Le Pianautilus

Oui je suis aussi convaincue par ton texte bien sûr, et par la convergence de tous ces témoignages de professeurs qu'on réduit à pas grand-chose, débouillez-vous comme vous pouvez... j'ai une soeur prof de lettres, j'entends ce qu'elle dit depuis longtemps et je constate, et je vois aussi la proximité avec ce que nous vivons dans les hôpitaux. Merci Laure c 'est important d'entendre tout ça maintenant.
De mon côté j'expérimente les consultations par téléphone (sans vidéo précisons-le, pourtant le président avait annoncé que "tout patient pourrait avoir une vision conférence"). C'est cocasse... ou triste.... une partie des patientes que je vois habituellement ne parlent pas français, alors l'interprète par teléphone interposé c'est ... juste pire... surtout quand manifestement il discute d'autre chose au lieu de traduire. Sinon, eh bien numéros pas attribués, hébergement par le 115, pas de possibilité de faire des schémas pour expliquer l'anesthésie péridurale à des patiente qui n'en ont jamais entendu parler, patient qui ne répond pas car il dort (un peu avant midi), ah ...et l' anonymat administratif, comment fait-on pour joindre la personne ? et on avance... lentement.... très lentement...

Merci Laure pour ton temoignage. Je me retrouve tout a fait dans ton besoin de simplicité !

Pour mon fils, j'ai recu hier 8 mels de son enseignante, dont 7 de consignes Des paragraphes en double, des abréviations ... Je commence par me concentrer 40minutes le matin pour donner le plan de travail a mon fils. Que font les enfants qui n'ont pas la chance d'avoir un parent capable de restituer les consignes clairement ?

Il me semble qu'on aurait pu choisir des consignes plus simples, adresser des courriers papiers aux parents, avec des textes clairs, des consignes lisibles. Du genre, pour cette semaine, faire les exercices 8 a 15 et apprendre les 2 poesies. Je comprends que ces consignes papier auraient fait ringard dans un monde connecté, mais en pratique... On a substitué a ces consignes claires une pluie de consignes disparates par informatique, et on appelle ca la continuité pédagogique...

A la fac, on a des retours d'etudiants qui se plaignent des memes difficultés. Des mels d'echanges qui se multiplient, des journées entieres sur l'ordinateur avec l'impossibilité concretement d'avancer dans le programme d'etude qui est proposé, parce que le temps disponible est avalé par l'outil informatique. Les etudiants motivés qui essaient de continuer a étudier passent une bonne partie de leur journée a comprendre les mels et lire les consignes, se connecter a des sites pour trouver les ressources, installer les logiciels manquants pour communiquer... Ils se plaignent de passer beaucoup de temps et de ne pas faire grand chose. Comment allons nous évaluer ? Doit on tenir compte de cette période en autonomie pour attribuer l'examen final ?

S'ajoutent les difficultés materielles. Je n'ai pas d'imprimante a la maison, impossible d'en acheter ces jours-ci. A la fac, on a le retour d'etudiants qui disent ne pas avoir suffisamment d'ordinateurs a la maison pour la famille...

Mon imprimante est morte le jour de l'annonce du confinement... Oui je sais, elle n'a pas supporté ...
J'ai reçu aujourd'hui ma nouvelle imprimante laser commandée en ligne juste après les 2heures de cours donné s en classe virtuelle avec les terminales puis les secondes.
Tous mes élèves sont inscrits sur une plateforme d'entraînement mathématiques et font un petit test sur des connaissances antérieures une fois par semaine.
Sinon le travail à distance se passe bien. J'ai fait attention de ne pas surcharger les élèves de travail et ils me disent que la quantité est bonne et qu'avec le cours virtuel leurs connaissances s'assoient progressivement.
Mes élèves de terminale ont un bac blanc la semaine du 6 avril et je donnerai un sujet de niveau bas pour que tous puissent faire le sujet sans anxiété.
J'alterne avec piano, jardin et promenade.
Bonne journée à tous.

Super Line-Marie ! je vois que tu assures quoi qu'il arrive.

Oui, tant mieux pour toi, Line-Marie.
A titre personnel, éthique, politique, je ne me reconnais absolument pas dans ce que tu décris.
A titre collectif non plus mais bon... je ne sais plus trop ce que vaut le collectif dans nos métiers actuellement.
Je te souhaite bon piano, bon jardin et tout ça (et c'est sans ironie, je crois que je dois réfléchir de mon côté sur cette question).

Dernière communication du Ministère : tout est envisageable pour le bac, même la question du contrôle continu.

Un bac blanc le 6 avril : tu veux dire, un bac blanc virtuel ? (je ne crois vraiment pas que nous serons rentrés à cette date)

Merci Catherine de décrire tes consultations par téléphone ; je mesure combien il est compliqué pour un médecin de se priver de la relation au corps (quel non sens !)... c'est, je pense, un peu pareil mais bien sûr pas aussi essentiel pour un prof : nous ne travaillons pas sur le corps, évidemment, mais les interactions orales sont vraiment importantes (et parfois en classe, le corps, les expressions parlent tellement !)... Ca me manque énormément !

Je n'ai que 17 élèves en terminale et ce ne sont pas des forts en maths.... Mais on s'aime bien mutuellement
Et ils composeront chez eux et mettront un minuteur pour leur épreuve de 3h. Ils prendront toutes les pages de leur devoir en photo et ils m'enverront leur travail par mail. Et je corrigerai comme j'ai l'habitude de le faire pour une épreuve de bac, c'est à dire sans rien écrire sur la copie et avec une grille détaillée de correction...
Trois de mes classes m'ont déjà rendu un devoir par mail. C'est parfois un peu fastidieux à corriger quand c'est flou, ou à l'envers... Mais mes élèves de seconde sont entrain de développer d'autres compétences : s'exprimer à l'écrit correctement, écrire lisiblement et en expliquant du mieux qu'ils peuvent....se servir d'un ordinateur, se débrouiller, devenir grand....
Je raisonne rarement comme vous, comme toi Laure. Pour moi, tout événement inhabituel est un terrain d'aventure que j'explore à ma façon et ici avec mes élèves. En fait je m'en fiche complètement des réformes multiples et variées qui ont jalonnées mon parcours professionnel, j'ai toujours été complètement passionnée par l'acte d'apprendre et particulièrement apprendre à apprendre. Cette dernière réforme me coûte mon poste et je vais me retrouver dans un collège à 40 minutes de chez moi... Mais l'acte d'apprendre sera invariant...et les élèves plus jeunes donc peut-être plus facile de planter des graines fortes d'autonomie dans l'acte d'apprendre....

En fait, je ne raisonne pas, j’exprime un malaise : le décalage qui me pèse entre un discours officiel et la réalité de terrain. Ma réalité de terrain, en tout cas.

En lettres, nous préparons les élèves à plusieurs exercices : la dissertation et le commentaire de texte pour l’écrit du bac, l’explication de texte, la grammaire et la présentation d’une œuvre pour l’oral. Il me faut en outre réussir à boucler le programme : très concrètement, il me reste 6 explications à traiter, Le Mariage de Figaro à finir, puis les Fleurs du mal, et 2 œuvres complémentaires.

Moi aussi, comme tous nos collègues, j’ai mis en place mon petit système D avec mes élèves pour continuer, malgré tout, du mieux que je peux, avec les outils qu’on me donne, et quelques autres aussi, que j’ai imaginés ; je prépare des cours, écrits ou enregistrés, j’essaie de fédérer le travail des élèves par des documents en ligne sur lesquels ils peuvent collaborer, je réponds à leurs questions sur un forum, je corrige des « copies » en ligne ou j’écoute et évalue des fichiers audio qu’ils m’envoient pour continuer de s’entraîner à l’épreuve orale, etc.

Tout cela prend un temps fou, pour un résultat difficile à apprécier mais dont je sais qu’il sera maigre. Je finis chaque journée épuisée d’avoir jeté tant d’énergie dans un travail si médiocre et si peu satisfaisant. Donc si, au lieu de pérorer tous les 4 matins sur les plateaux des émissions de radio, le ministre pouvait nous annoncer rapidement comment le bac sera adapté – car je n’imagine pas qu’il ne le soit pas – ça nous simplifierait grandement la tâche, à mes élèves et à moi.

par Line-Marie » jeu. 26 mars 2020 19:29
"Cette dernière réforme me coûte mon poste et je vais me retrouver dans un collège à 40 minutes de chez moi... "

Un collège, oui, mais à 40km de chez toi, c’est très improbable. Un enseignant faisant l’objet d’une mesure de carte scolaire reçoit une bonification de 5000 points pour être muté sur l’établissement le plus proche de son établissement d’origine. 5000 points, c’est énorme : en clair, ça te permet d’avoir l’absolue priorité sur tout poste libre dans la commune de l'établissement que tu quittes, puis, s'il n'y a pas de poste libre, dans une commune proche, etc.

Tu sembles tout savoir Laure, mais finalement tu ne sais rien....
Oui je suis obligée d'accepter ce poste en collège à Sennecey le Grand , entre Tournus et Chalon sur Saône parce qu'il n'y en a pas d'autres , Il n'y a que 4 postes offerts au mouvement dans mon département , 4 postes en collège.
Non ce n'est pas 5000 points mais 1500 points pour une mesure de carte scolaire .
Bonne continuation à tous. Longue vie à votre forum.

Je te présente mes excuses, Line-Marie, mon message était formulé de manière maladroite.

Je ne sais pas tout, non, et souvent, il m'arrive de me tromper. Mais j’ai déjà fait l’objet d’une mesure de carte scolaire, il y a 10 ans. Dans ma tête, effectivement, la bonification était de 1500 points mais comme je ne voulais pas raconter de bêtise, j’ai vérifié vite fait et je suis tombée sur ce site, qui parle de 5000 points.
http://educactiontoulouse.reference-syn ... vos-voeux/
En fait, j'ai lu en diagonale : cette bonification de 5000 points semble être particulière à l'académie de Toulouse (et je suppose que cela peut varier en fonction des académies).
Au demeurant, qu’importe le nombre de points, la chose qu’il faut retenir c’est que la bonification est calculée ainsi pour te permettre d’être prioritaire sur n’importe quel poste au plus près de ton établissement d’origine. Evidemment, s’il n’y a pas de poste et/ou peu d’établissements dans ton département, cela augmente tes « chances » d’être éloignée de chez toi.

Tu peux aussi formuler des vœux hors points carte scolaire. Moi, c’est ce que j’avais fait et miracle ou pas, j’ai été mutée dans un lycée, sur un établissement plus près de chez moi. Enfin, il y a des postes qui n’apparaissent pas au mouvement et qui vont se libérer plus tard : les postes de ceux qui demandent une mutation en ce moment et qui vont l’obtenir. Donc c’est toujours intéressant de faire des vœux « à l’aveugle ». Dans ton département, les chances sont sans doute maigres, car il y a probablement peu de mouvement, mais ça ne coûte rien de tenter.

Je voulais juste te rassurer en te disant, en quelque sorte, « attends un peu le résultat de ta mutation, les carottes ne sont pas cuites ». En te relisant, je comprends que tu préférais te préparer tout de suite à l’idée d’être à 40 minutes de ton travail plutôt que compter sur une hypothétique chance. J’ai vraiment manqué de finesse ! Et pardonne-moi si là encore, j’explique quelque chose de faux, inapproprié : je tente de rattraper ma maladresse et espère ne pas te froisser davantage.

Je ne comprends pas, par contre, ce congé que tu sembles prendre du forum. Nous avons juste échangé deux expériences personnelles, avec des perceptions très différentes. Ni moi ni personne n’a prétendu que mon ressenti valait pour une vérité et que le tien était dans l’erreur, précisément parce que ce sont deux ressentis. Nous sommes là pour échanger, et pas pour être toujours d’accord. D’ailleurs, ce que tu as écrit m’a fait réfléchir et j’y ai trouvé des éléments qui m’ont fait prendre un peu de recul par rapport à ma situation.