Les jeux de l'été

[Mona]

Ces "25 Préludes dans tous les tons majeurs et mineurs" sont bien trop méconnus et recèlent de nombreuses petites perles que vous pouvez découvrir sous le même lien.

Merci Vincent pour ce lien. Je viens d'écouter, c'est très beau... je ne pourrai donc plus dire que je ne connais pas Alkan. Je trouve certains de ces préludes vraiment très touchants, au point d'avoir envie de les jouer .... les plus gais pour ne pas changer...il faudrait vraiment que je m'attelle à jouer des morceaux plus primesautiers, genre "Youpi aujourd'hui il fait soleil" , prélude bien connu qu'Alkan jouait quand il était de bonne humeur, (et qu'il faisait soleil) mais rien à faire, je n'en ai pas envie, même quand je suis de bonne humeur et qu'il fait soleil. Et comme de surcroit aujourd'hui il ne fait pas soleil et que je ne suis pas de bonne humeur, j'ai clairement plus envie de jouer "Las, les ténèbres approchent".

Mais pas contre la seule partition que je trouve de ces préludes est une partition ancienne, et je trouve ça difficilement lisible pour moi, on reconnaît bien sûr les notes mais ça reste un peu dérangeant. Je vais voir si je peux trouver une écriture plus "moderne".

[Vincent]

Je suis un peu comme toi dans mes goûts. Mais c'est aussi parce que les pièces les plus allègres sont souvent allegro (tiens donc, y aurait-il un rapport de cause à effet ? ), alors que les moins gaies penchent plutôt vers des tempi nettement plus modérés. Il y a donc un côté très utile et très pratique, pour le fainéant que je suis, à pencher vers les pas-gaies !

Un des préludes que j'aime beaucoup, qui est facile à apprendre, très mélodieux et que j'ai toujours grand plaisir à jouer régulièrement, c'est le 13ème "J'étais endormie mais mon coeur veillait", (en sol bémol majeur, rhôôôô le frimeur ) - ici sous les doigts de Bertrand Chamayou.

J'ai la partition de cet opus à la maison. Je ne suis pas sûr qu'elle soit de meilleure qualité (je l’avais prise sur IMSLP, et je suppose que c'est ce que tu as fait aussi ?). Mais je te l'enverrai quand même, tu verras par toi même.

[Vincent]

... Et j'en profite, puisque personne ne s'avance, pour proposer cette magnifique Goyesca de Granados, "Quejas, ó la Maja y el Ruiseñor" de toute beauté ici interprétée par cette grande dame du piano qu'est Myra Hess, pour le fa # mineur. (La frime, quand on y goûté une fois, ca devient une addiction irrépressible ).

[Mona]

J'ai la partition de cet opus à la maison. Je ne suis pas sûr qu'elle soit de meilleure qualité (je l’avais prise sur IMSLP, et je suppose que c'est ce que tu as fait aussi ?). Mais je te l'enverrai quand même, tu verras par toi même.

Oui je les ai prises sur imslp, je suppose que c'est la même.

J'aime beaucoup "Le temps qui n'est plus", de loin le plus drôle de tous ces préludes... Celui que tu cites Vincent est très beau aussi. J'aime bien le n°3 également, ainsi que le 6 "Mélodie de la synagogue", j'adore la musique juive, qui peut par contre être très joyeuse. Et j'aime bien les titres donnés à ces petits préludes, je ne sais pas si c'est Alkan qui les a nommés ainsi, mais c'est tour à tour poétique, drôle ou atypique : "Un petit rien", "J'étais endormie mais mon coeur veillait", "Chanson de la folle au bord de la mer" .... (ça me rappelle une chanson de Barbara, "L'Amoureuse", pour moi la plus belle et la plus tragique de toutes ses chansons, qui conte l'histoire d'une femme devenue folle , et morte "d'avoir trop aimé d'amour" comme le chante Barbara. La partie piano qui accompagne le chant est aussi très belle.)

[Chantal]

En mi bémol majeur, je vous propose la 59ème sonate de Haydn, que j’avais eu beaucoup de plaisir à travailler. En voici le très beau second mouvement, Adagio cantabile, par Lili Krauss :

[Vincent]

Là tu t’enferres, Vincent.
D’accord pour le compositeur et l’interprète, mille fois d’accord pour la beauté… mais toujours pas la bonne tonalité !!!
On te demande du ré (D) mineur (1♭à la clef) et tu proposes du do (C) mineur (3♭à la clef) !!!!

J'avais déjà proposé quelque-chose (j'ai toujours été quelqu'un de visionnaire : je savais que le temps du do mineur viendrait un jour... ), mais bon, ça ne compte plus vraiment.

Et puis ça manque de diversité ici, tant côté composition qu'interprétation. Voici donc ma proposition du soir :



PS : non, je ne l'ai pas travaillée

[Chantal]

Aujourd'hui, mi majeur (4 ♯). Je vous propose deux œuvres de Liszt écrites dans cette tonalité. Tout d'abord le sonnet 104 de Pétrarque, extrait du 2ème livre, l'Italie, des Années de pèlerinage, interprété ici par un grand "listzien", Claudio Arrau :




Et puis la cinquième des six études études d'exécution transcendante d'après Paganini, La Chasse, par Emil Gilels :




Bonne écoute

[JPS1827]

Arrau a l’art d’extraire toute la noble poésie de ce genre de pièce (qu’en général je n’aime pas tellement) sans en exagérer la grandiloquence. Quant à Gilels il trouve vraiment des sons cuivrés pour cette étude pas tellement passionnante.

[Vincent]

Pour le do dièse mineur, je voulais sortir des sentiers battus et proposer - en écho à une récente rencontre musicale - le P&F BWV 849 transcrit pour 4 mains au piano par Théodore Dubois (avec l'espoir secret mais probablement vain que Bach revisité par Dubois pouvait peut-être toucher les plus allergiques à Bach ), mais je n'ai pas trouvé de vidéo sur la toile.

Je reviens donc vers un compositeur à la renommée nettement mieux établie, mais continuerai à faire écho à un autre fil du forum - celui-ci, sur lequel j'apprécie les commentaires éclairés de Minette et de Jean-Pierre - en mettant en exergue une interprète que tous les deux ont remarqué pour sa maturité, son raffinement et son zal sur cette très jolie mazurka en do dièse mineur (comme il se doit ici).

[Vincent]

Avant que quelqu'un ne passe à la tonalité suivante, je voudrais juste faire un petit et double écart (que Chantal me pardonnera, j’espère) en proposant aussi le second mouvement de la D.960 de Schubert.

Double écart, le premier étant que je fais deux propositions au lieu d’une seule, et le second étant que la sonate n’est en fait pas formellement dans cette tonalité (elle est en si bémol majeur). En revanche, ce second mouvement est bien en ut dièse mineur – encore que Schubert, fidèle à son art accompli des modulations et des changements de couleurs lui fasse traverser successivement les contrées du la majeur, du sol dièse mineur, du do majeur pour terminer son voyage dans un ut dièse majeur d’une grande simplicité et sérénité.

Une des plus belles pages musicales jamais écrites, indubitablement schubertienne dans son écriture et son esprit. Un mouvement aussi que je travaille avec beaucoup d’émotion et de plaisir depuis longtemps (tout en sachant pertinemment que le temps où je pourrais éventuellement la livrer à un autre auditoire que moi-même est très très lointain).

Ici dans une version de référence universelle par Sviatoslav Richter.