Le Pianautilus

Pour compléter avec une note plus optimiste et incitative sur le confinement :

https://www.lalibre.be/international/eu ... 2f3197a385

En tout cas, complètement confiné aujourd'hui (j'ai annulé tous mes patients, j'en verrai 3 ou 4 demain), je constate que je suis très loin d'avoir eu le temps de faire tout ce que je voulais faire…

catherine a écrit : mardi 17 mars 2020 19:44 Je vous remercie tous de votre soutien. Je ne souhaite pas développer maintenant de détails, mais votre soutien sera d'abord l'urgence d'arrêter de penser qu'on réagit trop. Les nouvelles en provenance de l'Est sont alarmantes, vraiment. Nous réorganisons absolument tout malgré notre peur. Nous avons peur en effet. De tout: la durée, la fatigue, les risques. Pour la première fois de ma vie je vis directement l'expérience de savoir que j'irai là où je dois être car il n'est tout simplement pas envisageable d'être ailleurs, mais je sais aussi ce que ça implique en risques personnels et familiaux. Alors passez ce message-là qui est celui des soignants qui vont voir ce que j'espère vous ne verrez pas.

Oui, à Paris aussi c'est très tendu, j'ai des infos alarmantes, mais hors de l'hôpital on ne peut pas faire grand-chose, surtout dans ma spécialité, à part passer un peu de temps au téléphone pour convaincre mes patients âgés avec des problèmes cardio-respiratoires de respecter le confinement.

Claudia a écrit : mardi 17 mars 2020 01:28 ce n'est pas nécessairement une bonne idée d'avoir une armada d'aides à domicile qui déboulent chez la personne âgée dépendante alors que des membres de la famille peuvent faire ce qu'il faut tout en ayant beaucoup moins de contacts multipliés avec d'autres personnes. Enfin c'est ma petite analyse du risque perso.

Je partage tout a fait, et je pense qu'on est inconsciemment plus vigilant a ne pas transmettre le virus quand c'est un proche a qui on tient que quand c'est une personne agee inconnue.

Quelles sont les consignes pour les vieux dont on s'occuppe ? Je ne sais pas s'il y a des recommandations officielles. Les idees qui me viennent en tete : rester a un metre le plus possible, pas de contact direct de peau, si on se parle de pres eviter d'etre en face pour ne pas lancer de postillons indesirables vers la personne agee, separer attentivement les couverts et ne pas gouter dans les plats.

Ca peut paraitre un peu paranoiaque mais les chiffres pour les vieux sont assez affolants. C'est du genre plus de 5% de deces si on est malade apres 70 ans et plus de 10% apres 80 ans. ( pour l'instant 9.4% a 75 ans). Je ne dis pas ca pour te terroriser, tu comprends bien, C'est tres lourd mentalement de faire attention a chaque instant pour les consignes et avoir les chiffres en tete permet de garder la motivation a respecter les regles qu'on s'impose. Tout ce que je vous souhaite c'est de passer au mieux cet episode. Bon courage a toi et a ta mere Claudia !

J'ai de mon côté essayé de convaincre ma mere (75 ans) de refuser un contact avec ma cousine qui travaille dans un bureau de tabac et qui a donc des contacts chaque jour avec de nombreux clients.

Tous les passages de soignants et aides à domicile ont été annulés, ce qui me convient très bien.
J'ai fait des courses pour trois jours, j'ai passé à l'eau de javel les surfaces de contact, poignées de porte, letc. etc. et je me suis lavé les mains, ma mère est ravie parce qu'elle adore lire ou faire des jeux fléchés au lit et là personne ne lui dit de se lever de faire ses exercices de marcher de sortir, en fait elle a la vie qu'elle rêve de vivre (mais qui à terme risque de faire fondre ses muscles etc. donc je vais quand même lui faire faire un minimum de gestes kiné).

Je ne pense pas qu'on fasse "mieux" que les soignants ou professionnels de l'aide à domicile, bien au contraire. mais je pense que leur présence est requise pour les personnes qui n'ont vraiment personne pour s'occuper d'eux, ce qui n'est pas le cas de ma mère.

Bon courage à tous.

Un article d'un docteur en santé publique sur le fait que les prémisses sous lesquelles raisonnent les promoteurs du confinement sont spéculatives.
https://www.statnews.com/2020/03/17/a-f ... able-data/ (en anglais)
Les bienfaits du confinement sont spéculatifs, ses dommages réels.

Dans le même sens, la suite du fil de Claudina Michal-Teitelbaum renseigné en page 4 :
La société humaine n'est pas un rectangle avec des petites boules dedans.

Bon courage, bravo et merci à tous les travailleurs en soins de santé.

Les analyses sont intéressantes à lire; ne portent pas exactement sur la même chose.

Le deuxième fil, si je comprends bien cherche surtout à clarifier des décisions précises à des points précis de la réponse publique et hospitalière et à évaluer les effets de telle ou telle décision y compris sur les projections. Par exemple, tester, pas tester ? rôle des pathologies secondaires sur les % de décès? etc. etc. (et les conséquences en termes de statistiques, de modélisation, et donc de décisions de santé publique; tout ça est lié et ne peut pas ne pas l'être à mon avis)
Comment ne pas être "spéculatif" aujourd'hui? Les décideurs en sont là, les décisions en ce moment c'est jongler avec des chiffres, des projections, des modèles, les leçons de l'expérience, (parce qu'il y a aussi des choses qu'on observe aussi bien dans les services qu'au laboratoire de recherche et l'observation elle-même est soumise à des lois, une temporalité, la nécessité de vérifier), l'inertie, les transformations, les effets de nombre, les éventuelles surprises et plein d'autres choses que je n'imagine même pas.
J'ai l'impression que le confinement est parallèle à tout ça et qu'il est déterminé par le fait même des incertitudes sur tout le reste, mais ces incertitudes sont celles d'un temps T qui est aujourd'hui. Le confinement n'est pas une solution en soi et personne ne le prétend d'ailleurs (tu imagines bien que si ces coronavirus ont vocation à muter et/ou ressurgir tous les ans ou 18 mois ou X fréquence, on ne va pas immobiliser la planète entière avec la même fréquence, ce n'est juste pas jouable. Le confinement c'est maintenant.) Les scientifiques recherchent la solution. Les modélisateurs travaillent pour éclairer J+1, J+7, J+ 31 etc. Ce n'est pas la même dimension du réel.
(c'est mon opinion de profane)

Claudia a écrit : mercredi 18 mars 2020 14:04 Comment ne pas être "spéculatif" aujourd'hui?

En testant la société et pas l'hôpital, comme l'ont fait la Corée, l'Islande.
On prétexte le manque de réactifs. L'université de mon patelin travaille sur une méthode de diagnostic.

Je trouve cette discussion bien intéressante mais je ne peux pas continuer, me sens trop "petite", pas assez de connaissances!

Je ne comprends pas ce scepticisme sur l’effet du confinement. En Italie, comme je l’ai écrit plus haut, cela marche. Peut-être avec du retard certes (période d’incubation oblige), mais les effets sont là.

Alors, oui, les hôpitaux seront saturés plus longtemps du fait des mesures de confinement et de l’étalement des admissions, mais plus longtemps ils sont à 100%, plus de vies seront sauvées. Cependant on peut jouer la saturation brève et refouler plus de monde......

Extrapoler le cas du Diamond Princess n’est pas pertinent : c’est arrivé tôt, dans un contexte où les hôpitaux n’étaient pas submergés. Le problème n’est pas le 1% qui décèdent quoi qu’il arrive, mais ceux bien plus nombreux qui ont un besoin vital d’assistance respiratoire.

Bien sûr, la science n’est pas exacte. Il y a beaucoup de paramètres... il est délicat de faire une expérience « prenons un région sans confinement », une autre « avec », chaque confinement est unique (plus ou moins bien important et/ou suivi) etc. Du coup, on est contraint de faire avec des modèles, des probabilités et essayer de prendre la meilleure décision en fonction. Si l’on devait être sûr à 100% avant toute décision, on ne ferait pas grand chose.

Après, reste le choix du compromis : vie sauvée, préservation de l’économie... c’est une décision politique.