette, mais pas au bon endroit et il y a eu une 1/2 mesure de flottement. J'ai réussi a être bien prise en prise tout le temps, et j'ai été apparemment très convaincant dans Clara Schumann dont le public est venu me parler ensuite

Le lendemain, j'ai été un peu déstabilisé avant le concert, je ne sais pas si ça a joué (pas de détails car nous sommes sur le forum public). J'ai plutôt bien joué le Rondo capriccioso (ce n'était que la deuxième fois que je le jouais en public, je vais en mettre un enregistrement fait la semaine dernière sur youtube), planté beaucoup de choses dans Liszt (j'étais vexé car c'est le morceau dont j'étais le plus sûr, l'ayant joué plusieurs fois en public l'an dernier), et très bien joué l'Arabesque, une des rares fois où je me suis senti libre d'improviser mon interprétation en fonction d'évocations diverses. Beaucoup de personnes du public sont venues m'en parler après, encore plus que pour Clara Schumann. Apparemment mes accidents dans Liszt n'ont pas gêné grand monde, pourtant c'était pas terrible.

Pour moi c'était une expérience très positive, qui m'a fait entrevoir la possibilité de sortir d'un carcan où je me trouve depuis de nombreuses années, et aussi la possibilité de rejouer par cœur.

Je me remets au travail dès ce soir : Préludes de Chopin, Variations de Schubert sur Trockne Blumen pour flûte et piano, sonate de Beethoven pour flûte et piano, 4 pièces de Joseph Suk (très belles) pour violon et piano, 8ème sonate de Beethoven en sol majeur pour violon et piano, et sûrement autre chose parallèlement aux Préludes.


Le concert de Jonas Vitaud était très beau, notamment Funérailles et les Scènes de la forêt, et le récital de la soprano dimanche soir était extraordinaire, dans un programme très exigeant ; beaucoup d'autres splendides moments dans ces deux jours (3ème quatuor de Schumann et Quatuor avec piano de Brahms notamment).

Excellent! Il y a plusieurs sortes de réussites dans ce que tu écris Très heureuse de lire ça!

Belle expérience alors JPS !
C'est formidable d'arriver ainsi à se libérer tant pour l'interprétation que pour le "par coeur" et la prestation en public en général. J'en suis ravie pour toi. Et ça donne de l'espoir à tous les autres. N'hésite pas à partager en public ou privé ce qui d'après toi t'a permis d'y arriver, cela peut servir à d'autres peut-être.
Beau programme à venir... Il y a du pain sur la planche !

Bravo Jean-Pierre ! Bien du plaisir à lire ce compte rendu.

Oui c'est vraiment intéressant de te lire Jean-Pierre. Cela donne à voir tout ce qui peut arriver (d'instable) malgré le niveau d'expertise que tu as, mais aussi ce qui peut arriver de beau, comment le public entend et ressent, et puis ça aussi:

JPS1827 a écrit : lundi 25 nov. 2019 18:59 Pour moi c'était une expérience très positive, qui m'a fait entrevoir la possibilité de sortir d'un carcan où je me trouve depuis de nombreuses années, et aussi la possibilité de rejouer par cœur.

qui donne espoir.
Quel art éphémère quand même !
bravo !

Je rejoins les félicitations et bravos, je suis très heureuse pour toi, j'aurais aimé être là !

Grand bravo Jean-Pierre!
Finalement tu restes globalement sur de bonnes impressions, c'est important.
Tu enchaines vraiment de très gros programmes. Trockne Blumen, c'est pas mal aussi
Je ne connais pas les pièces de Suk (ni même Suk d’ailleurs )

Eh bien dis donc !! j'aurais vraiment aimé l'entendre cette Arabesque !!
c'est tellement génial de savoir que tu t'es enfin senti libre en jouant en public ... wouahou !!!
Je suis extrêmement heureuse pour toi et te souhaite plein d'autres concerts aussi réjouissants !
Se faire vraiment plaisir à soi tout en donnant autant de bonheur à son auditoire , ce doit être comme un petit aperçu de paradis !
Bravissimo cher Jean-Pierre !!

Merci beaucoup à toutes pour vos réactions positives. Je m'aperçois que j'ai oublié de mentionner les morceaux que Josiane voudrait qu'on joue à deux pianos, le Concertino de Chostakovitch et la Danse macabre.

En fait il s'est passé quelque chose. Mardi dernier j'ai joué l'Arabesque à ma prof qui m'a donné une injonction paradoxale du type "il faudrait que ça paraisse plus libre, que ça respire plus, mais il faut commencer directement au mouvement, on ne peut pas faire l'amorce de la main droite plus lentement", injonction dont je me suis assez mal sorti. Puis le matin, alors que je répétais au Palais Niel, l'organisateur du festival (qui est vraiment un remarquable musicien, hautboïste de son métier) me dit "si je peux me permettre, vous pourriez ne pas vous obligez à commencer ce Schumann aussi vite" ; j'ai répondu que j'avais pris l'habitude de le jouer un peu moins vite à la troisième occurrence du thème pour faire comprendre que c'était la dernière fois qu'on l'entendait. Il m'a dit qu'il trouvait que c'était une excellente idée, mais que ça n'empêchait pas de se sentir libre dès le début, et je me suis dit qu'il n'y avait pas de contrôle radar sur le tempo auquel je commençais ; et quand j'ai joué, j'ai laissé venir le thème tout seul, comme il venait ; ça n'a pas été exactement ce que je voulais la première ligne, puis ça s'est casé à la deuxième phrase. Ca faisait des années que je n'avais pas joué une œuvre avec un tel plaisir d'improviser mon interprétation. Juste avant j'avais laissé partir le Rondo capriccioso sans avoir peur de le jouer trop lentement et ça avait bien marché aussi. Je pense que Liszt a foiré parce que je l'ai joué "contraint".