Laure a écrit : samedi 28 mars 2020 09:47
Ce que nous vivons est tout à fait dérisoire en regard de ce que toi, Catherine, tu t’apprêtes à vivre. Nous, nous sommes encore ancrés dans le quotidien,
mais non je ne crois pas que ce soit dérisoire. Il s'agit aussi d'adaptations, et pour partie, sur le long terme (je pense aux petites entreprises qui ne savent pas si elles pourront redémarrer, aussi bien qu'aux étudiants qui sont dans l'inconnu pour leurs concours, aussi bien, qu'aux changement induits dans les familles confinées ensemble... ou séparés...), et aussi aux gens qui perdent des proches, ou simplement qui s'inquiètent au quotidien pour eux. Je pense que l'inconnu est difficile, que nos vies seront forcément changées, que cette préoccupation collective (comme tu le souligne bien Galadrielle) pèse sur tous.
Je ne le vois pas comme une guerre mais comme une catastrophe qui doit souder et inciter à l'entraide. Pour une équipe médicale, c'est surtout un changement d'échelle, mais nous avons déjà une culture de l'entraide d'équipe, et je pense que c'est particulièrement vrai en anesthésie par rapport à d'autres spécialités médicales qui sont moins confrontées d'habitude à cette nécessité.
Je suis d'accord pour dire que c'est aussi quelque chose d'intéressant par les repositionnements multiples provoqués, et qu'on a tout intérêt à savoir saisir ce côté qui nous permet d'explorer quelque chose de nouveau avec des dimensions positives. Cela permet en plus de sortir de la rumination passive... négative lorsqu'elle entretient la peur.
Explorer quelque chose de nouveau, aujourd'hui nous y sommes tous confrontés, il n'y a pas de dérisoire, ni d'ailleurs d'héroïsme. Il y a des gens qui font ce qu'ils peuvent et savent faire, au mieux.
Moi je trouve très précieux qu'il y ait des gens qui restent dans un quotidien plus simple, cela permet de s'y ancrer avec eux dans les moments où on peut le faire. Parfois je les envie (parce qu'ils peuvent s'éloigner davantage de l'actualité, et prendre du temps pour se ressourcer), parfois non (car l'action occupe corps et esprit, et à cause du sentiment d'utilité), et sachez aussi que moi je ne suis vraiment pas à plaindre par rapport aux équipes en grande difficulté...