Par un entretien avec Lugansky, j'ai appris ce mot russe toska qu'on dit impossible de traduire en français ou en anglais. Dans son entretien, c'est ironique qu'il dit que parmi tous les écrivains russe, l'écrivain qui n'avait pas d'âme russe était Nabokov, parce qu'on trouve une bonne explication de toska par lui :
"Aucun mot en anglais ne rend toutes les nuances de la toska. Dans sa forme la plus profonde et la plus douloureuse, c'est une sensation de grande angoisse spirituelle, souvent sans cause spécifique. À des niveaux moins morbides, il s'agit d'une douleur indistincte de l'âme, d'un désir sans objet, d'une nostalgie maladive, d'une vague agitation, d'un malaise mental, d'un désir ardent. Dans certains cas, il peut s'agir du désir de quelqu'un ou de quelque chose de précis, de la nostalgie, du mal d'amour. Au niveau le plus bas, il se transforme en ennui."
En musique, les compositeurs que Lugansky associe avec Toska sont certainement Rachmaninoff, Chostakovitch (dans "un sens très noir"), certaines œuvres de Tchaikovsky et Mussorgsky, par contre les Russes qui n'avaient pas de tout ces qualités (selon lui): Glinka, Prokofiev, Borodin.
Vous avez l'impression de saisir le concept de toska ? Parce que je ne suis pas sûre comprendre.
Les mots impossible de traduire
Re: Les mots impossible de traduire
En matière de sentiments et d'émotions, les représentations sont tellement diverses selon les cultures et les langages que les mots spécifiques à une langue, difficilement traduisibles dans les autres autrement que sous forme de périphrase, sont légion : le "duende" espagnol, le spleen cher à Baudelaire (quand bien même il trouve son origine dans le nom anglais de la rate, il n'est pas immédiatement traduisible), la saudade portugaise, la Sehnsucht allemand... Et plus simplement encore, le fameux blues en anglais.
Je ne vois pas d'autres façons de décrire la toska russe autrement que comme Lugansky l'a fait. Mais elle est au fond assez proche de ces autres notions, qui touchent pour la plupart (à part le duende ) à une forme de mélancolie, de tristesse, de langueur et de vague à l'âme (notion elle-même intraduisible d'ailleurs).
Je ne vois pas d'autres façons de décrire la toska russe autrement que comme Lugansky l'a fait. Mais elle est au fond assez proche de ces autres notions, qui touchent pour la plupart (à part le duende ) à une forme de mélancolie, de tristesse, de langueur et de vague à l'âme (notion elle-même intraduisible d'ailleurs).
Re: Les mots impossible de traduire
Voir page 249 de ce document les liens entre la toska russe et la tęsknota polonaise, ainsi qu'avec saudade, Sehnsucht et spleen, ainsi qu'avec le fameux zal polonais, toujours cité abondamment en rapport avec Chopin et parangon autoproclamé du mot intraduisible !
http://www.centre-civilisation-polonais ... 2008-1.pdf
Elle incarne si bien ce "zal", terme polonais intraduisible, sorte de vague à l'âme, de nostalgie qu'exacerbe la douleur de l'exil.
https://books.google.fr/books?id=KehIDw ... &q&f=false
http://www.centre-civilisation-polonais ... 2008-1.pdf
Elle incarne si bien ce "zal", terme polonais intraduisible, sorte de vague à l'âme, de nostalgie qu'exacerbe la douleur de l'exil.
https://books.google.fr/books?id=KehIDw ... &q&f=false
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Re: Les mots impossible de traduire
Ooh, je n'ai que commencer à lire, Jean-Séb, merci, c'est intéressant.
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Re: Les mots impossible de traduire
Et il ne faut pas oublier le fiu des Tahitiens.
https://la1ere.francetvinfo.fr/polynesi ... 87654.html
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Re: Les mots impossible de traduire
Tu ne connais donc pas la Chanson de Cesaria Evora ?