Mona a écrit : ↑mercredi 25 août 2021 21:36
… parfois après 30 ans d'arrêt…
Euh… moi, c'est 52 ans d'arrêt
Du plus loin que je me rappelle, du temps de ma jeunesse il y a toujours eu un piano (droit) à la maison. Ma sœur ainée apprenait à en jouer, et moi, à 3-4 ans, ma place favorite quand elle jouait, c’était assise par terre, l’oreille collée au panneau inférieur du piano, écoutant avec ravissement les sons qui s’en échappaient. J’essayais aussi, d’un index malhabile, de retrouver sur le clavier les mélodies que j’entendais (je crois que toutes les chansons enfantines y sont passées
).
A 6 ans et demi, j’ai passé avec succès le concours d’entrée en classe de solfège du conservatoire de ma ville. J’y suis restée 6 ans, puis j’ai abandonné, estimant du haut de mes 12 ans que les clefs d’ut (j’en avais appris 3, et j’avais commencé la 4ème) ne m’étaient d’aucune utilité au piano puisque je n’avais besoin que des clefs de sol et de fa 4ème.
Le piano, donc… J’ai commencé le piano à 7 ans et demi, avec ma prof de solfège du conservatoire, par l’incontournable Méthode Rose, mais ça n’a pas très bien marché (en 1 an, je n’avais pas « fait » la moitié de la dite Méthode). J’ai donc changé de prof. Ma nouvelle prof était une jeune fille fraîchement émoulue de la classe de piano du conservatoire (avec une médaille d’or), qui se prénommait Muguette, et avec laquelle je me suis très bien entendue, et que j’ai conservé jusqu’à mes 19 ans. J’ai appris incidemment (elle ne me l’a jamais dit elle-même) que j’avais été sa meilleure élève. Avec elle, j’ai travaillé du Hanon, des gammes, du Czerny (j’ai gardé un souvenir cauchemardesque de son op 740, l’Art de délier les doigts
) et de nombreux morceaux allant de Daquin (le Coucou) à Jacques Ibert, en passant par Bach (j’ai travaillé une Invention par mois !), Mozart, Beethoven, Chopin, Schumann, Debussy, Rachmaninov… Pendant toutes ces années, le piano est devenu mon meilleur ami et mon confident, il partageait mes joies et me consolait quand j’avais du chagrin.
Et puis, à regret, j’ai dû abandonner, je n’avais plus de temps à consacrer au piano : études longues, puis métier oh combien passionnant, mais très envahissant… Ce fut le trou noir pendant 52 ans, je n’osais même plus m’approcher d’un piano tant j’avais honte d’avoir laissé tomber mon meilleur ami. Mais je savais, malgré tout, au plus profond de moi, que j’y reviendrais. Ce que j’ai fait… à 71 ans ! La reprise fut (très) difficile. J’ai repris, seule, d’abord sur un piano numérique (pour ne pas importuner mes voisins). Puis très vite j’ai compris que ce piano numérique, même « haut de gamme », ne serait jamais un vrai piano. J’ai donc fait l’acquisition d’un « vrai » piano, un Schimmel 116 avec silencieux monté d’usine. Au bout de 2 ans, ayant retrouvé un petit niveau, j’ai demandé à une amie, concertiste, si elle acceptait de me donner des cours. Depuis 4 ans maintenant, je prends un cours toutes les trois semaines, je travaille 2 à 3 heures chaque jour, parfois plus,
et c’est un vrai bonheur…
Et ne me demandez surtout pas pourquoi j'ai repris le piano après un si long arrêt, je ne le sais pas moi-même