Planning pour la maintenance des pièces

[Lee]

Bonjour,

Je me rends compte avoir perdu beaucoup de morceaux que non seulement je ne peux plus jouer, même avec la partition, mais qui seront comme commencer à zéro si je reprends, ce qui est très dommage quand je pense aux heures dépensées pour les apprendre !

Au travail, une personne m'a expliqué qu'il a crée et on peut utiliser des logiciels pour garder ce qu'on a appris. Je crois que ces logiciels sont liés au calendrier particulier et rappellent des informations sous la forme des quiz, des questions, des révisions basés sur ce que les chercheurs ont trouvé comme la fréquence et les moyens pour retenir les informations. Étant beaucoup moins organisé que plusieurs entre vous, je me demandais si vous utilisez des plannings particulier pour maintenir des pièces que vous pouvez jouer (avec la partition) ou si vous connaissez des moyens pour nous guider dans cet objectif.

Merci pour vos perceptions !

[catherine]

Je ne fais rien pour maintenir des pièces déjà apprises parce que le travail des nouvelles me prend tout le temps disponible (et que le travail de maintenance devrait être précis et m'ennuierait je crois).
Je pense que le mieux pour pouvoir rejouer une pièce déjà apprise est justement la qualité du premier apprentissage, et tout spécialement, de l'avoir apprise pour la jouer en public car cela solidifie les fondations. Après, on ne reprend pas de zéro, on reprend assez bas et on se souvient rapidement de ce qui est acquis...

[JPS1827]

Le mieux c'est de s'arranger pour avoir à les rejouer, du coup à chaque fois ça redemande moins de travail. Si on a tout mis en place de façon à pouvoir jouer sans forcer du tout ça reste assez bien je trouve. Par contre tout ce qui passe un peu "sur la corde raide" ne reste pas du tout.

[josiane]

Je ne garde pas les pièces une fois que j’ai l’impression de ne plus pouvoir progresser dessus.
Par contre ce qui est drôle avec la mémoire c’est qu’il m’est arrivé d’apprendre des pièces, de les travailler un peu puis de les laisser tomber. Si je les reprends quelques années plus tard il en reste toujours quelque chose et pourtant au départ j’ai l’impression de ne plus rien savoir.
Comme quoi le cerveau doit emmagasiner un tas d’informations et surtout les garder.

[Hémiole]

Rejouer des pièces travaillées précédemment est pour moi un grand plaisir, même si la qualité de l'exécution baisse avec le temps. J'ai une liste (mon "répertoire") qui me permet de réviser sans en oublier et sans privilégier l'une par rapport à l'autre.
Je pioche dedans dans l'ordre (à peu près), chaque jour où presque, 1, 2 ou 3 morceaux selon leur durée et difficulté. Rien de scientifique. Je connais les méthodes d'apprentissage espacé et l'existence d'applications pour les suivre, mais je ne les utilise pas vraiment. Disons seulement que si un morceau me semble trop "oublié", je vais le reprendre 2 ou 3 jours après au lieu de passer au suivant dans ma liste.
Si je veux réactiver une de ces pièces pour la jouer en public, il me faudra la travailler plus spécifiquement, entre 3h et 3 semaines environ selon sa durée et sa difficulté.
Cette liste "répertoire" évolue de temps en temps : des pièces s'y ajoutent évidemment (quoique lentement ), et d'autres en sortent si je me rends compte que finalement j'en ai marre ou qu'elles ne me plaisent pas tant que ça.
Comme cette liste est longue, que je ne la pratique pas tous les jours, et que je reviens dans certains cas plusieurs fois sur le même morceau, je la joue en moyenne en entier en 2 mois. Insuffisant pour la mémoire, mais pour faire plus, il me faudrait ajouter 1h de piano par jour... Cela me prend déjà en moyenne 1/2h par jour.

[Line-Marie]

Je n'ai pas de planning spécifique pour entretenir le répertoire que j'ai joué.
Je me crée des occasions de petits concerts pour retravailler des œuvres que j'aime beaucoup. Comme ce sont souvent des œuvres conséquentes cela me prend plusieurs semaines voire plusieurs mois et comme Josiane quand je reprends la partition j'ai l'impression de ne rien savoir et parfois je me demande si je l'ai travailler.Puis tout à coup après plusieurs jours, 2 semaines ou plus ( cela dépend du temps que j'y consacre)tout revient. Et je peux dépasser ce que j'avais fait.

[Chantal]

Comme quoi le cerveau doit emmagasiner un tas d’informations et surtout les garder.

Oui, on ne connaît pas encore grand chose sur le fonctionnement de notre cerveau, on n'en est encore qu'aux balbutiements…

Moi non plus je ne garde pas (et je le déplore, mais ça me prendrait trop de temps) les morceaux déjà appris. Mais comme l'ont fait remarquer la plupart des intervenant(e)s, même si on a l'impression d'avoir tout oublié, il reste toujours quelque chose. J'en veux pour preuve ce qui m'est arrivé récemment. J'ai étudié le piano dans ma jeunesse de 8 ans à 19 ans, puis je me suis arrêtée totalement (études, plus de piano chez moi, métier très chronophage…) pendant plus de 50 ans. L'année dernière, j'ai repris le premier mouvement de la 8ème sonate (K 310) de Mozart, travaillé lorsque j'avais 15 ans. Premier étonnement : la partie un peu technique (mesures 59-69) qui m'en avait tant fait baver lors de mon primo-apprentissage m'est revenue dans les doigts pratiquement sans déchiffrage (et sans travail particulier !). Autre sujet d'étonnement (et de réflexion) : un jour, en cours, ma prof m'a demandé pourquoi je n'utilisais pas, dans la partie rapide, les bons doigtés de ma partition (une édition Wiener Urtext). Sur le coup, je n'ai pas su quoi lui répondre. De retour chez moi, j'ai essayé ces "bons" doigtés. En vain : je revenais toujours à mes "mauvais" doigtés. En fait, ces "mauvais" doigtés, comme j'ai pu le constater en retrouvant la vielle partition (en lambeaux) sur laquelle je travaillais à 15 ans, étaient ceux que j'utilisais à l'époque… Un autre exemple qui me renforce dans l'idée que ce qu'on a appris ne se perd pas entièrement : il m'a fallu moins de 2 mois pour reprendre le Presto agitato de la sonate dite "Clair de lune" de Beethoven travaillé lorsque j'avais 16 ans. Il est vrai que le travail avait été sérieux : c'est le morceau que j'avais présenté à l'épreuve de musique du Bac (1ère partie, puisque je fais partie des privilégiés qui ont passé le Bac en 2 parties ).
Etonnant quand même après plus de 50 ans d'arrêt total ?

[Midas]

... ce qu'on a appris ne se perd pas entièrement...
Etonnant quand même après plus de 50 ans d'arrêt total ?

C'est surtout ce qu'on appris jeune ou très jeune qui reste très longtemps. Dans mon cas, qui ai pourtant commencé le piano jeune adulte, mais en autodidacte, donc sans bonne méthode, j'ai encore toutes les peines du monde à débarrasser les morceaux que j'ai appris à cette époque de toutes leurs scories de mauvais automatismes. J'ai beau les reprendre tous les dix ans environ, ce sont souvent les automatismes de la première fois qui reviennent d'abord, et que je dois combattre.

Sinon, pour le reste, et pour les morceaux appris au cours de cette dernière décennie, c'est un peu comme ce qu'en disent les autres intervenants, et tout particulièrement Hémiole. Je plussoie aussi JPS en ce qui concerne les parties mal sues. Celles qui ont été bien acquises reviennent très vite et sans effort, les autres, c'est le néant, et c'est tant mieux: c'est la preuve que le travail n'était pas solide, et que ces passages ne "passaient" que mécaniquement. Il est donc salutaire dans ce cas de refaire un travail approfondi pour mieux les maîtriser, travail qu'il est difficile de faire sur un morceau en phase "finale".