Un virus qui ralentit toute la société

[Vincent]

La question des personnes âgées n'est pas hyper claire dans le consignes.
Ne pas leur rendre visite nous dit-on. Ah bon. Mais en même temps, une partie de la prise en charge est annulée et par ailleurs ce n'est pas nécessairement une bonne idée d'avoir une armada d'aides à domicile qui déboulent chez la personne âgée dépendante alors que des membres de la famille peuvent faire ce qu'il faut tout en ayant beaucoup moins de contacts multipliés avec d'autres personnes. Enfin c'est ma petite analyse du risque perso.
Les personnes âgées dépendantes ont besoin de ravitaillement alimentaire, manger, rester propres et vivre dans une maison propre, mais aussi de bavarder, ne pas sombrer dans la solitude.

Pour te rassurer, Claudia, les consignes et tolérances sont assez claires. Je cite Castaner : les déplacements « nécessaires pour faire des courses ou pour les besoins de première nécessité, pour motifs de santé, pour les déplacements au motif familial impérieux, pour les personnes vulnérables, pour venir en aide à un proche dépendant » échappent aux restrictions (mais pas aux justificatifs).

J'ai encore mes parents de 96 et 93 ans, qui ont encore la chance de vivre chez eux, presque autonomes dans leur appartement, sauf pour leur ravitaillement (ils peuvent difficilement sortir). Je ne suis pas sûr que leurs aides à domiciles pourront encore les prendre en charge (je préférerais que non en fait, compte tenu des risques d'importation du virus), mais il est évident que leurs enfants (moi et mes frères/sœur) seront autorisés à ces déplacements-là, dont la nécessité n'est même pas une question. Il faudra juste s'astreindre à avoir ce papier justificatif avec soi. Chiant, mais parfaitement acceptable.

Sur ce fil, je suis atterré et affligé par la lecture idéologique qui est faite ici et là par certains de cette crise et de la réponse que le gouvernement tente de lui donner. Le "Ne vous laissez pas faire !" est d'une irresponsabilité totale et parler de dictature est une aberration sans nom.

Ceci sera ma seule intervention sur ce fil. J'espère - comme souvent sur ce genre de thèmes - qu'il ne va pas dériver comme d'autres fils généraux sur d'autres forums et je compte sur nos administrateurs pour assurer la discipline nécessaire, fût-elle brutale, pour que ce fil reste aussi factuel, neutre et de bon sens que possible, préservant ainsi l'esprit originel du Nautilus.

@JPS : les simulations du Washington Post sont très intéressantes et très parlantes Je les avais vues à leur parution aussi, mais n'avais pas pensé à les partager ici. Tu as bien fait et j'espère qu'elles rappelleront tout le monde à la raison et à la responsabilité.

@Catherine: bravo et courage. Difficile de dire plus, mais on peut chacun faire un peu plus plus pour que toi et tout le corps médical ne soient pas les victimes collatérales de notre incivisme ou de notre goût immodéré pour une liberté individuelle exclusivement vue comme un droit sans les devoirs qui lui sont attachés.

[Armag]

Catherine, je pense aussi très fort à toi et à tout le personnel médical.

[Midas]

On arrive a la question de Coignet, jusqu'ou nous sommes prets à aller dans les restrictions ?

Question que je me posais mais désormais je n'ai plus la possibilité.

Notre grand chef a parlé, puis le chef de la police.

Étant en vacances, seul, je viens de rentrer précipitamment à Paris pour ne pas me trouver en situation d'être bloqué, seul, laissant ma compagne seule pendant un temps indéterminé dans une situation pas drôle. Maintenant je suis bloqué ici.

Elle arrivera in extremis de l'étranger demain matin et sera bloquée elle aussi, après avoir réduit à deux jours un voyage de huit jours. Plus tard, plus d'avion. Au moins pas seuls.
Par décision des grands chefs, nous sommes de plus en chômage partiel. Nous avons des activités qui ne se pratiquent pas par correspondance...
Réduction drastique des revenus à prévoir.

J'ai de manière exceptionnelle un travail pouvant se faire à domicile pendant une ou deux semaines. Puis ?

Faire des activités créatrices toujours repoussées.
Puis ?

En ne pouvant se rendre chez les amis et la famille, confinés dans un appartement mignon d'une pièce ?

Développer et numériser des films à deux.
Réviser mon piano droit...
Puis ?

Il ne faudrait pas que ça dure.
Il va falloir subir les rondes de police, se justifier d'aller acheter le pain du matin. Comme dans un film, mais en vrai, pour un temps indéterminé.

Je suis à peu près dans le même cas de figure, coincé chez moi pour mes vacances, tandis que ma femme est coincée en Province chez notre fille. Je devais la rejoindre, tout tombe à l'eau, et je ne sais pas comment elle va rentrer.

Je pense égalemenet qu'on surréagit, et que les dommages collatéraux de cette "plaisanterie" seront beaucoup plus importants que ceux dont on arrivera seulement à ralentir les effets. Mais je ne jette pas la pierre à nos dirigeants. D'une part, il y a évidemment le problèmes des hôpitaux qui seront vites submergés, mais je pense surtout que le problème est mondial. Tout pays qui refuse de céder à la psychose est mis à l'index. La France a tenté de garder une ligne modérée en ce sens, mais nous avons vite été traités comme des pestiférés. Ce sont les ayants-droits de Camus (s'il en a) qui doivent se frotter les mains, son roman-phare ne s'est jamais aussi bien vendu.

J'aurai donc connu cette situation une deuxième fois dans ma vie, sauf que la première, c'était pour une vraie guerre, avec des morts violentes, des francs-tireurs et des bombes, et ça avait duré beaucoup plus longtemps. Prenons notre mal en patience, nous avons toujours l'eau, l'éléctricité, les approvisionnements, internet (les forums!), et ne risquons pas grand-chose, sinon nous laisser aller à la sinistrose.

[Claudia]

Je ne pense pas qu'il y ait un problème pour rentrer chez soi si on est ailleurs au début de la période de confinement.
"déplacements pour motif familial impérieux" coché sur le formulaire.

Bon là je pars.

[Frangin]

... j'ai pris un abonnement d'un mois dans un parking pas très loin de chez ma mère via une plateforme (la gratuité du stationnement de rues promise par la mairie de Paris ne s'applique en fait qu'aux résidents)...

Concernant le stationnement à Paris, il apparait que la gratuité ait été étendue.

Article Le Parisien

Va-t’on payer le stationnement?

A Paris, non. La Ville a annoncé ce lundi plusieurs mesures destinées à favoriser le travail de « l'ensemble des personnels mobilisés dans la gestion de la crise », comme le stationnement gratuit. « Après la mise en œuvre dès ce matin (lundi) du stationnement résidentiel gratuit, l'ensemble du stationnement dans les rues parisiennes sera rendu gratuit lui aussi. » Pour l'instant, il s'agit de la seule municipalité à avoir pris une telle mesure.

@N’est-ce-pas

J’espère que vous n’allez pas vous laisser faire

Si tu n’as pas compris que, pour le bien de tous, il ne saurait en être autrement c’est que tu es totalement inconscient.
À circonstances exceptionnelles, mesures exceptionnelles.
Ta remarque est plus que déplacée !

[Chantal]

@Catherine: bravo et courage. Difficile de dire plus, mais on peut chacun faire un peu plus plus pour que toi et tout le corps médical ne soient pas les victimes collatérales de notre incivisme ou de notre goût immodéré pour une liberté individuelle exclusivement vue comme un droit sans les devoirs qui lui sont attachés.

+1000 ! Moi aussi je pense très fort à toi Catherine et à tout le personnel de santé qui se dévoue corps et âme. Et j'espère surtout que du haut de l'Olympe…… pardon, de l'Elysée, On aura pris la mesure de l'importance du système de santé français et en particulier de l'Hôpital Public, et qu'On cessera de considérer son personnel avec tout le mépris dont On a fait montre ces derniers temps. Courage !

[Laure]

Ce sont les ayants-droits de Camus (s'il en a) qui doivent se frotter les mains, son roman-phare ne s'est jamais aussi bien vendu.

J’apprends qu'une fille existe, qui gère la postérité de l'oeuvre paternelle de manière active et impliquée d’après cet article :
https://www.lepoint.fr/culture/catherin ... 8542_3.php

Il me semble qu’au moment des attentats de Charlie hebdo, c’est le Traité de la tolérance de Voltaire qui avait battu des records de vente. On ne peut qu’être heureux de voir que la littérature est toujours une « valeur refuge » dans les moments difficiles (si elle pouvait ne pas l’être que dans ces moments-là !)

Les gens ont pensé à La Peste, sans doute parce que Camus, un peu comme Voltaire, a acquis le statut d’un « phare » dans la culture française.

Pour ma part, j’ai bien envie de relire L’Heptaméron de Marguerite de Navarre (sœur de François Ier). C’est une réécriture du Décaméron de Boccace, à la mode de la Renaissance française. Dans le Décaméron, des voyageurs ayant fui à la campagne en raison de la terrible peste qui s’est abattue sur Florence en 1348, imaginent de se divertir en racontant une histoire par jour. Chacun a son tour de parole. Dans l’Heptaméron, les devisants se retrouvent confinés dans une abbaye à la suite d’un très gros orage (ils doivent attendre la construction d’un pont pour être libérés). Ils forment une belle société, qui véhicule les valeurs, l’art de la conversation et la liberté de ton de la première période de l’Humanisme. Les récits sont légers, parfois licencieux, parfois terribles, toujours satiriques, à la manière des fabliaux médiévaux. Ils donnent à chaque fois lieu à un échange sur l’enseignement que chacun a tiré de l’histoire ; on réagit en fonction de son statut, son sexe, ses convictions, bref, son être au monde. C’est une œuvre dialogique qui offre à voir, avec optimisme, combien la pluralité des points de vue, les accords et les désaccords, la réflexion collective, peuvent être essentiels dans une quête de ce qui échappe de toute façon à tous. Peut-être ce fil pourrait-il ressembler à cela ?

Le texte est accessible en ligne (mais je reconnais que la lecture, en langue ancienne et sans modernisation de l’orthographe, n’en est pas très aisée) :
https://fr.wikisource.org/wiki/L%E2%80% ... m%C3%A9ron

Dans un style radicalement différent, je pense à L’Aveuglement, de José Saramago, romancier portugais et Prix Nobel de littérature. Une population est touchée par une terrible épidémie, qui frappe d’aveuglement tous ceux qui sont touchés. C’est un roman dystopique et violent psychologiquement, qui m’avait marquée et que je crois être un grand roman mais j'admets que je n’aurais pas la force de le relire :
https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Aveuglement

Voilà, c’était juste de modestes conseils de lecture, en toute amitié, pour quand vous aurez fini de relire La Peste

Je vous souhaite à tous bon courage, et en particulier à ceux qui affrontent des situations professionnelles et/ou familiales compliquées.

[JPS1827]

@Catherine: bravo et courage. Difficile de dire plus, mais on peut chacun faire un peu plus plus pour que toi et tout le corps médical ne soient pas les victimes collatérales de notre incivisme ou de notre goût immodéré pour une liberté individuelle exclusivement vue comme un droit sans les devoirs qui lui sont attachés.

+1000 ! Moi aussi je pense très fort à toi Catherine et à tout le personnel de santé qui se dévoue corps et âme. Et j'espère surtout que du haut de l'Olympe…… pardon, de l'Elysée, On aura pris la mesure de l'importance du système de santé français et en particulier de l'Hôpital Public, et qu'On cessera de considérer son personnel avec tout le mépris dont On a fait montre ces derniers temps. Courage !

Je m'aperçois que pris dans la tourmente médicale j'ai oublié de signifier aussi mon soutien à Catherine et à toute l'équipe qui travaille avec elle, bien sûr.
Pour l'importance du système de santé français, l'Elysée en a pris la mesure… au moins pour deux mois. Je suis désolé de le dire, mais dans ma pratique quotidienne beaucoup de patients n'en ont pas pris la mesure jusqu'à très récemment.

[Midas]

Pour ma part, j’ai bien envie de relire L’Heptaméron de Marguerite de Navarre (sœur de François Ier). C’est une réécriture du Décaméron de Boccace, à la mode de la Renaissance française. Dans le Décaméron, des voyageurs ayant fui à la campagne en raison de la terrible peste qui s’est abattue sur Florence en 1348, imaginent de se divertir en racontant une histoire par jour. Chacun a son tour de parole. Dans l’Heptaméron, les devisants se retrouvent confinés dans une abbaye à la suite d’un très gros orage (ils doivent attendre la construction d’un pont pour être libérés). Ils forment une belle société, qui véhicule les valeurs, l’art de la conversation et la liberté de ton de la première période de l’Humanisme. Les récits sont légers, parfois licencieux, parfois terribles, toujours satiriques, à la manière des fabliaux médiévaux. Ils donnent à chaque fois lieu à un échange sur l’enseignement que chacun a tiré de l’histoire ; on réagit en fonction de son statut, son sexe, ses convictions, bref, son être au monde. C’est une œuvre dialogique qui offre à voir, avec optimisme, combien la pluralité des points de vue, les accords et les désaccords, la réflexion collective, peuvent être essentiels dans une quête de ce qui échappe de toute façon à tous. Peut-être ce fil pourrait-il ressembler à cela ?

Le texte est accessible en ligne (mais je reconnais que la lecture, en langue ancienne et sans modernisation de l’orthographe, n’en est pas très aisée) :
https://fr.wikisource.org/wiki/L%E2%80% ... m%C3%A9ron

Je ne connaissais pas du tout, et tu viens de me donner la probable inspiration de Marcel Pagnol et de ses Pestiférés (une oeuvre posthume).

Quant au gouvernement-qui-n'en-fait-jamais-assez, le taxer de mépris vis-à-vis de l'hôpital est très exagéré, je pense au contraire que c'est le premier gouvernement depuis bien longtemps qui ait notamment des ministres de la santé compétents, pour commencer. Pour le reste, s'il était capable de faire pousser des crédits sur les arbres, il en donnerait certainement à l'hôpital, et l'armée, et la police, et la justice... ses fonctions "régaliennes" qu'il est obligé de négliger pour continuer à engraisser tout un tas de parasites sans trop laisser filer le déficit (qui étranglera nos descendants).

Je dis ça alors que ma fille et mon gendre sont médecins dans un hôpital public et ne sont pas tous les jours à la noce, même si leur région reste relativement épargnée (pour le moment).

[jean-séb]

J'avais lu il y a quarante ans un livre qui m'avait énormément plu, le Désert des Tartares. J'ai beaucoup oublié mais il me semble qu'on y palpait bien l'ennui du confinement dans l'attente d'un ennemi invisible.