J.S.Bach : quels interprètes préférez vous ?

[Vincent]

Alors c’est très intéressant.
Je me croyais un inconditionnel de Bach, mais là je viens de découvrir que non point.
Je ne connaissais pas cette toccata (comme quoi, on peut connaître Tartempion et sa sonate Machin-Chose mais avoir encore de grosses lacunes dans sa culture musicale) et je m’aperçois avec effarement qu’elle m’ennuie terriblement ! Je n’accroche pas du tout, et je ne saurais dire pourquoi. Simplement, elle ne me touche pas, elle ne m’emporte pas. Pire, je m’y ennuie. Et non, ce n’est pas le côté structuré/mathématique (d’ailleurs peu présent je trouve. Il y a bien d’autres œuvres de Bach où ces dimensions sont bien plus prégnantes et cela ne m’a jamais rebuté, bien au contraire). Ce n’est pas non plus l’interprétation. Aussi bien celle de Sokolov (dont je suis aussi un quasi-inconditionnel) que celle de Cabasso me barbent.
C’est autre chose. Je ne sais pas quoi. Il faut que je réécoute (bien que je n’en ai aucune envie) et que j’essaie d’analyser d’où vient cette aversion, dont je suis le premier surpris (et qui m’accable tout autant car je n’aime vraiment pas l’idée de ne pas aimer Bach).

Autre chose : les différences de perception, qui peuvent être très significatives, devant une même pièce me laissent parfois pantois. Je n’ai jamais été très loin des goûts de Chantal ou d’Hemiole (de ce qu’elles ont publié ici ou là), mais dans ce cas précis, à l’une ça arrache des larmes, chez l’autre ça provoque des bâillements corvidés. Va comprendre…

[Claudia]

Je n'ai pas beaucoup de temps, mais cette Toccata que j'adore est tout sauf mathématique ou froide ou barbante!
Motifs mystiques enchevêtrés, moments de presque improvisation... une dernière fugue au motif simplissime qui confère au rythme le privilège de la joie...

Nous n'entendons pas la même chose

[Vincent]

Ben si, elle m’apparaît totalement barbante.

[Chantal]

… cette Toccata que j'adore est tout sauf mathématique ou froide ou barbante!
Motifs mystiques enchevêtrés, moments de presque improvisation... une dernière fugue au motif simplissime qui confère au rythme le privilège de la joie...

Merci Claudia !

C’est autre chose. Je ne sais pas quoi. Il faut que je réécoute (bien que je n’en ai aucune envie) et que j’essaie d’analyser d’où vient cette aversion, dont je suis le premier surpris (et qui m’accable tout autant car je n’aime vraiment pas l’idée de ne pas aimer Bach).

Si tu ne l'avais jamais encore entendue, cette toccata, oui, je pense qu'il faudra la réécouter. On n'est pas toujours réceptifs à la musique de la même façon : certaines œuvres que j'adore et que j'écoute en boucle un jour pourront me paraître d'un ennui mortel et me laisser de marbre le lendemain. Pourquoi ? Je serais bien en peine de le dire…

[Mona]

Ah je trouve ça très intéressant la diversité de vos ressentis sur un même morceau ! Ca rejoint le sujet où il était question de la fermeture qu'on peut ressentir face à certains répertoires ou morceaux. J'écouterai ça dès que j'aurai un moment.

[Lee]

C’est autre chose. Je ne sais pas quoi. Il faut que je réécoute (bien que je n’en ai aucune envie) et que j’essaie d’analyser d’où vient cette aversion, dont je suis le premier surpris (et qui m’accable tout autant car je n’aime vraiment pas l’idée de ne pas aimer Bach).

Fascinant, oui, j'espère que tu trouves le pourquoi. Par contre pourquoi ne pas aimer quelques oeuvres de ton compositeur préféré te dérange ? Je croyais qu'on avait tous quelques oeuvres qui ne nous parlaient pas même de nos génies préférés...

[Mona]

Par contre pourquoi ne pas aimer quelques oeuvres de ton compositeur préféré te dérange ? Je croyais qu'on avait tous quelques oeuvres qui ne nous parlaient pas même de nos génies préférés...

Oui en effet, c'est mon cas en tout cas. Même parmi mes compositeurs préférés, il y a des œuvres que je n'aime pas. Etonnamment, c'est chez Bach que j'aime le plus de choses en général, il y a très peu d'oeuvres qui m'ennuient (c'est le cas d'ailleurs sur le baroque en général). C'est plus contrasté avec Schubert. C'est je crois le compositeur qui me bouleverse le plus sur certains morceaux, mais d'autres me laissent indifférente.

Alors je viens d"écouter cette Toccata. J'aime beaucoup, je n'entends rien de mathématique, carré ou ennuyeux.... Je suis étonnée Vincent que tu n'aimes pas, car pour moi ce morceau est vraiment très caractéristique de Bach. C'est très étonnant la différence de perception qu'on peut avoir.... Je trouve que Bach prête plus à ce phénomène que d'autres compositeurs... J'aimerais bien comprendre ce qui crée cet enchantement, ou au contraire ce rejet pour Bach, je n'arrive pas à l'expliquer pour moi.... je n'entends pas quelque chose de mathématique, mais au contraire quelque chose de très profond, presque métaphysique, j'entends l'enchevêtrement des voix, cette superposition touche en moi quelque chose de très viscéral, mais il y a encore autre chose que je n'arrive pas à nommer... c'est peut être ça justement, ça atteint quelque chose en soi qui ne peut pas se saisir avec les mots....

Les 2 versions ci dessus sont quasiment à l'opposé, ce qui témoigne là aussi de la façon très personnelle dont Bach peut être perçu.... Il y a aussi cette jolie version de Clara Haskil , toute en retenue et délicatesse....

[Vincent]

Etaient-ce les conditions d'écoute (en effet pas optimales hier soir) ?
Peut-être, mais en vérité j'en doute un peu. Je vais néanmoins ré-écouter - y compris la version d'Haskil, que j'aime en général beaucoup, mais surtout pour Mozart - postée par Mona, comme le suggère Chantal. Et je veillerai à le faire dans les meilleures conditions audio possibles et vous dirai. Jean-Séb (le compositeur ) a bien droit à une deuxième chance. Je vais chercher à trouver aussi une version par Lipatti (un de mes interprètes favoris pour Bach ; par la même occasion je réponds for opportunément à la question de ce fil ) pour voir si ma perception est différente.

Et pour répondre à Lee, oui, tu as raison : il n'y a rien de honteux ou d'incohérent à ne pas aimer l'intégralité de l'oeuvre de quelqu'un que l'on affectionne tout particulièrement. Mais c'est quand même la 1ère fois que cela m'arrive avec l'oeuvre de Bach (au clavier - il y a quelques cantates avec lesquelles j'ai aussi du mal) et pour être franc, ça m'a quand même remué hier soir.

[Mona]

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[Mona]

Et pour répondre à Lee, oui, tu as raison : il n'y a rien de honteux ou d'incohérent à ne pas aimer l'intégralité de l'oeuvre de quelqu'un que l'on affectionne tout particulièrement. Mais c'est quand même la 1ère fois que cela m'arrive avec l'oeuvre de Bach (au clavier - il y a quelques cantates avec lesquelles j'ai aussi du mal) et pour être franc, ça m'a quand même remué hier soir.

He bien je trouve ça même plutôt positif de ne pas aimer TOUT chez un compositeur, c'est comme en amour. Il y a toujours des choses chez l'autre qu'on ne comprend pas, qui nous échappent, qui diffèrent de notre propre vision des choses, voir qu'on n'aime pas. Et c'est ce côté justement "pas-tout" qui est intéressant, aimer l'autre aussi avec ce qui nous est contraire, avec ce qui ne répond pas à nos attentes (enfin avec certaines limites bien sûr, quelqu'un qui cloue les chats noirs sur des portes d'église par exemple, j'ai du mal à accepter, même si c'est par ailleurs quelqu'un de charmant. J'ai encore des pointes d'intolérance à travailler). Donc Vincent, tu peux tout à fait t'autoriser à t'adresser à Jean-Seb en ces termes : "Ecoute mon pote, habituellement je t'adore, mais là, désolé, que dalle. Je te trouve carrément à côté de la plaque, c'est un poil barbant ce que tu me proposes là. Mais je te kiffe quand même". Et voilà, votre admiration réciproque n'en est point affectée (parce que je suis sûre que Jean-Seb te kiffe aussi, même s'il est peu loquace sur la question).