Merci Midas et Marie-France pour vos témoignages que j'ai bien apprécié lire.

Marie-France je ne savais pas que tes parents étaient pianistes amateurs, ça ajoute encore au contexte.
Ma mère m'a toujours dit que je commençais le piano vers l'âge de 7 ans. Mais il y a 2 ans, quand elle m'a donnée un album de photos, j'ai découvert une photo en noir et blanc de moi et elle au piano, nos yeux sur une partition pour les enfants, elle avait le doigt sur la partition, la photo date de 1977 quand j'avais 4 ans. Elle a des bonnes notions des notes grâce au chant d'opéra qu'elle a appris sérieusement jeune, elle peut identifier les notes de la clé de sol sur le piano, donc elle aurait dû être mon premier contact avec le piano. Je ne me souviens pas qu'elle m'avait appris des notes au piano, mais je ne me souviens pas un moment sans le piano qu'elle a acquis pour que je pratique l'instrument, un petit spinnet Baldwin. Ce piano ne paie pas de mine, il est tout petit et au contraire absolu des conseils ou avis des pianistes ou profs de piano, les touches sont toutes légères mais très réactives, on peut faire à l'infini des pp et ppp sans trou. Maintenant avec du recul et des commentaires de mes profs actuelles, je me demande si mes faiblesses et forces viennent de là, on me dit que j'ai un toucher sensible mais que j'ai un son souvent trop petit.
La seule chose que je me souviens de mon premier cours de piano : ma mère a demandé au prof s'il prenait des adultes débutantes, elle s'intéressait pour elle. Il a demandé si elle avait le temps à s'engager dans la pratique de piano, elle a réfléchi un moment et elle lui a répondu probablement pas. Alors tant pis, les cours n'étaient que pour moi, l'enfant réalise les rêves de sa mère (un peu).

Je suis un peu envieuse des personnes qui racontent qu'elles ont choisi leur instrument, je me demande toujours si j'avais été présenté à plusieurs instruments, si je serais arrivé là avec cet instrument aussi difficile.

Ce sont les fantasmes d'une fille gâtée avec un maman qui donnait dès un petit âge l'instrument et les cours réguliers.
De mes souvenirs, il y avait toujours au moins une semaine mains séparées puis main ensemble. Sur la partition il y avait écrit beaucoup de 1 + 2 + et je me souviens d'avoir des problèmes de comprendre des rythmes (comme toujours). Je crois que mon prof était très bien pour expliquer gentiment et pour que je m'intéresse au piano. Le premier morceau qui reste dans mes souvenirs malheureusement je ne connais pas le titre, mais ça faisait les arpèges de do par une main et puis l'autre et encore puis partait dans un thème en mineur mains ensemble, ça semblait couvrir tout le clavier, ça envoyait un effet avec peu de temps au piano.

Il est né en Estonie mais il a vécu plusieurs années aux Etats-Unis, je ne connais rien de comment solfège est enseigné là-bas, mais il m'a appris juste un peu petit à petit, ce qu'il fallait pour pouvoir jouer comme il semble que beaucoup d'américains apprennent, j'avais parfois un petit article d'une page de temps en temps qui expliquait des concepts "music theory" qui était donné parfois en plus de mes devoirs au piano. C'était pas mal mais pendant 5 ans je n'ai pas appris les tonalités ! Je n'avais pas trop le trac pendant les auditions que le prof a organisé chez lui, c'était bien passé. Je me souviens qu'il a exigé qu'on ne salue pas comme un vrai concert, et que les parents restent à l'écoute aveugle dans une salle à côté, alors que mes parents m'ont exigé de saluer, j'ai pu suivre les instructions de mon prof.
Quand nous avons déménagé à un autre état, j'ai eu des cours avec une vieille veuve qui parlait plus qu'elle m'apprenait ou m'écouter au piano. Parler de tout et rien est une piège à éviter pour les adultes quand on s'entend bien mais pour les enfants peu bavardes c'est peu pardonable...je ne me souviens plus comment ma mère a su qu'elle jetait l'argent un peu par la fenêtre mais elle m'a trouvé une prof qui donnait des cours à une université. Mais étant ma mère, elle a préféré mentir à la prof, elle a inventé une histoire de déception grave que je n'arrivais pas à jouer le concerto empereur de Beethoven dont elle a procuré la partition (rêve de mon père, mais j'ai joué la grande partie de deuxième mouvement seule). C'était dommage parce qu'à une audition de plusieurs profs où j'étais avec la prochaine prof, elle en a parlé...
La dernière prof de mon adolescence dans le cadre d'université était rigoureuse, c'était grâce à elle que je peux faire un peu de lecture à vue, pendant un an, elle m'a forcé de faire à chaque cours. Elle m'inscrivait pour des concours et des auditions. Mais elle m'a fait jouer toujours Bach, même un ancien morceau que j'avais déjà appris, le 13ème invention. (Du coup je peux toujours jouer cette invention.) Elle m'a donné aucune œuvre romantique sauf ceux qui étaient les standards dans les recueils - le 4ème et 6ème préludes de Chopin. A part un concerto de Mozart, j'avais l'impression qu'elle m'a jamais donné des vrais défis. Et avec Bach, il y avait toujours une œuvre contemporain ou moderne que je n'aimais pas, Bartok ou Chostakovitch ou je ne me souviens plus qui. Du coup, la majorité de temps, je n'aimais pas ce que je jouais donc je n'aimais plus le piano. J'ai voulu arrêter des cours surtout que mes répétitions de
show choir prenaient beaucoup de temps, et c'était beaucoup plus sexy, on chantait la variété, on dansait, il y avait des camarades de classe. Et j'étais soulagée que ma mère a enfin accepté que j'arrête, je n'étais pas obligée de faire la grosse audition de plusieurs œuvres la dernière année de piano comme j'ai vu d'autres élèves faire.
On dit que c'est à l'adolescence que la confiance et l'amour propre des filles chutent dramatiquement, je ne sais pas si c'est lié à pourquoi le trac sabotait autant mon jeu, mais du coup, je détestais non seulement les œuvres que je travaillais mais jouer pour autrui était une cauchemar. On m'a engagé faire la musique de chambre, les répétitions se sont bien passés sauf une, il n'y avait pas de piano pour que je répète avec les autres mais le jour du concert, j'ai eu un gros trou, je ne pouvais plus suivre où on devait être sur la partition, et ils ont joué sans piano pour le reste de l'œuvre.
Après, il y avait l'université et je changeais des villes où j'habitais tout le temps, j'avais juste un petit synthé que mon père m'avait offert (clavier incomplet je ne me souviens pas le nombre de touches), mais je ne jouais pas souvent dessus comme ça ne ressemblait pas de tout à un piano. J'avais l'idée d'acheter un numérique avec un clavier entier quand j'ai vu un chez ma sœur, et mon mari a dit que un piano serait mon cadeau d'anniversaire à 40...sauf que entre temps je suis allée à une fête d'adieu et j'ai vu un ancien Gaveau.

J'ai explosé le budget quand j'ai trouvé mon ancien Pleyel, mais c'était un gros coup de coeur. Quand je pense à ce que j'ai appris depuis, j'ai presque le vertige, mon bel instrument et notre belle communauté m'a tellement apporté...