Vincent a écrit : ↑vendredi 17 sept. 2021 10:33
Ce n’est pas tout à fait ça: je n’entend pas du tout une musique robotique pour ma part, mais je ne suis pas en extase non plus. Bien au contraire. J’ai écouté hier soir dans d’excellentes conditions cette toccata, re-sous les doigts de Sokolov et de Cabasso, et aussi sous les doigts de Haskil, de Gould et de quelques autres moins connus (il ne sera pas dit que je n’ai pas fait d’efforts).
Mais je reste malheureusement sur mes premières perceptions…
Je crois avoir plus ou moins compris pourquoi je n’accroche pas, mais il faut que j’arrive à formuler ça correctement. Quand j’aurai un peu plus de temps, je partagerai avec vous.
J'interviens à la demande expresse de Lori, qui me demande de donner mon avis de grand prêtre du Bachisme (ou de Grand Bachi-Bouzouk, si vous préférez). Je conçois dans quel "désarroi spiritique" tu te trouves, mon fils. Ne pas aimer une œuvre de Bach! Mais veux-tu mourir en état de péché mortel?!
Plus sérieusement, Bach aussi a le droit de ne pas écrire que des choses géniales. Même les plus grands se commettent dans des œuvres mineures, surtout quand, comme Mozart, ils ont une créance à honorer rapidement et qu'ils pondent en accéléré une œuvre superficielle ou une imitation d'une autre de leurs productions. Dans le cas de Bach, ce deuxième cas de figure était fréquent quand il fallait honorer un office toutes les semaines, d'où ses cantates pléthoriques et parfois répétitives.
Le cas des toccatas pour clavecin est différent. Ce sont des œuvres de jeunesse, où son talent de compositeur n'était pas encore bien affirmé. Mais aussi, on y trouve des audaces d'inspiration qui sont absentes de ses œuvres de maturité, dans lesquelles ses transgressions à son propre formalisme étaient généralement soigneusement encadrées et maîtrisées. Pour ces toccatas pour clavecin donc (pas celles pour orgue), la composition est parfois inégale. Pour ma part, ce que je n'y aime pas beaucoup, ce sont les parties "toccata" justement, qui sont souvent à peine plus que des improvisations, comme c'était courant à l'époque. Les fugues sont déjà beaucoup plus construites.
En ce qui concerne la fugue en mi mineur, c'est la plus populaire, peut-être parce qu'elle est courte, mais sûrement aussi pour ses sujets et contre-sujets qui sont à la fois rêveurs et enjoués (avis personnel, bien sûr). J'ai adoré cette fugue au début, a posteriori, sa structure imparfaite et l'impression d'inachevé qui s'en dégagent me plaisent moins (sans parler de sa conclusion qui est "bateau"). Mais c'est la seule que j'entends régulièrement sur les forums ou dans les rencontres. Les autres restent obscures, même si je me commets régulièrement dans la fugue en sol mineur, qui est ma préférée.
Pour ta pénitence, tu réciteras 5 Pater et 5 Ave. Va, et ne pèche plus.