Marie-France, Josiane, vous avez tout mon soutien !
Bien qu’enseignant une matière sans rapport avec la musique, je garde un souvenir plutôt cuisant des cours à distance du premier confinement. Je crois avoir fait pour la première fois de ma vie l’expérience dystopique du travail déshumanisant, toute la journée devant un écran, à tenter trouver du sens et de l’efficacité à une chose qui ne peut pas en avoir, je me croyais dans un épisode de Black Mirror (je n’exagère pas !) Au fil des jours, j’avais de plus en plus de mal à me lever le matin, j’avais dans la tête l’image dantesque des cercles de l’enfer qui me rapprochent du gouffre (bon là, j’exagère un peu
) Le soir, j’étais littéralement épuisée, déçue de moi, du monde, de tout.
Les petites choses que j’ai retenues :
On voudrait être aussi efficace qu’en temps normal mais ce n’est pas possible. Il faut accepter de bricoler (il faut que les élèves l’acceptent aussi !)
La visio c’est nul pédagogiquement mais ça permet de maintenir un lien direct. Donc c’est essentiel.
On vit dans un monde fou qui n’accepte pas que rien ne s’arrête jamais.
Plein d’autres trucs métaphysiques et politiques. Passons.
Ma prof (école de musique) m’a proposé, par politesse, en fait surtout par obligation, des cours par Whatsapp mais on a convenu que ça n’aurait pas grand intérêt pour travailler
Pagodes. Et puis je n’ai pas envie de devoir supporter les aléas d’une connexion ni de la voir s’obliger à trouver des trucs intéressants à dire dans ces conditions. Je dois lui envoyer un enregistrement, ce que je n’ai pas encore eu le temps de faire.
Mes enfants, par contre, ont leurs cours par Whatsapp. De l’intérieur, donc côté élève, je vois que c’est un rendez-vous important pour eux : ça les maintient dans une petite normalité ; les enfants et les ados n’ont pas la vie si facile en ce moment, il y a beaucoup d’incertitudes, de choses en suspens. Mon fils au saxo joue moins, c’est sûr. Il est surtout motivé par l’orchestre qui n’a plus lieu, il n’est pas hyper scolaire ; mais bon, il sort toujours très content de ses cours avec son prof qu’il aime beaucoup. Sans cela il y aurait peut-être eu une rupture musicale, je ne sais pas. Mon fils à la guitare, c’est presque étrange, il semble se découvrir en ce pire moment une presque passion (le terme reste un peu fort, je ne trouve pas le mot exact, sans doute parce qu’il n’existe pas pour ce cas) pour la guitare, il se met à jouer plusieurs par jour, pour le plaisir, je n’en reviens pas. Peut-être que les choses mettent parfois du temps à venir, donc c’est une vraie chance qu’il n’y ait pas eu de coupure.
Je n’écoute pas leurs cours mais souvent j’entends la voix du prof et je comprends bien sa souffrance : « Attends, tu peux me la refaire là parce que ça a coupé ! »
Ce long message pour dire simplement : merci à vous les profs de musique, c’est compliqué de votre côté en ce moment mais cela ne sert pas à rien, merci pour votre engagement