Re: Besoin de vos oreilles
Posté : lundi 28 déc. 2020 09:28
Un grand merci pour ce beau message, Claudia. Nous avons bien de la chance de te lire sur le forum.
En découvrant ce matin ce que tu avais écrit sur Debussy, j’ai eu ce sentiment assez indéfinissable et fantastique qu’on a quand on lit soudain quelque chose qui exprime de la manière la plus juste et précise une chose qu’on n’aurait pas su dire parce que c’était trop confus, ou alors pas conscient, ou même pas conçu du tout mais la magie fait qu’on se dit quand même « c’est exactement ça ! » (Je crois que Barthes a écrit quelques jolies lignes là-dessus.)
Quand j’ai commencé à explorer Pagodes, je me suis dit de manière assez naïve (je le comprends maintenant) : « Oh c’est merveilleux, ça sonne tout seul, il ne faut rien faire. » Donc dans ce sens ce n’est pas étonnant que tu voies défiler tout un paysage ou plutôt des impressions de paysage quand tu écoutes le morceau parce que d’une certaine manière, c’est écrit comme ça et que si on s’en tient du mieux possible au texte, c’est ça qui se produit. Sauf que si on ne fait absolument rien, ça peut devenir incroyablement plat. Alors oui, la difficulté, c’est de trouver quoi faire. Pas de lyrisme, pas de chant. Donc pas de voix. Pas de legato. C’est difficile de tenir un discours quand on est privé de ses ingrédients habituels (surtout quand comme moi on se (com)plaît dans la musique romantique) ; c’est peut-être un peu (je réfléchis en écrivant) comme ce qu’on dit des poètes symbolistes, fin du lyrisme mesdames messieurs, il faut s’oublier soi-même, juste le matériau sonore et graphique des mots, l’imagination toujours active ? Donc en fait c’est presque purement physique et je vois pourquoi tu en reviens aux seules données tangibles, « la pure donnée sonore » comme tu dis, les rythmes, les répétitions, l’instrument piano. Je ne vois pas non plus cette musique comme une musique référentielle, rien ne représente rien à proprement parler, mais peut-être que quand on dit, par exemple, telle note c’est un gong ou celle-là c’est une petite flûte, ce n’est pas pour imiter mais juste pour soutenir l’imagination, pour créer une intention ? Car ce n’est pas facile d’être actif et passif en même temps, en tout cas je m’aperçois que ce morceau me demande un gros effort de concentration ; j’ai du mal à l’enchaîner plus de trois fois de suite (il se ternit chaque fois un peu plus). L’image du chat contemplatif, elle est très belle
Voilà, j’ai tout démantibulé ton texte, ce qui était tout à fait inutile parce que c’est un beau texte donc qui se tient par lui-même, mais c’était juste pour me le clarifier et te le dire tel que je l’avais reçu, ce que j'en ai compris pour l'instant.
En découvrant ce matin ce que tu avais écrit sur Debussy, j’ai eu ce sentiment assez indéfinissable et fantastique qu’on a quand on lit soudain quelque chose qui exprime de la manière la plus juste et précise une chose qu’on n’aurait pas su dire parce que c’était trop confus, ou alors pas conscient, ou même pas conçu du tout mais la magie fait qu’on se dit quand même « c’est exactement ça ! » (Je crois que Barthes a écrit quelques jolies lignes là-dessus.)
Quand j’ai commencé à explorer Pagodes, je me suis dit de manière assez naïve (je le comprends maintenant) : « Oh c’est merveilleux, ça sonne tout seul, il ne faut rien faire. » Donc dans ce sens ce n’est pas étonnant que tu voies défiler tout un paysage ou plutôt des impressions de paysage quand tu écoutes le morceau parce que d’une certaine manière, c’est écrit comme ça et que si on s’en tient du mieux possible au texte, c’est ça qui se produit. Sauf que si on ne fait absolument rien, ça peut devenir incroyablement plat. Alors oui, la difficulté, c’est de trouver quoi faire. Pas de lyrisme, pas de chant. Donc pas de voix. Pas de legato. C’est difficile de tenir un discours quand on est privé de ses ingrédients habituels (surtout quand comme moi on se (com)plaît dans la musique romantique) ; c’est peut-être un peu (je réfléchis en écrivant) comme ce qu’on dit des poètes symbolistes, fin du lyrisme mesdames messieurs, il faut s’oublier soi-même, juste le matériau sonore et graphique des mots, l’imagination toujours active ? Donc en fait c’est presque purement physique et je vois pourquoi tu en reviens aux seules données tangibles, « la pure donnée sonore » comme tu dis, les rythmes, les répétitions, l’instrument piano. Je ne vois pas non plus cette musique comme une musique référentielle, rien ne représente rien à proprement parler, mais peut-être que quand on dit, par exemple, telle note c’est un gong ou celle-là c’est une petite flûte, ce n’est pas pour imiter mais juste pour soutenir l’imagination, pour créer une intention ? Car ce n’est pas facile d’être actif et passif en même temps, en tout cas je m’aperçois que ce morceau me demande un gros effort de concentration ; j’ai du mal à l’enchaîner plus de trois fois de suite (il se ternit chaque fois un peu plus). L’image du chat contemplatif, elle est très belle
Voilà, j’ai tout démantibulé ton texte, ce qui était tout à fait inutile parce que c’est un beau texte donc qui se tient par lui-même, mais c’était juste pour me le clarifier et te le dire tel que je l’avais reçu, ce que j'en ai compris pour l'instant.
Eh oui. Je suis bien d’accord avec toi. Mais je pense que ça va être très compliqué ! (rien de grave, cela dit, la joie d’être amatrice, c’est de ne pas être tenue au résultat.)Claudia a écrit : ↑dimanche 27 déc. 2020 20:17 concernant ta question sur la fin, je pense que le ralentissement de la fin dessert le propos, je pense que cela gagnera beaucoup si tu arrives petit à petit à garder le tempo, évidemment je dis ça en toute humilité, car c'est facile à dire, pas facile à faire, je m'en doute bien.