Donc j'ai suivi cette séance, qui avait pour objet de présenter un projet d'enseignement à distance et décrit la méthode. C'est une méthode intéressante parce qu'elle est axée sur l'acquisition d'une autonomie dans le travail et sur le plaisir de se forger des outils dans ce sens, en faisant beaucoup intervenir le principes d'économie d'énergie et d'optimisation du temps.
Il utilise beaucoup les observations des neurosciences, en gros comment rester toujours en éveil dans le travail. Évidemment ça me parle beaucoup parce que c'est ce que j'essaye de faire et qui me plaît dans le travail au piano.
Quelques exemples nouveaux pour moi : il a expliqué que si on répète un passage long 30 fois jusqu'à bien le réussir, et qu'on le reprend le lendemain, on constate une "perte". Alors que si on travaille le passage en répétant de manière aléatoire différents segments du passage 5 fois chacun, même si le jour même le passage entier semble encore fragile, en fait le lendemain il sera mieux appris. Parce que le cerveau apprend mieux quand il s'ennuie moins

et aussi, j'imagine, parce qu'une bonne nuit de sommeil prolonge et unifie le travail fragmenté, alors qu'une simple répétition ne continue pas à se répéter dans le sommeil (ça c'est mon interprétation, ce n'est pas exactement ce qu'il a dit, même s'il a évoqué à un autre moment l'importance du sommeil, ce dont je suis convaincue en tant qu'insomniaque patentée). En l'écoutant j'ai reconnu quelque chose que j'avais vaguement ressenti par accident, dans des contextes où j'ai peu de temps et où je "papillonne" tout en étant très concentrée sur les petites choses que je fais. J'avais en effet remarqué que quelque chose se passait, un assemblage presque inconscient. Je n'y avais pas fait attention, mais du coup ce que Fabio a dit m'a un peu éclairée sur ça. On peut donc papillonner fructueusement!
Autre exemple, quand un déplacement rapide est difficile, le travailler en jouant le point de départ, le quitter en ayant mentalement ciblé le point d'arrivée, y aller vite sans jouer, juste en posant les doigts sur les touches, pour ne pas mémoriser l'erreur s'il y en a; ne commencer à jouer le point d'arrivée que lorsque le geste est acquis.
C'est travailler surtout l'agilité mentale, l'invention pratique, les mille petites choses qui consolident la mémoire et la recherche musicale. Pas mal de conseils hors piano aussi, sur la manière de lire la partition, la manière de varier les paramètres de la lecture, avant même de se mettre au piano, ou entre deux séances. C'est stimulant et assez joyeux.