Le Pianautilus

Lee a écrit : mercredi 1 sept. 2021 09:40 j'étais surprise de comprendre qu'on entend plus ou moins la même chose : un univers organisé qui tourne d'une façon mathématique et particulière à lui,

On évoque en effet souvent cette vision "mathématique" de l'oeuvre de Bach. Et pourtant, ce n'est pas du tout ce que j'entends chez Bach. Je suis d'ailleurs plutôt allergique à ce qui est trop organisé et mathématique.

JPS1827 a écrit : mercredi 1 sept. 2021 17:13 mon prof me disait "cette musique n'avait qu'un seul but, c'était faire en sorte que le public croie en Dieu", ce qui est un éclairage assez différent de cette optique mathématique austère à laquelle on a parfois tendance à réduire le Cantor.

Je rejoins plutôt cette interprétation, même si je ne le dirais pas comme ça car je ne suis pas croyante. Mais je dirais que cette musique touche pour moi au sublime, pas au sens simplement esthétique, mais dans le sentiment d'un "au-delà", au delà de ce que les les mots peuvent dire, au delà du sens. Il n'y a qu'avec Bach que je ressens cette dimension très particulière, que je ne saurais d'ailleurs décrire davantage.

JPS, c'est très intéressant ce que tu dis à propos de Bach et des Chorals. Mes profs ne me l'avaient jamais formulé comme ça. Et c'est effectivement tout bête.
Bach avait très certainement à cœur de relever la qualité musicale des offices qu'il accompagnait. Il jouait sans cesse les mêmes thèmes musicaux, d'où son envie d'en varier les accompagnements. Un tel musicien intellectuel ne pouvait que chercher les plus belles solutions pour se satisfaire en tant qu'artiste mais aussi en tant que croyant.
Ceci dit, si on écoute sur un bel orgue, dans une église et jouées par un très bon musicien, certaines pièces, il y en a qui déménagent... l'acoustique, la variété des registres, et la qualité d'écriture vous envahit.
Au piano ça ne rend vraiment pas bien. C'est je crois surtout là le problème.

Marie-France a écrit : mercredi 1 sept. 2021 21:13 Au piano ça ne rend vraiment pas bien. C'est je crois surtout là le problème.

Voilà qui est vraiment intéressant !
Je n'y ai jamais pensé en ces termes.

J'ai longtemps vraiment aimé jouer Bach, et, entre les préludes et fugues qu'il fallait jouer au conservatoire et ceux que je déchiffrais pour le plaisir, à une époque lointaine je jouais tout le premier livre du Clavier bien tempéré et une bonne partie du deuxième.
Avec ferveur, joie. Mais l'entendre en disque m'a toujours ennuyé. Richter, Gould, Fischer, comme leurs successeurs.

C'est merveilleux à jouer mais "ça ne rend vraiment pas bien"...

Pourtant, avec un beau son bien gras, de la plénitude, et de l'allant, c'est beau lorsqu'on joue soi-même. Je n'ai jamais su percer ce mystère.

Ton jugement me convient assez bien, mais le clavecin m'ennuie tellement qu'il ne me reste finalement pour Bach plus que l'orgue, et bien sûr la voix et l'orchestre.

Je ne me lasse jamais des Brandebourgeois, de l'Offrande Musicale, de l'Art de la fugue, des Passions... Mais ce n'est pas du clavier.

Deux exceptions : en premier plan les variations Goldberg par Wilhelm Kempf, en deuxième la première partita par Lipatti.

As-tu eu l'occasion de jouer sur un clavecin ou un pianoforte?

Jamais un pianoforte.
Mais un clavecin, oui, j'ai même pris quelques cours, il y a fort longtemps, vers mes 15 ans. J'ai participé à un groupe de musique baroque, et y ai joué de la flûte et du clavecin. J'aimais surtout cette possibilité qui m'était alors offerte de jouer de la musique de chambre.
Le légèreté du clavecin, la manière forcément différente de phraser, m'avaient bien intéressé. Mais pas au point d'en devenir amoureux...