Fanny Hensel-Mendelssohn "Andante con moto" op2 n2 (ou Septembre de "Das Jahr") - 5 semaines + tard

[josiane]

J’ai oublié de te dire que cette nouvelle version a bien progressé par rapport à la précédente bravo il manque peut-être un peu de vitesse.
Petite suggestion que je faisais souvent à mes élèves en cas de démotivation passagère: essaye de travailler une pièce courte et pas difficile pour te détendre ou un 4 mains en laissant poser cette pièce quelques semaines.
Et puis en ce qui me concerne la motivation pour insister sur une pièce peut être soumise à si peu de choses:
Un conseil d’un autre pianiste, le fait de le jouer à quelqu’un même si cette personne n’a pas les connaissances pour me dire ce qui ne va pas je ne sais pas pourquoi généralement ça débloque quelque chose et je retrouve l’envie d’y retourner, d’aller plus loin.
Le temps où je travaillais beaucoup de pièces ou en même temps ou à la suite les unes des autres est terminé, j’ai fini par accepter qu’il me faille beaucoup de temps pour que ça soit présentable.

[Lee]

Je me retrouve dans ce que dit Josiane. J'ai aussi remarqué une amélioration marquée du son depuis les dernières deux ou trois années. Et tu joues toujours beaucoup d’œuvres au même temps et j'ai l'impression au conservatoire que c'est encore plus, en tout cas même si ton répertoire courant m'est inimaginable pour moi, je peux imaginer que ça "gratte" sur la vitesse perçu de l'apprentissage...et peut-être que tes sentiments d'autres limites viennent aussi de là ? Parce que même si tu te consacres beaucoup de temps et le temps nécessaire, et même si l'apprentissage de plusieurs œuvres au même temps peut contribuer un à l'autre, je me demande à quel moment que c'est trop.

[Chantal]

Hémiole,e viens d"écouter ton interprétation de l' "Andante con moto" de Fanny Mendelssohn. C'est un morceau que je ne connaissais pas du tout, et que j'ai beaucoup aimé… Je trouve ta version déjà bien aboutie. Bravo !

Claudia utilise le mot "ambition", je ne dirais pas ambition, mais attente évidemment. Et je réalise que cette attente s'est basée sur l'observation sans doute naïve de la pente de progression dont j'ai bénéficié entre 9 et 17 ans, même si je n'étais pas en conservatoire. Lorsque j'ai repris plus de 30 ans après, j'avais bien conscience qu'il fallait "remonter la pente", mais je pensais que l'ascension continuerait au même rythme. Or ce n'est pas le cas.

Je me retrouve totalement dans ce que tu écris, Hémiole. Nous avons des parcours pianistiques similaires (et des attentes et des questionnements également similaires). J'ai étudié le piano de 8 à 19 ans avec un prof particulier, puis je me suis arrêtée complètement pendant 54 ans (beaucoup plus longtemps que toi, ça a son importance : on "repart" de beaucoup plus bas). Je viens de commencer ma 8ème année de reprise, avec la même prof (et amie de plus de 20 ans). Quand elle me dit que j'ai fait d'énormes progrès, je ne peux pas et ne veux pas l'entendre. Elle me juge sur ma ptrgression depuis que je prends des cours avec elle, moi je me juge en fonction de ce que j'étais capable de faire quand j'étais jeune, et j'ai plutôt le sentiment d'avoir régressé, au mieux, de stagner, d'où les phases de démotivation (et de découragement) que tu décris. Je n'ai jamais envisagé de jouer Islamey ou Gaspard de la Nuit. Je sais très bien que je ne rejouerai jamais le 1er mouvement du 3ème concerto de Beethoven, denière œuvre travaillée à 19 ans. Est-ce bien grave ? Je me console avec le Clavier bien Tempéré (j'en ai déjà travaillé le quart)…

[catherine]

Islamey je ne jouerai jamais non plus (je l'ai entendu à Ouessant ), nous avons une grande chance c'est l'étendue du répertoire de piano qui permet je pense de trouver de quoi faire pour tous les niveaux (s'il faut parler de niveau) et surtout , plus pertinent à mon avis, pour tous les moments et humeurs

[Hémiole]

Merci les copines pour vos témoignages et avis ! C'est assez réconfortant, même s'il faut constater que l'insatisfaction est souvent au rendez-vous de cette activité assez masochiste ?

Josiane tu fais preuve de sagesse ! Je n'en suis pas à ce stade d'acceptation même si je suis là première à refuser les pièces trop difficiles que mon prof me propose. J'ai du mal par contre à renoncer à une certaine diversité et à travailler un seul morceau à la fois.

Bon alors j'entends ce que vous me dites sur l'évolution qualitative de ce que je joue. OK donc il y a des progrès sur certains axes (son, souplesse), même si je souffre de ne pas en faire sur d'autres (apprentissage, vélocité, notamment). On peut quand même appeler ça un plafond de verre : je gagne peut-être en surface ou en profondeur, mais pas en hauteur . Chantal est-ce que ça te parle aussi ? En tous cas que tu aies déjà abordé un quart du clavier bien tempéré je trouve que c'est déjà extraordinaire !

Je ne rêve pas de jouer Islamey ou Gaspard de la nuit ou encore le répertoire lisztien. Mais jouer une sonate entière à peu près correctement, de Beethoven ou Schubert me paraissait par exemple un objectif naturel même pour des pianistes amateurs, or cela ne m'est pas vraiment accessible en niveau et surtout en temps nécessaire. Et il faut dire qu'on n'a pas vraiment non plus les occasions d'en jouer car l'écoute est aussi trop longue
Je ne serais même pas à l'aise dans un répertoire de "morceaux de salon" bien plus adaptés aux pianistes amateurs, mais qui nécessitent quand même souvent une belle agilité.
Alors oui il y a une quantité déjà bien plus que suffisante de morceaux "accessibles", à condition d'un long travail et sans garantie de résultat correct. Je place dans cette catégorie les intermezzos de Brahms que j'ai appris récemment ou les préludes les moins difficiles de l'opus 11 de Scriabine appris précédemment. Dans les deux cas, j'en ai un peu trop bavé pour les apprendre et je n'ai pas réussi à en produire des interprétations satisfaisantes en public.
Alors certes aussi notre niveau d'exigence augmente avec l'oreille qui s'affine.

Mais voilà je finis par me demander pourquoi tout ça ? Je finis par rêver de facilité. Pour celà il me faudrait me cantonner à un répertoire de cycle 1 ! Ou alors me mettre à la variété ? Pas super motivant tout ça même si une fois de temps en temps ça peut distraire...

[josiane]

Si tu te mets à la variété je ne te connais plus!
Pour ce qui est de jouer en public, on a quand même la chance de pouvoir jouer ches les uns ou les autres alors pourquoi pas une sonate en entier?
C’est un bon défi pour progresser et tant pis si ça prend un peu de temps.
Je trouve que tu as travaillé un répertoire riche et varié ces dernières années c’est ça qui est positif.
Quand à l’évaluation du niveau.. toutes ces graduations sont utiles pour donner une idée mais quand même pas fiables à tous les coups parce que les difficultés sont propres à chacun.
S’il te faut un concert pour te motiver tu peux venir jouer chez moi quand tu veux et personne ne fera la fine bouche, que tu nous joues un pavé ou plusieurs petites pièces. Tiens c’est pas mal ça de monter un recueil dont chaque pièce séparée est facile mais dont l’ensemble ne l’est pas tant que ça.

[Claudia]

J'ai l'impression que le mot "ambition" est souvent connoté négativement? (effectivement le premier sens selon le TLFi est "généralement péjoratif, Recherche immodérée de la domination et des honneurs". Mais bon c'est tellement à mille lieues de ce que nous sommes ici que franchement...)
Je l'entends selon cette définition, la deuxième : "Désir d'accomplir, de réaliser une grande chose, en y engageant sa fierté, son honneur. Synon. idéal, aspiration."

Voilà. Je trouve qu'une sonate entière, c'est une "grande chose", tout à l'honneur de la pianiste qui nous y invite, et ce serait aussi un honneur pour nous de t'écouter jouer une sonate entière.
La musique est plus grande que nous, de toutes manières

[Hémiole]

Merci Josiane pour ton invitation c'est adorable, et merci Claudia pour ta nuance sur la notion d'ambition.
Je crains quand même que la sonate ce ne soit pas pour demain

[Chantal]

… je gagne peut-être en surface ou en profondeur, mais pas en hauteur . Chantal est-ce que ça te parle aussi ?

Oh que oui !!!! Quant à ta question :

Mais voilà je finis par me demander pourquoi tout ça ?

rassure-toi, je me la pose chaque fois que je pose mes doigts sur un piano (donc tout les jours).

[Claudia]

"La rose est sans pourquoi,
elle fleurit parce qu'elle fleurit"

(Angelus Silesius)